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« Parkland » de Peter Landesman

Publié le 04 octobre 2013 par Boustoune

Le 22 novembre 1963, le Président américain John Fitzgerald Kennedy entame une tournée dans le sud des Etats-Unis, afin de préparer la campagne pour sa réélection. Le cortège présidentiel sillonne la ville lentement pour profiter de la ferveur populaire, inattendue dans cet état réputé hostile à ses idées progressistes. A bord d’une voiture décapotable, le couple présidentiel salue la foule. Quand soudain, une détonation retentit. Puis deux autres. JFK s’effondre, touché par le tireur. Pendant que la foule panique et se disperse, les services de sécurité tentent de reprendre la main. Le Président est emmené en urgence à l’hôpital Parkland. Hélas, il est déjà trop tard. La deuxième balle a provoqué des dégâts cérébraux irréparables et il est déclaré cliniquement mort aux alentours de 13h, trente minutes après l’attentat.
L’annonce de sa mort provoque une onde de choc dans toute la ville et tout le pays…

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Ces événements de Dallas, tout le monde en a entendu parler. Les images ont été vues, revues, disséquées, analysées. Tout comme l’arrestation du tireur, un extrémiste nommé Lee Harvey Oswald, et son assassinat par Jack Ruby, , trois jour après, au poste de police. Cela, et tout le secret qui a entouré l’enquête,  a nourri de nombreuses théories du complot, plus ou moins farfelues. Oliver Stone a choisi cet angle d’approche pour son long-métrage polémique, JFK.

Peter Landesman, lui, préfère relater les événements selon un angle moins politique et moins sujet à controverse. Il adopte la forme d’un film-choral, autour des point de vue de personnes ayant été impliquées, parfois malgré elles, dans les fameux événements du 22 novembre 1963, à Dallas, et de l’impact émotionnel qu’a provoqué la mort du Président sur ces hommes et ces femmes.

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Parmi eux, les médecins de l’hôpital Parkland qui ont pris en charge le Président Kennedy puis  son assassin présumé, à trois jours d’écart; le frère de ce dernier, Robert Oswald, totalement effondré de découvrir l’implication de sa famille dans l’attentat; les membres des différents corps de métier qui avaient en charge la sécurité du président, vexés de n’avoir pu accomplir leur métier et Abraham Zapruder, un simple quidam qui a filmé en intégralité la fusillade qui a coûté la vie à JFK.
Sur le papier, l’idée de départ était séduisante. A l’écran, hélas, c’est moins convaincant…
Oh, Parkland  est assez correctement réalisé. Il déjoue les pièges habituels du film-choral, notamment les sautes de rythme liée à un déséquilibre entre les segments du récit et entre les différents protagonistes. Et le casting réunit une belle brochette de comédiens, de Billy Bob Thornton à Zack Efron, en passant par Marcia Gay Harden et Paul Giamatti.

Le hic, c’est que c’est un produit terriblement formaté. On y retrouve toutes les qualités du film indépendant américain taillé pour Sundance, puis pour les Oscars si affinité, mais aussi tous ses défauts – Musique envahissante et plombante, esthétique bleue/grise de rigueur, réalisation totalement académique…  A force de voir les mêmes façons de filmer, les mêmes ambiances visuelles et sonores, les spécificités qui faisaient le charme du cinéma américain non-hollywoodien sont devenus des tics de mise en scène assez lourds.
Et malheureusement, quand Peter Landesman essaie de sortir des sentiers battus, il fait les mauvais choix. Par exemple, il opte pour une caméra à l’épaule très mobile pour restituer le climat de panique et l’effervescence provoquée par la mort du président. Mais hélas, cela rend juste le film confus, en plus de  donner le tournis au spectateur.

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Et puis, il faut bien reconnaître que le film ne dit rien de très passionnant.
Le cinéaste perd du temps à reconstituer une chronologie des faits que tout le monde connaît (ou presque). Il perd aussi du temps à nous abreuver de détails aussi  insignifiants que le groupe sanguin de Kennedy ou les difficultés de trouver un labo Kodak dans le Dallas des années 1960. Who cares? Et tout ce temps perdu n’est pas utilisé pour développer des personnages finalement assez peu exploités.
Peter Landesman aurait gagné à centrer son récit autour du frère de Lee Harvey Oswald, le plus intéressant des protagonistes du récit, car broyé à la fois par la Grande Histoire et le drame familial intime, choqué par la mort de JFK et la perte de son propre frère, rongé par la honte et par le chagrin. Ou alors, il aurait pu se concentrer sur Abraham Zapruder et son cas de conscience, concernant la vente ou non du fameux film à des média avides de sensationnalisme.

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Dans tous les cas, il y avait nettement mieux à faire avec un tel matériau que ce film monocorde, assez ennuyeux et bien trop lisse pour convaincre. Ou du moins, pour nous convaincre, car Parkland a ses partisans… Il aura peut-être droit à quelques nominations aux Oscars, et son côté consensuel, célébrant la communion du peuple américain autour de son Président défunt, attirera probablement des spectateurs dans les salles Outre-Atlantique. Mais est-ce un bon film pour autant? On vous laisse en juger…

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Parkland
Parkland
ParklandRéalisateur: Peter Landesman
Avec : Zac Efron, Marcia Gay Harden,Paul Giamatti, Billy Bob Thornton, Jacki Weaver, , James Badge Dale
Origine : Etats-Unis
Genre : (trop) calibré pour Sundance+les Oscars
Durée : 1h34
Date de sortie France : 02/10/2013
Note pour ce film : :●●●○○○
Contrepoint critique : Le Parisien

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