Comme promis à Zarline, je publie cet avis, histoire de fêter à ma façon son cinquième bloganniv !! Je vois que certains d'entre vous haussent les sourcils d'un air circonspect. Je dois cette lecture à la miss en gagnant ce premier roman sur son blog (elle avait reçu deux exemplaires et comme elle est généreuse, Zarline a décidé d'en faire profiter les copines : trop chou, je vous dis). So, let's go !!
Dipita vit entouré de femmes, toutes prostituées, amies et collègues de sa mère Mbila. Vivait plutôt, car depuis peu Dipita coule ses journées en prison, à Genève. Alors pour passer le temps, il se remémore la trajectoire de Mbila, l'aspiration camerounaise de cette dernière à rejoindre la terre promise (l'Europe, mythe d'une élévation sociale et d'un avenir plus serein) et assurer aux siens restés au pays une existence plus clémente grâce à l'apport de substantiels transferts monétaires. Mais les fossoyeurs de l'exil vont amener la jeunette vers une réalité guère engageante. Un enfermement certain, comme l'univers carcéral de Dipita.
Une prose alerte, suffisamment crue sans être choquante, n'épargnant aucun détail (j'ai aimé la façon franche et directe de Max Lobe de décrire les relations homosexuelles, sans voyeurisme ni pudibonderie) ; un récit bien construit, succession d'aller-retour incessants entre passé maternel, vie intime de Dipita et son présent guère glorieux ; une vision politique savamment dosée sur un ordre mondial déséquilibré (la précarisation du travail, la situation délicate d'immigrés clandestins corps, le refuge des ventes de produits illicites, l'esclavage des temps modernes que représente une prostitution subie, ) et puis le souvenir des clans africains (les coutumes ancestrales, la bonhomie du matriarcat camerounais, corruption des édiles locaux etc) participent au dynamisme du récit. 39, rue de Berne est un premier roman intéressant, rédigé par un auteur à suivre de très près.
Éditions Zoé
avis : Zarline (merci, merci beaucoup !)
et un de plus pour les challenges de Denis et Fabienne, de Philippe (titre à 10 lettres), de Piplo, de Sharon et d'Anne