Lorde
Pure Heroine
(Universal)
Du haut de ses 16 ans, la jeune néo-zélandaise Ella Yelish-O’Connor alias Lorde déboule avec un premier album, Pure Heroine, qui met une grosse claque à nos tympans. La raison de son succès, une voix pleine d’assurance, aux intonations parfois proches de Feist, qui déploie son lot de textes à l’intimité adolescente, où il est question de sa jeune existence et de ceux qui l’entourent, appuyée par une production qui s’inscrit parfaitement dans l’air du temps, mélangeant minimalisme electro secoué de rythmiques faussement hip hop et de r&b suave, mélange de James Blake, Charlie XCX, Purity Ring ou Nicki Minaj, avouant une fascination pour le travail de Burial. Tous les ingrédients sont là pour faire de Lorde une des grosses révélations de cette année 2013 avec des titres tous plus accrocheurs les uns que les autres. Il y a une certaine noirceur palpable tout au long de Pure Heroine qui colle parfaitement avec l’âge de la chanteuse, celle-ci semblant développer une certaine fixette pour les dents, métaphore de la société et de ses classes sociales, agrémenté de certaines prises de position féministe, ce qui a de quoi surprendre vue la jeunesse de l’artiste. Il faut préciser que Lorde est la fille d’une poétesse qui lui a donné le goût pour les mots et les images que ceux-ci peuvent véhiculer. Car en plus d’être une chanteuse hors norme, elle compose des textes au songwriting engagé. Lorde joue admirablement avec l’ambiguité, conciliant parfaitement ambiances mouvantes à la production chirurgicale et vocaux sensuels aux prises de positions fortes, sous couvert de pop. Un grand disque d’une artiste à suivre de très près.
Roland Torres
Sites : lorde.co.nz