Début novembre, allons rendre visite au Père Lachaise

Il est l’un des lieux les plus courus de Paris : 2 millions de visiteurs par an. Il compte près d’un million d’habitants, un peu spéciaux car ils sont morts (c’est malin comme remarque ça). On l’appelle le cimetière du Père Lachaise.

Il tient son nom de François de La Chaise, confesseur de Louis XIV pendant 34 ans. Réputé être d’une souplesse toute jésuite (il l’était d’ailleurs), on dit qu’il a marié le roi Soleil et Madame de Maintenon. Le terrain qui porte son nom était à l’origine un lieu de repos pour sa congrégation, éloigné de la capitale et au haut d’une colline. Vendu par les bons pères au milieu du XVIIIème siècle, le terrain fut laissé plus ou moins à l’abandon. La place manquant dans les cimetières parisiens, il fut transformé en cimetière par Brongniart (celui du Palais) sur ordre de Napoléon et officiellement ouvert aux sépultures en 1804. Etant considéré comme trop éloigné de Paris et trop peu fréquenté, la Restauration lui donna un petit coup de pub, avec le transfert des restes d’Héloïse et d’Abélard, de Molière et de la Fontaine. Evidemment, on peut légitimement douter de l’authenticité de ses insignes  reliques : Molière a été enterré en fosse commune comme beaucoup de monde à son époque, et les deux fameux théologiens sont morts au XIIème siècle… Mais ça a bien marché car 14 ans plus tard, on comptait déjà 33 000 tombes.

Le cimetière est aussi connu pour son fameux mur des fédérés où les derniers défenseurs de la Commune furent fusillés par les Versaillais. Certains historiens pensent d’ailleurs que l’ultime fusillade n’a pas eu lieu dans le cimetière mais dans une rue attenante… mais bon. Quelques années après, le cimetière se vit doter du premier crématorium de France. Aujourd’hui, Le Père Lachaise est le plus grand cimetière situé intra-muros en accueillant 69 000 concessions perpétuelles.
En le visitant, ce qui frappe c’est que ce n’est pas du tout glauque – bien entendu, un soir de brume, ça doit être un peu étrange et cela reste un cimetière. Le terrain est collineux, on compte de nombreuses allées pavées et des sentiers moins connus, des arbres à foison, des fleurs et des touristes. Regardez une vue aérienne sur internet, c’est impressionnant, surtout lorsque vous le comparez avec le cimetière de Montparnasse et les cimetières de banlieues.

Et puis, c’est très bien fréquenté, en tout cas pour les morts – pour les vivants, pas toujours malheureusement. Le Père Lachaise peut s’enorgueillir d’accueillir pour illustre pensionnaire : François Arago, Esprit Auber, Alfred de Musset, Gioacchino Rossini, Frédéric Chopin dont la tombe est fleurie aux couleurs de la Pologne, Ignace Pleyel, Félix Faure sans sa connaissance, Auguste Comte, Claude Chappe, Benjamin Constant, Honoré Daumier, Oscar Wilde couverts de baisers paradoxalement féminins, et plus proche de nous, Colette, Edith Piaf, Pierre Desproges… Il paraît même que c’est devenu très branché de se faire enterrer là et de plus en plus d’asiatiques fortunés viennent s’y faire inhumer. En compagnie de Jim Morrison, c’est la classe.

Le crématorium a été construit en style néo-byzantin. Le bâtiment en lui-même est plutôt agréable à regarder, mais pour le coup, l’endroit est un peu tristoune. Là aussi, quelques personnes connues comme Achille Zavatta ou Laurent Fignon, ou un illustre inconnu, un certain Monsieur… Malcuit.

Bien entendu, tous les monuments et sculptures ne sont pas d’un goût exquis, de nombreux caveaux sont visiblement peu entretenus et cela reste un cimetière… néanmoins, je vous invite à plonger dans l’histoire de France des XIXème et XXème siècles en parcourant ces allées ombragées. Ca vaut vraiment le coup.

Si cela vous intéresse, je peux vous transmettre les coordonnées d’une conférencière chevronnée qui vous fera visiter cet endroit, avec une verve inégalable, une culture encyclopédique et un humour ravageur, et grâce à qui j’ai découvert ce lieu.

Question subsidiaire : qui est enterré dans la division 16, 2ème allée, 4ème tombe ? La première personne ayant donné la bonne réponse aura droit à toute ma considération.