J’ai trouvé ce poème dans le livre La Centaine d’amour (1960), publié chez Poésie/Gallimard. Ce poème fait, plus exactement, partie du recueil Midi.
33
Maintenant, mon Amour, nous retournons chez nous
là où le liseron grimpe par les échelles :
en ta chambre déjà, bien avant ta venue,
est venu l’été nu aux pieds de chèvrefeuille.
Nos baisers voyageurs ont parcouru le monde :
Arménie, goutte épaisse et miel déterré,
Ceylan, verte colombe et Yang-Tsé séparant
les jours d’avec les nuits de sa vieille patience.
Maintenant, bien-aimée, par la mer crépitante
comme deux oiseaux aveugles nous revenons
vers notre mur, notre nid du lointain printemps,
puisque l’amour ne peut voler sans s’arrêter :
notre vie va au mur, aux pierres de la mer,
les baisers sont rentrés à notre territoire.