C’est vrai que je ne parle que de Supernatural sur ce blog, à vous faire croire que c’est la seule série qui trouve grâce à mes yeux, mais non
Ces derniers temps, j’ai fait comme qui dirait une cure d’anti-héros (après ma cure de super-héros) avec Dexter, Breaking Bad et Hannibal. Anti-héros de choix s’il en est parce qu’on tient avec ces trois-là une poignée de séries audacieuses, irrévérencieuses et addictives, mettant en scène trois personnages à l’intelligence hors du commun, mais que l’on n’aimerait pas vraiment avoir pour voisins.
Dexter, de l’ombre à la lumière
Dexter est une de mes séries préférées de ces dernières années. L’histoire de Dexter Morgan, cet expert médico-légal à la police de Miami le jour et tueur en série qui punit les méchants selon son ‘code’ la nuit m’a littéralement passionnée pendant 8 saisons, et ce malgré les baisses de régime depuis la saison 4.Plus que les histoires en elles-mêmes – certes suffisantes pour tenir en haleine, Dexter étant dans chaque saison à deux doigts de voir sa vraie nature dévoilée – et les confrontations épiques avec des ennemis à la hauteur de son intelligence (comme l’incroyable John Lithgow / Trinity dans la saison 4), c’est surtout l’intériorité du personnage que j’ai trouvé fascinante. D’un être sombre, insensible et cynique dans la saison 1, Dexter a énormément évolué au fil des saisons, au cours d’un long cheminement intérieur et d’une vraie exploration de sa nature profonde, pour arriver dans la saison 8 à un personnage qui renaît à lui-même, surpris par sa propre humanité.
Certains y ont vu un ramollissement du personnage, moi j’y ai vu une évolution qui fait écho à nos propres parts d’ombre et de lumière. Ainsi, j’ai aimé les rencontres de Dexter qui ont ébranlé sa perception et sa vision de qui il est, pour finalement lui permettre d’entrevoir une possibilité de changement, une lumière au bout du tunnel de sa noirceur, une issue pour son ‘passager noir’. Psychopathe un jour, psychopathe toujours ? That is the Dexter’s question…
J’ai également aimé la galerie de personnages secondaires, de Debra, la soeur malpolie mais si attachante de Dexter et ses collègues policiers, à son père fantôme, sorte de Jiminy Criquet et véritable fenêtre ouverte sur sa psyché, en passant par les personnages guests de chaque saison, personnages qui ont chacun à leur façon contribué à l’évolution de Dexter tout au long de ces 8 saisons, l’aveuglant de leur lumière ou de leur noirceur.Alors oui, on a beaucoup décrié la fin de la série, c’est vrai que j’aurais peut-être imaginé un dénouement différent, ou un arrêt de la série 5 minutes avant la fin du tout dernier épisode… mais pour autant je n’ai pas trouvé cette fin si mauvaise, elle véhiculait du suspense et une bonne dose d’émotion, ce qui n’était déjà pas si mal. En tout cas, elle n’a pas entaché à mes yeux une série qui reste dans le genre une des meilleures de la décennie.
Breaking bad, du blanc au noir
Dans le registre des anti-héros, Walter White est un personnage exemplaire. L’histoire d’un petit professeur de chimie effacé qui utilise son génie pour se lancer dans la production de métamphétamines afin de subvenir aux besoins de sa famille (sa femme, son fils handicapé et son bébé à naître), lorsqu’il se sait condamné par un cancer.Il m’a presque fallu les 5 saisons complètes pour apprécier à leur juste valeur les immenses qualités de cette série : une écriture parfaite, jamais approximative jusque dans les moindres détails, un montage et un découpage ingénieux des épisodes qui savent relancer le suspense à partir d’un rythme parfois très lent (j’avoue, des fois j’ai dormi devant…). L’atout central restant Bryan Cranston, et son interprétation géniale d’un Walter White qui va passer en 5 saisons d’un homme sans caractère à un baron de la drogue impitoyable.
Et quelle galerie de personnages secondaires, charismatiques et très travaillés, alimentée par un casting parfait. Du jeune Jesse Pinkman (Aaron Paul) – personnage qui devait disparaître rapidement mais qui, au vu de l’alchimie entre les deux acteurs, restera sur les 5 saisons – dont la relation avec Walter est une des pierres angulaires du récit, au caïd Gustavo Fring (excellent Giancarlo Esposito) en passant par l’avocat Saul Goodman (Bob Odenkirk, qui aura droit à son spin-off) et le placide mais non moins efficace Mike Ehrmantraut (Jonathan Banks), les personnages sont savoureux.
Au-delà de toutes ces qualités, la grande force de la série est de toujours emmener le spectateur là où il ne s’y attend pas : chaque rebondissement, chaque réaction des personnages prend de court et l’on a pas d’autre choix que de regarder la suite pour savoir, parce qu’elle est souvent impossible à deviner. De ce point de vue-là, je pense pouvoir dire que Breaking Bad est la série la plus surprenante et qualitativement une des meilleures qu’il m’ait été donné de voir, alors qu’à la base je n’étais pourtant pas particulièrement intéressée par le thème. Preuve en est, Chéri et moi avons avalé les 5 saisons en 3 semaines.Contrairement à Dexter (les deux séries se sont terminées quasiment en même temps aux USA) dont la fin pouvait donner à redire, la fin de Breaking Bad est à l’image de toute la série : parfaitement orchestrée. Dans les tout derniers épisodes, on atteint quasiment une dimension de tragédie grecque, qui culmine trois épisodes avant la fin, avec des scènes d’anthologie.
Bref, probablement ma découverte télévisuelle de l’année.
Hannibal, black is black
Hannibal Lecter, voilà un des personnages de fiction les plus effrayants qui aient vu le jour. Je me souviens avoir été très impressionnée à l’époque par le film Le Silence des Agneaux et l’interprétation incroyable d’Anthony Hopkins, qui m’a effrayée longtemps même dans les rôles les plus éloignés du Docteur Lecter ^^Après plusieurs suites et préquelles, ce ‘cher’ docteur fait donc désormais l’objet d’une série qui se déroule avant les faits racontés dans Dragon Rouge, alors qu’il sévit encore en toute liberté. Anthony Hopkins a été remplacé par Mads Mikkelsen, mais le personnage reste tout aussi effrayant. Au coeur de la série, la relation trouble qu’entretient Hannibal avec Will Graham, profiler talentueux mais instable et littéralement hanté par les psychopathes qu’il traque, rappelé sur le terrain par Jack Crawford (Laurence Fishburne) pour lui prêter main forte sur des cas d’homicides particulièrement atroces. La série s’appelle Hannibal, c’est pourtant le personnage de Will Graham qui porte l’intrigue principale, avec le jeu à la fois fragile et touchant, mais aussi inquiétant, de l’acteur Hugh Dancy, qui livre là une grande performance d’acteur dans l’interprétation d’un personnage qui se fissure jusqu’au gouffre au fil de la saison.
N’ayons pas peur des mots, cette série est excellente, un mix entre Dexter et Esprits Criminels, en beaucoup plus sombre et violent cependant. L’intrigue est tendue, les relations entre les personnages absolument fascinantes, Mads Mikkelsen parfait dans un rôle qu’il interprète avec une grande subtilité, réussissant la prouesse de nous faire apprécier Hannibal et de lui faire confiance, puis d’en avoir une peur bleue deux scènes plus tard. Malgré les nombreux fils narratifs, le scénario arrive à trouver un très bon équilibre entre les crimes à résoudre, la relation des deux protagonistes principaux et les manigances d’Hannibal. Enfin, un mot de l’esthétique de la série, très belle et très soignée, à l’image du raffinement affiché par le docteur Lecter.
Mais malgré toutes ces qualités, quelle noirceur ! L’ambiance est en permanence à couper au couteau, sans aucun répit, le ciel bas et sombre, les meurtres à élucider plus effrayants et horribles les uns que les autres, certaines images marquantes, voire choquantes. J’ai rarement stressé autant devant une série mais l’intrigue est telle qu’il m’a quand même fallu aller au bout de cette première saison (heureusement courte, 13 épisodes) pour savoir comment allait évoluer la relation borderline entre Hannibal et Will, et surtout si la nature monstrueuse d’Hannibal allait être découverte ou pas.
Ce que je souhaite pour cette série, c’est une conclusion courte, 1 ou 2 saisons supplémentaires, pas plus. Déjà parce qu’elle me fait trop peur pour en supporter davantage (si j’ai le courage de poursuivre !) et qu’on sait irrémédiablement comment tout cela va finir ^^ Mais surtout pour sauvegarder cette ambiance hallucinée sans jamais tomber dans la routine. Une très bonne série donc, mais à tenter seulement en connaissance de cause. C’est dark, gore parfois, et ça fait peur.
Après avoir enchaîné ces trois séries – trop de noirceur, ça plombe à force – je me suis réfugiée dans ma série-doudou du moment : ‘How I met your mother’. Amitié, bons sentiments, fous rires, scénarios et personnages délirants, romantisme, j’adore cette série Friends-like absolument legen… wait for it… dary ! Et la pleine lumière fait aussi beaucoup de bien parfois