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La stratégie Ender

Publié le 16 novembre 2013 par Olivier Walmacq

Ender est choisi pour entrer dans une école militaire prestigieuse formant de jeunes stratèges pour anéantir la menace alien. Mais l'entraînement sera rude et il va falloir s'imposer...

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La critique "tout ça pour ça" de Borat

Voilà le cas typique du film qui commençait très bien et fini très mal. La stratégie Ender est à l'origine un roman d'Orson Scott Card, personnalité très controversée (il est plutôt contre les homosexuels et notamment leurs revendications, ce qui entraîne des taulés depuis quelques années), et donnant lieu à un cycle récompensé par deux fois par le prix Hugo. Vu que les sagas Twilight et Harry Potter sont terminées, il faut bien trouver de nouvelles sagas quitte à prendre tout et n'importe quoi. Narnia va avoir droit à un quatrième volet (alors que l'on croyait la saga morte avec le semi-échec du troisième volet), HP à un spin-off basé sur un dictionnaire (cherchez pas à comprendre), le second Hunger Games sort à la fin du mois; Sublimes créatures, Les âmes vagabondes, A la croisée des mondes, Eragon et Numéro Quatre se sont cassés la gueule au box-office et se sont fait dézingués par la critique dans un sens; et Mortal Instruments aura quand même une suite malgré ses chiffres au box-office pas grandioses, Divergent (encore un projet Summit, à croire qu'après Twilight et avec comme patron Lions gate les producteurs d'Hunger games, ce studio ne fait que ça), Vampire Academy (produit par Weinstein) et The Maze Runner (produit par la Fox) sortiront l'an prochain... alors pourquoi pas une nouvelle saga de science-fiction pour nos petits jeunes?

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Sauf qu'ironiquement, La stratégie Ender ne fait pas dans la dentelle et à vrai dire, le roman se rapprocherait plus de Starship troopers que des autres univers pour teenagers décrits plus haut! Mais le film se doit de correspondre à un public jeune et donc pas de sang qui coule. Sauf que pour le coup, Gavin Hood (à qui l'on doit un premier spin-off sur Wolverine de sinistre mémoire) garde la violence et notamment pour montrer un jeune homme devant faire face à certaines personnes mal-attentionées. D'où des actes de violence pour le moins étonnants même pour un PG-13 et notamment un fracassement de crâne. Le personnage est montré comme sensible aux actes colossaux qu'il fait (alors que dans le roman, il serait beaucoup plus froid) et ne veut devenir comme son frère (soit un jeune homme exprimant sa rage dans les coups). Ensuite, le réalisateur a le mérite de se fixer sur son personnage principal, n'épousant quasiment que son point de vue. Il est rare de voir des scénettes qui s'éloignent de lui, en dehors des séquences de discussions entre Harrison Ford et Viola Davis (tous les deux impeccables en mentors, l'un bourrin, l'autre plus réfléchie). Hood n'oublie pas de garder la critique de la guerre, avec des jeunes envoyés à l'abattoir ou plutôt à en créer un et donc de bousiller leur jeunesse dans un conflit qu'ils n'ont pas voulu.

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Ce que disait déjà le film de Paul Verhoeven il y a seize ans avec plus de furiosité. Les aliens tant attendus ont bien du mal à apparaître en revanche. On ne verra quasiment que des vaisseaux et la plupart du temps leurs rares apparitions à couvert sont des rêves d'Ender. Pour la facture technique, Hood s'en sort beaucoup mieux que sur son précédent film hollywoodien, donnant lieu à un beau space-opera. Même la séquence jeu-vidéo (assez cruelle dans son commencement) est plutôt crédible. D'ailleurs, les meilleurs passages du film se déroule dans la Salle des dangers, où différentes équipes de jeunes militaires s'affrontent et doivent être le plus stratégique possible. Réfléchir vite, être le plus performant possible. Mais là où le bas blesse c'est dans sa dernière demi-heure complètement foireuse et illogique à plus d'un titre. (attention spoilers) On sait depuis au moins une heure que les aliens ne vont pas tarder à attaquer, alors quand Ender doit faire une dernière manoeuvre d'essai, qui plus est devant tout l'Etat major, on ne croit absolument jamais à une simulation. Cela paraît trop gros et on n'amène pas le chef de l'armée pour un simple essai. On ne peut pas croire à la mascarade ambulante. Si bien que quand la révélation se dévoile, impossible de ne pas voir la prévisibilité. 

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A partir de ce moment-là, le jeune Asa Butterfield, qui se révélait si impeccable jusqu'à maintenant, perd complètement pied et nous ressort les pleurnicheries sur commande déjà pénibles sur Hugo Cabret. Ensuite, Ender se met à penser que ce qu'il a en face de sa fenêtre (soit une sorte de termitière géante) est en fait le repère de la Reine qu'il avait vu dans son jeu! Donc il y va et comme par hasard, il rencontre la Reine! Une intrigue totalement improbable qui consisterait à dire que non seulement la base militaire est repérée par les aliens, mais qu'en plus les militaires n'ont pas fouillé les environs. Ce qui s'avère totalement improbable et franchement ridicule. A cela rajoutez une fin ouverte qui annonce une énième suite, renforçant le côté commercial de l'entreprise au détriment d'une réelle ambition. C'est en soi tout ce qui ne va pas à Hollywood et pourquoi tant de films comme ceux que j'ai cité se sont cassés la gueule. Les producteurs veulent avoir à tout prix une saga sous la main et ne peuvent s'empêcher de programmer longtemps à l'avance de possibles suites à leurs films. Au final, ce ne sont que des produits préfabriqués pour durer et pas très subtils. Ce qui confirme une nouvelle fois que le fait d'adapter une série de romans un par un ne marche pas au cinéma (la preuve avec les Harry Potter justement). (fin des spoilers)

Un film plutôt pas mal gâché par une dernière demi-heure franchement lamentable. 

Note: 11.5/20


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