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Le jeu de la biscotte

Publié le 24 novembre 2013 par Wtfru @romain_wtfru

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La semaine dernière aura été la semaine de la débandade pour l’Ukraine.

Derrière le foot et l’élimination que l’on connaît, il y a la décision du président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, de ne pas se rendre en Lituanie en 2014 pour la signature des accords d’association avec l’Union Européenne. Parmi les candidats potentiels, l’Ukraine est économiquement et démographiquement le plus important. C’est sans doute pour cela que la Russie exerce de telles pressions à son encontre, pressions dont fait l’objet un gouvernement déjà plus ou moins acquis au Kremlin. La dernière visite du président russe à vie, Vladimir Poutine, en août dernier aura été l’occasion de démonter la détermination du Kremlin à faire de l’Ukraine son allié stratégique dans la région. Souvenez-vous de l’Aigle à deux têtes. Bruxelles, Kiev et Moscou sont en train de jouer au jeu de la biscotte, le jeu préféré des végétariens gays. Une biscotte posée sur la table des négociations, chacun décalotte pour lâcher la purée le plus rapidement possible, le dernier devant ainsi manger la biscotte. Aujourd’hui, tout porte à croire que c’est l’Europe qui l’aura bien amer.

 Il est très facile d’oublier ses fondamentaux de démocratie et l’opinion ukrainienne, muselée au possible, n’est pas du même avis que ses gouvernants. Au risque de connaître le même sort que Ioulia Timochenko, des vagues de contestations fleurissent face à cette influence trop exacerbée que l’ex-URSS a sur l’Ukraine. Depuis, la situation s’est encore emballée. Car dans une dépêche reprise entre autres par Den, le gouvernement dit avoir adopté un ordre visant à « suspendre le processus préparatoire à la conclusion d’un Accord d’Association avec l’Union Européenne ». A en croire ce texte, le problème majeur pour l’Ukraine serait de compenser la perte qu’entraînerait un tel accord en termes de « relations économiques et commerciales avec la Russie et d’autres membres de la Communauté des Etats Indépendants ».

 Le calcul du président ukrainien est-il le bon ? D’un point de vue économique, l’Europe n’à plus moult choses à offrir si ce n’est qu’une ouverture complète vers l’occident, et une éventuelle association à l’OTAN qui la protégerai contre la Russie, le méchant présumé. De l’autre, une réconciliation avec la superpuissance voisine permettrait d’assurer aux oligarques russo-ukrainiens un bel avenir dans un pays à reformer. Souvenez-vous encore de la carte des transferts des énergies de la Russie vers l’Europe de l’ouest. La Biélorussie et l’Ukraine sont les principales portes d’entrée du gaz et autres dépendances. Partons du principe que la Biélorussie est, encore aujourd’hui, trop proche de Moscou pour une émancipation sans douleur. En revanche, l’énorme pas effectué par les précédentes administrations ukrainienne montre que ce pays est enclin à couper le cordon ombilical. Si les accords venaient à échouer dans leur intégralité, l’UE et les Etats-Unis n’hésiteront pas à soutenir l’opposition, et ce sans autre courbette diplomatique. Qualifié de grenier de la mer noire grâce à son agriculture, l’Ukraine est désormais devenu le pompiste que tout le monde veut avoir dans son camp. Prête à fermer les yeux sur l’autoritarisme exacerbé de Kiev, l’Europe pourrait bien en cas de volte face de l’Ukraine faire l’inverse sur beaucoup de choses perturbantes de la campagne présidentielle de 2015…


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