Guillaume Perret and The Electric Epic - Doors - EP (2013)

Il est loin le temps de la Fusion mal maîtrisée,  ce temps où, à la fin des seventies,  les plus grands se sont un peu égarés, victimes d'un enthousiasme sans recul pour des sonorités nouvelles mais aujourd'hui définitivement condamnées au musée (des horreurs). Guillaume Perret aime visiblement le rock pour sa section rythmique, le jazz pour ses parties de sax ténor improvisées (et là ma foi, seuls les esprits chagrins refuseront d'accepter qu'on peut passer du binaire au ternaire, du rock au swing sans commettre un crime), et surtout les musiques ambiancées. 
Car le morceau "Shoe box", que vous ne manquerez pas de laisser sur votre platine quelques jours voire semaines, c'est du rock, c'est du jazz, mais c'est terriblement ambiancé. Il y a cette inspiration ethnique évidente, qu'on retrouve sur d'autres titres de Guillaume, mais aussi ces montées en puissance, ces cris, ces sirènes, ces effets, ces basses fréquences  :  on est transporté ailleurs, et on attend plus que les choeurs et les orgues d'église pour le prochain album. 
Originaire d'Annecy, Guillaume Perret est né avec un sax dans les mains. Il joue aussi bien de son ténor que moi même dans 120 ans après 15 h de travail par jour. Aujourd'hui il a largué bien loin ces montagnes, a signé sur Tzadik, le label de John Zorn (tiens, la même même maîtrise des suraigus) et décolle pour on ne sait quelle destination. Passionné par le jeu mais aussi par le son, il a souvent les yeux rivés sur ses boites à effets (rien à voir avec le shoegaze, les gars) et en usent largement dans ses concerts. Il cherche quelque chose, c'est sûr, et on est carrément content de se dire que, même si on a raté la rencontre Jimi Hendrix/Miles Davis, on aura quand même Guillaume Perret. Allez, osons une citation flatteuse : "je ne sais pas ce que je recherche, quelque chose qui n' a jamais été joué auparavant. Je ne sais pas ce que c'est. Mais je sais que lorsque je l'aurai trouvé je le ressentirai. Et je continuerai à chercher" (John Coltrane).
En Bref : "Shoe Box" : C'est le single Fusion de l'année.  Un saxophone ténor d'une souveraine maîtrise, deuxième guitare d'un groupe rock à la puissance tellurique.