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INSIDE LLEWYN DAVIS (Joel & Ethan Coen - 2013)

Par Actarus682
INSIDE LLEWYN DAVIS (Joel &; Ethan Coen - 2013)

Film après film, les frères Coen déclinent les mêmes thèmes, selon différentes nuances, avec toujours le même amour de l'être humain, envisagé à partir de ses faiblesses, de sa bêtise ou de son incapacité à s'extraire de son destin. Ainsi, les personnages d'Arizona Junior, Fargo, The Big Leboski ou No Country for Old Men, pour n'en citer que quelques-uns, participent tous de cette démarche. Des personnages en marge, "à côté", incapables d'éviter les pires erreurs qui soient ou de s'extirper de leur condition.

Llewyn Davis se rajoute à la longue liste de ces figures coeniennes sur fond de folk, de neige, de motif circulaire et de Greenwich Village. Car il s'agit bien d'un homme condamné à tourner en rond, d'auditions en club de music hall, toujours à la recherche d'un lit où passer la nuit et de quelques dollars pour subsister. Incapable de percer dans son art, il sera irrémédiablement renvoyé à la case départ, vivotant de mini concerts sans jamais prendre son envol. Loin d'être exempt de défauts, Llewyn Davis parvient pourtant à être attachant, la force des frères Coen résidant justement dans cette capacité à dépeindre des êtres ambivalents, nuancés, à l'image de chacun d'entre nous. En d'autres termes, c'est l'absence de manichéisme et de caricature dans la description de leurs personnages qui nous les rendent si proches.

Inside Llewyn Davis, baigné du début à la fin de musique folk, possède à ce titre une patine sonore de toute beauté, les morceaux musicaux parvenant à nous happer littéralement, nous plongeant avec une force d'évocation immédiate dans ce début des 60's qui verra notamment l'émergence de Bob Dylan (le plan où ce dernier apparaît entre ombre et lumière est splendide), au détriment de centaines d'autres. Comme l'ont déclaré les frères Coen en interview: "Celui qui nous intéressait, ce n'était pas Bob Dylan, mais celui qui n'était pas devenu Bob Dylan". A nouveau ce désir de s'intéresser à la marge, aux laissés-pour-compte, aux personnages qui n'auront pas réussi à s'affirmer.

A ce titre, le cinéma de Joel et Ethan Coen a toujours été profondément humaniste et d'une tendresse infinie pour son prochain. C'est certainement ce qui en fait toute la beauté.


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