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Une évolution qui se dessine

Par Mauss

Le monde du vin a connu, depuis quelques décennies, une évolution majeure de l'offre, tant au niveau qualitatif que quantitatif.

Il serait impossible de nos jours à un nouveau Parker d'embrasser comme lui l'a fait dès ses débuts la quasi totalité des grands vignobles mondiaux. Son cas est unique en la matière. Plus personne ne peut avoir les capacités physiques et intellectuelles pour couvrir - ne serait-ce que les meilleurs domaines - toutes les régions viticoles d'importance, de l'Australie au Chili en passant par l'Europe et l'Amérique du Nord.

Ce fait incontestable est très largement confirmé par le développement d'équipes de dégustateurs (ex : le Groupe Bettane-Desseauve) ou de spécialistes par région comme David Rayer, "le" spécialiste de la Moselle allemande.

Du côté des producteurs, face à cette offre de vins qui touche une masse de consommateurs potentiels notamment via les  nouveaux outils de communication du WEB, comment faut-il réagir ?

Affecter à la publicité des budgets de plus en plus conséquents ? Mais très vite chacun comprendra qu'il y a là des limites compte tenu des chiffres d'affaires minuscules de ces domaines par rapport aux grosses sociétés du CAC 40. Et puis, il y a la loi Evin en France, l'intérêt plus que relatif des amateurs pour les revues papier et bien d'autres facteurs limitant sérieusement l'impact possible d'une telle communication.

Se contenter de faire de très bons vins, en espérant que la critique en parlera et fera décoller les ventes ? Cette approche un tantinet passive ne peut être valable que pour de petits domaines (en taille) sis dans des régions mythiques comme la Bourgogne. Des exemples immédiats : Rousseau, Mugnier, Mortet, Duband et tant d'autres qui n'ont pas vraiment besoin de relais ± publicitaires pour trouver une clientèle fidèle qui est là chaque année, quelque soit la qualité du millésime, ne serait-ce que pour ne pas perdre son allocation.

Associer directement son nom à son vin ? Voilà une piste qui mérite d'être étudiée. Et ce billet m'est venu en tête en voyant ce Monsieur propriétaire de ROZANA vantant directement son produit lors de spots publicitaires (ICI). Sans jeu de mot : il se mouille. Idem pour un Afflelou. Le client potentiel, consciemment ou non, associera cet engagement direct de la personne à une obligation minimale de qualité du produit. Le lien est direct et peut être très fort.

Dans le monde du vin, on commence à voir des approches qui sont dans ce style. Historiquement, on peut citer ainsi Thierry Manoncourt qu'on a connu à Paris dans les années 70 comme porte-parole inlassable de son Château Figeac. Toujours sur Bordeaux, on a aussi Henri Duboscq (Château Haut-Marbuzet) qui a bien mouillé ses chemises [ de belle qualité soit dit en passant :-) ] … et continue à St-Estèphe à vanter si justement son vin chéri.

Plus récemment, trois noms bordelais suivent avec force cette approche liant personnalisation du produit via l'image de son propriétaire et qualité de ce produit : Bernard Magrez, Jean Guyon, Hubert de Boüard. Rares sont les amateurs qui ne connaissent pas les visages de ces entrepreneurs, chacun des trois prenant bien soin de se faire connaître visuellement et de façon systématique avec le stade ultime qui est d'ajouter sa photo sur la contre-étiquette.

Bien sûr, il y aura des atrabilaires qui vont haïr cette personnalisation. Mais chacun sait ici qu'il faut de tout pour faire un monde.

Que penser de cette approche d'une communication basée sur la personnalisation du produit ? A t'on des exemples de vins défendus ainsi par leurs créateurs et qui sont franchement médiocres, au point que l'image même du producteur en souffre directement ?

Est-ce une méthode qui a l'avantage d'être financièrement moins coûteuse qu'une approche publicitaire classique ? Tout cela peut se discuter, comme d'hab. 

Dans le même type de réflexion, je me souviens toujours de Giorgio Rivetti, une sacrée pointure piémontaise, lequel, lorsqu'il visite des cavistes aux USA ou ailleurs, fait faire systématiquement par un photographe professionnel une photo où il est à côté du caviste, trop heureux, plus tard, de la mettre en grand format et en évidence dans sa boutique : là encore une personnalisation, une image qui joue un rôle.

Faites vous cette réflexion personnelle : quelles sont les têtes que vous connaissez et de quelle façon vous jugez les vins associés ? Ou plutôt, comme l'étiquette historique peut aider à l'appréciation d'un vin, pensez vous que le producteur qui se mouille directement, c'est, quelque part, un début de garantie de qualité ?

A tout le moins, est-ce un mode de communication qui ne crée pas d'acné juvénile sur votre trogne de bon buveur, ou qui vous fait systématiquement dévaloriser le produit ? Et là, pour quelles raisons ?

On peut poser les mêmes questions pour les critiques : qui ne connaît pas la tête de Parker, de Bettane ?

A voir comment des pointures comme les trois bordelais cités agissent pour faire connaître leurs vins, on pensera plutôt que cette utilisation de l'image du producteur est un mode de communication qui va devenir majeur dans un monde où la personnalisation des produits devient un atout majeur.

Mais bon, ce que je dis… :-)


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