Pour cette troisième semaine de janvier, Case Départ vous ouvre sa boîte à bandes dessinées avec de très bons albums. Parmi ces dernières nouveautés, il y a pour vous quelques petites merveilles : Le sublime album de Jim et Alexandre Tefengki : Où sont passés les grands jours ?, le cinquième tome des mésaventures du libraire BD dans Animal lecteur, le premier volume du manga renversant : Reversal, Noxolo ou l’enquête bouleversante sur la mort d’une homosexuelle sud-africaine, l’adaptation dessinée du roman de Malika Ferdjoukh : Quatre sœurs, Batman, Des ombres dans la nuit : une nouvelle intégrale du super-héros par Sale et Loeb, le deuxième tome de la série humoristique de Guy Delisle : Le guide du mauvais père, Baby-sitters : un nouveau manga se déroulant dans une crèche, Seules contre tous : un album poignant d’une maman juive et de sa fille partis se cacher des nazis, à la campagne, un très bel album dessiné pour les tout-petits Une aventure de Lilou : le tigre d’Angkor, le quatrième volume de la série jeunesse : Camomille et les chevaux et un livre-jeu sur l’univers de Tintin : La tintinophilie en 300 questions. Bonnes lectures !
Où sont passés les grands jours ?
Où sont passés les grands jours ? est un très beau drame contemporain, écrit par Jim et mis en images par Alexandre Tefenkgi. L’excellent premier tome de ce diptyque raconte la vie d’un couple mais aussi d’une bande d’amis trentenaires dont l’un d’entre-eux s’est donné la mort. Perdu par cette soudaine disparition, le reste des membres de ce cercle d’amitié reçoit chacun un cadeau du défunt. Entre angoisse, tristesse et coup du sort, Où sont passés les grands jours ? est une œuvre bouleversante.
« On savait qu’un jour, il faudrait devenir des adultes. Personne ne nous avait dit que cela viendrait aussi vite. »
Brétigny-sur-Orge. Hugo Archer, bientôt la quarantaine, lettreur vit modestement avec Alice sa compagne vendeuse et leur fille Violette. A cela, il faut ajouter une mère un peu trop envahissante aux dires d’Alice. Le couple semble solide malgré les secousses de la vie : la jeune femme a perdu son père, il y a cinq ans et le jeune homme l’un de ses amis les plus proches, il y a peu de temps. Fred s’est suicidé. Hugo a de plus en plus de mal à l’admettre. Il se raccroche a ces petits riens qui lui rappelle son ami : à commencer par son numéro de téléphone. Le jeune père, dans un moment d’égarement, le compose. Alors qu’il espérait entendre le voix de Fred, au bout du fil, un homme âgé dont les petits-enfants viennent de lui offrir un mobile, lui répond. Sort cruel, le numéro vient d’être réattribué et c’est d’ailleurs le premier coup de fil que reçoit ce grand-père. Après avoir raccroché, Hugo décide d’effacer Fred de sa carte SIM.
31 janvier. Un footing en ville avec Etienne et Jean-Marc, les autres amis d’Hugo. Les trois hommes formaient une vraie bande de potes avec leur ami défunt. Après cette séquence de sport, la première sans leur copain, ils doivent aller rejoindre les parents de Fred chez le notaire pour découvrir ce que leur ami leur a légué. Trois jours avant son dernier geste, l’homme est allé couché sur son testament ses trois amis.
Etienne reçoit un paquet contenant l’essai de Jean-Paul Sartre, Les mots. Jean-Marc hérite d’un bandonéon et de huit places pour l’Opéra Bastille, quant à Hugo, il découvre une clef d’antivol et d’un lance-pierre. Tous sont surpris par ces cadeaux venus de l’au-delà et ne comprennent pas leur signification.
Afin de récupérer le monocycle grâce à la clef, les trois copains sont invités par les parents de Fred. Les souvenirs remontent à la surface et la mère décide d’immortaliser ce moment par une photo. La fin de la nuit se poursuit alors chez Jean-Marc et sa sœur Sidonie pour évoquer la mémoire du disparu autour d’une despé, d’un narguilé et de bougies comme à l’ancienne.
Extrêmement humain, le récit de Jim est bouleversant et hautement touchant. L’auteur de Une nuit à Rome, réussit à raconter une histoire de couple mais aussi une histoire d’amitié au-delà de la mort avec des héros ordinaires, des anti-héros, comme nous. Alice et Hugo forment un couple très moderne, pas marié, avec une petite fille, une belle-mère trop présente, elle aussi divorcée et en couple. Les autres personnages sont très ancrés dans la réalité actuelle : trentenaires non mariés et un peu perdus dans la société actuelle, plutôt geek et aimant les soirées entre amis. Le scénariste apporte aussi un peu de suspense grâce à ces cadeaux venus d’outre-tombe et dont les bénéficiaires ne comprennent pas la signification ; plutôt des pistes, des sortes de pied de nez fait par Fred à ses amis : un livre pour celui qui ne lit pas, un accordéon et des places de concert pour celui qui ne connaît rien à la musique et un monocycle pour celui qui ne semble pas le plus adroit.
Le dessin réaliste de Alex Tefengki est très maîtrisé et agréable à l’œil. L’auteur de Tranquille courage et Ames nomades chez Grand Angle aussi, compose de belles planches qui met bien en avant l’histoire de Jim. Ces dernières font la part belle aux portraits et aux personnages, bien campés. Où sont passés les grands jours ? : un récit très actuel et touchant, on attend avec impatience la suite de ce premier opus.
- Où sont passés les grands jours ? 1/2
- Auteurs : Jim et Alexandre Tefengki
- Editeur: Grand Angle / Bamboo
- Prix: 13.90€
- Sortie: 8 janvier 2014
Animal lecteur :
les mésaventures d’un libraire BD
Le lecteur est un animal, une sorte de prédateur comme un monstre de la jungle. Avide de nouveautés, de promotions et de scoops en tout genre, il est la bête noire des libraires. Voici le cinquième tome des aventures du célèbre libraire de la série Animal lecteur. Intitulé C’était mieux avant, ce nouvel opus est scénarisé par Sergio Salma et mis en images par Libon. Le temps d’un album à se tordre de rire, le duo met entre parenthèses les gags en une planche pour des histoires courtes courant sur quelques pages.Bernard Dolcevita, le libraire de BD Boutik doit toujours garder son self-control en toutes circonstances : entre les clients un peu barbants, les représentants qui déboulent tous en même temps à la fin de l’été avec des stocks impressionnants de bandes dessinées pour la rentrée littéraire, les fameux retours d’albums qui ne se vendent pas ou les produits dérivés à mettre en boutique, le libraire en voit de verte et de pas mûr. Mais il l’aime son métier formidable !
Les deux auteurs nous gratifient aussi d’une belle balade dans le temps avec C’était mieux avant où l’on découvre l’histoire revisitée de la bande dessinée. Ils nous livrent une très belle histoire dans De mains en mains ou l’histoire d’un album qui traverse les années d’un lecteur à l’autre. Mais aussi une vision assez juste du Festival d’Angoulême, haut lieu de pèlerinage pour les auteurs, les chasseurs de dédicaces et les visiteurs mais un casse-tête pour les organisateurs, les attachés de presse ou les maisons d’édition…
C’est avec un grand plaisir que l’on retrouve les aventures ou les mésaventures du Libraire de BD Boutik. Savoureux, les gags de Sergio Salma tombent souvent à pic. L’auteur de Nathalie met son talent de conteur humoristique au service de ce bon Bernard Dolcevita. Il se régale aussi avec les travers et les mauvaises manies des amateurs du 9e art et des clients. Les travers de cet univers sont décryptés avec un bel humour et de l’ironie. A noter qu’il use aussi d’une belle forme d’auto-dérision lorsqu’il parle des auteurs. Le trait de Libon est à la fois cruel et amusant, piquant et tout en rondeur. L’auteur de la bonne série Jacques le petit lézard géant offre ici une sublime couverture où il croque une belle brochette de héros de bande dessinée : Lucky Luke, le Marsu, Corto Maltèse ou encore Blueberry. Animal lecteur : une bande dessinée sur l’univers de la bande dessinée que Case Départ vous recommande pour passer un agréable moment de lecture.
- Animal lecteur, tome 5 : C’était mieux avant
- Auteurs : Sergio Salma et Libon
- Editeur: Dupuis
- Prix: 13,50€
- Sortie: 10 janvier 2013
Reversal : un monde maléfique à la renverse
Reversal est un seinen d’horreur et d’action de Kemuri Karakara. Ce diptyque, dont le second tome sera publié en mars 2014, raconte l’histoire d’Ayame, une geisha qui se retrouve dans un monde inversé et inconnu où des morts-vivants font la loi.
Kyoto. Ayame vit avec sa mère et sa grande sœur Maika dans une modeste demeure. La jeune femme comme son aînée est une apprentie gheisa (maiko). Toutes les deux travaillent à L’Okiya, un yumezato (maison de gheisas). Alors que sa sœur est une dame de compagnie affirmée, Ayame débute juste dans ce nouveau métier.
La jeune fille a une passion dévorante : les super-héros comme les Power rangers ou Les Bioman. Eprise de justice, elle adore les singer et passe son temps à les regarder à la télévision. Un grand paradoxe entre d’un côté la culture d’élégance et le raffinement des geishas et de l’autre, l’amour de la bagarre des justiciers. Son ambition : devenir une vrai héroïne qui sauve les bonnes âmes et secourt les plus faibles.
A la nuit tombée et alors que les deux sœurs rentrent chez elles, la benjamine est bousculée par un élégant jeune homme. Alors qu’il se confond en excuse, il perd une console mais part sans s’en rendre compte. Piquée par la curiosité, l’adolescente essaie de comprendre à quoi peut bien servir cet étrange objet. Elle réussit même à y entrer son nom et son prénom ; pourtant l’objet ne s’allume pas.
Le lendemain dans la rue, elle croise un homme grand et costaud qui lui intime l’ordre d’arrêter de chanter à voix haute la comptine du Sanctuaire de Tenjin-Sama. Violent et extrêmement menaçant, l’homme la brutalise. Cette petite chanson enfantine à l’atmosphère un peu sombre est jouée aux passages piétons pour indiquer que les personnes peuvent traverser.
Tout à coup, une voiture surgit renversant l’homme si menaçant. Au volant se tient le jeune homme blond ayant perdu sa console. Pris de panique, ce dernier fait monter Ayame et partent tous les deux sur les chapeaux de roue, poursuivis par l’homme sur un scooter. Après l’avoir semé, le jeune homme blond demande avec insistance à l’adolescente de le quitter avant 17h. Pourtant, il est déjà 18h et happés par une lumière blanche, ils arrivent dans le quartier de Gion à Kyoto. Pourtant celui-ci semble étrange ; il n’a rien à voir avec le quartier que connaît Ayame : le monde est à l’envers, les décors sont inversés. Pire, elle est poursuivie par des zombies et Al, le chien du voisin se met à parler. La vie d’Ayame bascule alors dans l’horreur.
L’univers mystérieux et si singulier de Reversal risque de désarçonner plus d’un lecteur. Le récit de Kemuri Karakara si doux et si commun dans la première partie du manga, devient un monde original et très violent dans la seconde partie. Les personnages sont bien campés, notamment Ayame entre geisha et super-héroïne, la jeune fille fragile est pourtant idéaliste et a soif de justice. La douce lycéenne va pourtant se transformer en une véritable guerrière. La ville de Kyoto et son pendant inversé tiennent une place de choix dans la narration de l’auteur : les décors sont soignés. Ils sont d’ailleurs l’œuvre de l’assistant de Karakara. Le trait de l’auteur est élégant et délicat comme peuvent l’être les geishas japonaises. Même lorsqu’il dessine les zombies, ses planches sont méticuleuses. Reversal : un manga renversant !
- Reversal, tome 1/2
- Auteur : Kemura Karakara
- Editeur: Doki Doki
- Prix: 7,50€
- Sortie: 08 janvier 2013
Noxolo : un livre de combat(s)
Noxolo est un drame conté par Jean-Christophe Morandeau. Fondée sur une histoire vraie, cette fiction hautement touchante raconte la soif de justice d’une jeune policière sud-africaine pour faire la lumière sur le viol et l’assassinat d’une activiste lesbienne prénommée Noxolo. Cet ouvrage bouleversant est le premier de la série co-éditée par La Boîte à Bulles et Amnesty International.12 avril 2011. Township de Kwa Thema. Le corps sans vie de Noxolo est retrouvé dans un fossé. La veille, elle avait croisé la route d’un groupe d’hommes prêt à la « remettre sur le droit chemin », « éliminer le démon enfoui en elle ». Le viol de cette jeune lesbienne devait la rééduquer. En plus de cet affreux viol rééducatif, elle sera battue longuement à mort.
Noxolo a 24 ans, elle est mère de 2 enfants et vit avec sa grand-mère à Kwa Thema, haut lieu de la résistance à la politique ségrégationniste de l’Apartheid et berceau d’une communauté homosexuelle active. D’ailleurs la jeune femme était membre de EPOC (Ekurhezeni Pride Organizing Commitee), un mouvement de lutte contre les discriminations. Sa mort, elle l’a sans doute payée parce qu’elle luttait dans cette association et surtout parce qu’elle était lesbienne.
Pourtant ce crime restera impuni. Aucun témoin ! Etrange pourtant dans cette cité pauvre de 100 000 habitants où tout le monde se connait. Seule Ma Thoko, une femme formidable, continue de venir lui parler à l’endroit même où l’on retrouvera son corps inanimé.
Mais c’était sans compter sur l’acharnement de Naxala Zawabe, une jeune policière de New Tsakane, pour découvrir la vérité. Alors que son supérieur lui demande avec insistance de ranger son bureau, Naxala tombe sur un dossier sensible, celui de Noxolo. Etonnée que cette affaire fut classée sans suite et que des prélèvements ADN n’aient rien donné ; elle se met en quête de la vérité. Cette soif de justice s’avérera pourtant semée d’embûches dont un frein qu’elle ne soupçonnait pas : sa hiérarchie !
Voilà un ouvrage singulier mais ô combien important. En choisissant d’acheter cet album, non seulement le lecteur lira une très belle histoire mais il contribuera à défendre des valeurs chères à Amnesty International. Ecrit à la manière d’un polar, Noxolo réanime notre soif de justice et d’égalité. Le documentaire engagé de Jean-Christophe Morandeau, tout en pudeur, ne verse jamais dans le pathos, laissant au lecteur le soin de faire fonctionner son imagination, notamment pour la vie de la jeune femme comme lors de son abominable et interminable agonie. Fondée sur un fait-divers réel, l’auteur de Le chant du corbeau, nous livre un récit très documenté. La force de cet album réside aussi dans le dessin. Le trait semi-réaliste en noir et blanc fonctionne merveilleusement bien pour ce récit si sombre. Il utilise de grands aplats noirs pour suggérer les décors mais aussi les volumes des personnages. Pour certaines planches évoquant le passé de Noxolo, il se rapproche des masques africains à formes géométriques. A noter que la post-face est signée Marc Lévy et qu’un Point de vue d’Amnesty International clôt l’album. Noxolo : un album pour continuer nos combats pour l’égalité et la justice !
- Noxolo
- Auteur : Jean-Christophe Morandeau
- Editeurs: La Boîte à Bulles et Amnesty International, collection Contre jour
- Prix: 15€
- Sortie: janvier 2013
Quatre sœurs au grand cœur
Quatre sœurs est une adaptation dessinée du roman éponyme de Malika Ferdjoukh, vendu à plus de 120 000 exemplaires depuis 2003. Pour ce deuxième volume, Hortense, Cati Baur a scénarisé et dessinée cet album. A la mort de leurs deux parents, cinq sœurs décident de continuer à vivre sous le même toit, la Vill’Hervé, une belle maison au bord de la mer. Une cohabitation sympathique mais parfois délicate à cause de petites tensions entre-elles. Une bel album plus d’humanité.
Dans la famille Verdelaine, je veux :
Lucie et Fred, les parents décédés dans un accident de voiture, qui reviennent de temps à autre sous forme de fantôme pour veiller sur leurs filles.
Charlie, l’ainée de 23 ans, qui a décidé d’arrêter ses études et de devenir la nouvelle chef de famille.
Geneviève, 16 ans, s’occupe des plus jeunes, des repas et de tous les petits bobos du quotidien.
Bettina, 14 ans, coquette, insupportable et épuisante mais tout aussi charmante.
Hortense, 11 ans, tient un journal intime pour y conter les histoires de famille.
Enid, 9 ans, la plus petite, adore jouer avec les animaux.
Autour d’elles, il y a aussi les deux chats, Ingrid et Roberto mais aussi Tante Lucrèce, co-tutrice légale des 5 filles ou encore Basile, jeune médecin et amoureux de Charlie.
Un matin de novembre. Au petit-déjeuner, deux sœurs commencent déjà à se chamailler autour des magasins et des futurs cadeaux de Noël à offrir. La taquinade entre Hortense et Bettina est interrompue par l’arrivée de Merlin, le nouveau livreur de surgelés Nanouk. A la vue de Bettina, le jeune homme au physique très disgracieux commence sa parade amoureuse sous les yeux amusés des trois autres.
Hortense, toujours en quête de sa personnalité, confie à son journal son envie de faire du théâtre. Sa première envolée lyrique est interrompue par Muguette, une petite fille très malade, drôle et très courageuse qui va devenir sa meilleure amie.
Paru initialement aux éditions Delcourt en 2011, le premier tome de la série Quatre sœurs a été réédité chez Rue de Sèvres et se poursuit maintenant dans cette maison d’édition. Le récit contemporain de Malika Ferdjoukh est magnifiquement adapté par Cati Baur. Cette histoire d’une famille touchée par la mort des deux parents est touchante et finalement très moderne. Ce clan pourrait ressembler à toutes les familles actuelles, avec sa tendresse, ses déchirements, ses chamailleries, ses tensions, ses amours ou ses amitiés. Tous ses ingrédients permettent de passer un excellent moment. La lecture est fluide grâce à un découpage mettant en valeur les écrits du journal intime d’Hortense. Tout en douceur, Quatre sœurs est une belle série dramatique saupoudrée d’un léger humour très agréable. Le trait à l’aquarelle de Cati Baur est très maîtrisé et les couleurs illuminent l’histoire. L’auteure genevoise casse les planches en supprimant les contours des vignettes, ce qui accentue son beau dessin.
- Quatre soeurs, tome 2 : Hortense
- Auteur : Cati Baur d’après l’œuvre de Malika Ferdjoukh
- Editeur: Rue de Sèvres
- Prix: 14€
- Sortie: 08 janvier 2013
Batman en prise avec de nouveaux criminels
Après Batman Anthologie, la maison d’édition Urban Comics consacre sa nouvelle intégrale à l’homme chauve-souris intitulée Batman, Des ombres dans la nuit et aux récits scénarisés par Jeph Loeb et dessinés par Tim Sale.L’album est divisé en deux parties : Nuits d’halloween et Catwoman à Rome.
Dans la première partie constituée de 6 chapitres et courant sur 184 pages, Batman est confronté à de nouveaux adversaires plus coriaces les uns que les autres : La Chauve-souris, les Epouvantails, Pingouins, Chapeliers déments, clowns sinistres…
L’Epouvantail est un ancien psychologue devenu psychopathe. Il multiplie les mauvaises actions dont notamment faire sauter les stations-relais électriques de Gotham. Pour échapper à Batman, il lui lance une nouvelle toxine très efficace. Mais le malfrat continue son œuvre toujours aidé de corbeaux qu’il envoie à l’homme chauve-souris pour se défendre. Batman poursuivra le poursuivra jusque dans un labyrinthe où des épines empoisonnées feront leur effet….
Dans la seconde partie, Catwoman… A Rome, le lecteur retrouve Selina Kyle, alias Catwoman en Italie. Les deux auteurs décident de raconter ce qu’il s’est passé pour la jeune femme entre les deux récits : Long halloween et Amère victoire. Alors que la célèbre héroïne fréquente régulièrement Bruce Wayne, elle doit partir rapidement dans la capitale italienne pour retrouver la famille de Carmine Falcone, dit Le Romain, un riche malfrat de Gotham. A Rome, elle espère dérober une partie de l’immense fortune de ce dernier.
Les deux auteurs de Batman, Des ombres dans la nuit, n’étaient pas à leur premier coup d’essai, ensemble, ils avaient déjà travaillé sur le Dark Knight. Les premiers récits de Jeph Loeb sont maîtrisés et donnent un nouveau souffle à la série (du côté du polar). Pour cette intégrale, il met en scène tout ce que compte de mauvaises personnes dans la mythique cité de Gotham. Pour cela, il va même en inventer de nouveaux dont L’Epouvantail. Le dessin de Tim Sale semble avoir beaucoup plus d’assurance dans la seconde partie de l’album (A Rome). Ces planches magnifiques sont plus maîtrisées que pour Nuits d’halloween. Sans être mauvaises, les histoires de cette intégrale ne sont pas indispensables à l’univers déjà si riche de Batman.
- Batman, Des ombres dans la nuit
- Auteurs : Jeph Loeb et Tim Sale
- Editeur: Urban Comics
- Prix: 35€
- Sortie: 10 janvier 2013
Mauvaise foi assumée
Guy Delisle, auteur des sublimes albums Pyongyang, Chroniques birmanes ou Chroniques de Jérusalem, nous livre sa vision fantasmée, parentalement incorrecte de sa vie de père. Papa de deux charmants bambins, il assume véritablement sa mauvaise foi dans ce quotidien si délicat de parent. Tendresse et humour sont au rendez-vous de ce deuxième tome de Le guide du mauvais père.Guy Delisle vit au Canada avec sa femme Nadège, qui travaille pour Médecins sans frontières (voir Shenzen, Pyangyang ou encore Chroniques Birmanes) et ses deux enfants, Louis et Alice. La vie quotidienne d’un auteur de bandes dessinées est rythmée par la vie des enfants. Comme Guy travaille à domicile, c’est lui qui s’en occupe le plus souvent.
Sa fille Alice s’ennuie et ne comprend pas pourquoi il existe deux fois le nombre 56. Bougon, le père ne prendra pas une minute pour se soucier de son problème de mathématiques.
Un autre jour, la petite fille se plaint d’une dent qui va tomber. Le père lui propose une solution, à l’ancienne : la ficelle accrochée à la poignée de porte !
C’est l’anniversaire d’Alice, elle a décidé d’inviter ses copains. Parmi eux, il y a pourtant Lauris, le garçon turbulent qui lui donnait des coups. Ni une ni deux, Guy se charge du petit sauvageon grâce au jeu de la pinata.
Guy aime faire plaisir à ses enfants pour les repas. Peu équilibrés (sushis et glaces), il en profite pendant que son épouse n’est pas là.
Le dimanche soir, c’est souvent galère, il y a les leçons ! Et Louis n’y met pas toujours du sien : entre l’oubli des devoirs et la galère pour les récupérer mais aussi la poésie Le cancre de Prévert non apprise. Delisle trouve toujours une solution à ses problèmes.
Et il en va de même pour les jeux vidéos, les partie de cache-cache, le choix d’un livre pour Louis ou la réunion de rentrée à l’école.
Le guide du mauvais père est délicieux à souhait. On a tous rêvé au moins une fois dans sa vie de se comporter de cette façon là avec des enfants : mauvaise foi, être mauvais joueur, ne pas culpabiliser… Ces petits travers sont magnifiquement mis en scène par Guy Delisle. Les petits gags sur plusieurs planches mêlent habilement la tendresse, un humour décapant et une très grande auto-dérision. La force des pages se situe dans une observation fine et très vraie des enfants. Si la base est autobiographique, il a romancé les situations. L’auteur québécois s’emploie à dédramatiser le métier de papa, un rôle pas toujours facile. Un album qui fait sourire et rire de bon cœur lorsque l’on lit les situations plus cocasses les unes que les autres. Le guide du mauvais père joue avec l’immoralité pour le plus grand bonheur des lecteurs. Des travers que l’on déguste avec un plaisir infini, mais que l’on trouve forcément trop courts tant on les a apprécié. On retrouve ses strips sur son blog Comme ci comme ça http://www.guydelisle.com/blog/
- Le guide du mauvais père, tome 2
- Auteur : Guy Delisle
- Editeur: Delcourt, collection Shampooing
- Prix: 9,95€
- Sortie: 22 janvier 2013
Dans l’enfer de la crèche
Baby-sitters est une série-manga humoristique de Hari Tokeino. Prévu en huit tomes chez Glénat, ce shôjo (manga pour filles) raconte l’histoire d’un jeune homme orphelin Ryuichi et de son petit frère Kotaro recueillis dans une académie. L’aîné, en échange de service, devra s’occuper de petits enfants en bas âge de la crèche de l’établissement.Ryuichi est un jeune adolescent japonais de 15-16 ans. Son frère Kotaro a 2-3 ans. Depuis peu, ils sont seuls; leurs parents sont décédés dans un accident d’avion. Peu présents dans leur vie quotidienne, les deux enfants étaient souvent livrés à eux-même. Lors de ce même événement tragique, il y avait aussi le fils et la belle-fille de la directrice de l’académie Morinomiya, un établissement scolaire privé haut-de-gamme. Prise de pitié, pour conjurer la fatalité et pour ne pas laisser les deux enfants à l’abandon, elle décide de les accueillir dans son académie, jusqu’à la majorité de l’aîné. En contrepartie du logement et des repas, Ryuichi devra passer tout son temps, en dehors de ses heures de cours, à travailler comme baby-sitter dans la crèche de Morinomiya. Pour effectuer la visite de l’établissement, la vieille femme demande à son secrétaire personnel, un homme d’une trentaine d’années, grand et élégant pour accompagner les deux orphelins.
La crèche accueille les enfants des professeurs. A sa tête Yoshihito Usaida, un ancien élève et le seul employé. Alors que des élèves devaient venir l’aider dans sa tâche, personne ne s’est présenté. Le responsable, dépassé par l’énergie des enfants, passe son temps à dormir et n’effectue aucune activité avec eux. Lorsque Ryuichi se présente, le jeune homme se reposer alors sur cette arrivée prophétique. Il le laisse seul gérer les enfants en bas-âge : l’intrépide Taka, la sérieuse Kirin, le joyeux Takuma, le craintif Kazuma et la petite Midori. Tous ont un caractère différent mais fort. Sans réellement s’en rendre compte, l’adolescent délaisse Kotaro son petit frère. Ce dernier en tombera même malade.
Ce manga comique, Baby-sitters, a pour cible les jeunes filles et adolescentes. Signé Hari Tokeino, il est publié depuis 2009 au Japon sous le titre Gakuen Babysitter par Hakushensa. D’abord pré-publié dans le magazine LaLa, il doit son succès à la puissance comique de ses personnages, tous très attachants, y compris la directrice de l’académie pourtant si autoritaire. L’auteur a réussi à bien observer les enfants qui l’entouraient pour livrer au lecteur un panel d’enfants si amusant. Les relations entre Ryuichi et les enfants sont très réussies. Le trait est classique mais extrêmement efficace. Baby-sitters : un élève qui élève des enfants, attention shôjo amusant !
- Baby-sitters, tome 1
- Auteur : Hari Tokeino
- Editeur: Glénat Manga
- Prix: 6,90€
- Sortie: 3 janvier 2013
Seules contre tous
Une mère et son enfant otages du terrible destin de la Hongrie en 1944, sous le joug des Nazis. C’est l’histoire qu’a voulu raconter Miriam Katin, en s’inspirant de la vie de sa mère dans l’album Seules contre tous. En recoupant ses souvenirs d’enfance, les lettres ou les cartes postales, elle livre un récit touchant et parfois bouleversant sur une période si noire de son pays.1944. Budapest. La guerre semble loin de cette capitale, cité de la culture et de l’élégance. Miriam, 3 ans, vit avec sa mère, Esther, dans un très bel appartement avec une jeune servante, Anna. Leur vie est plutôt confortable malgré un mari, parti au front. Elles sont athées mais de confession juive. Mais voilà, les lois racialistes se mettent en place dans cette Hongrie pourtant si paisible. En plus du chien qui doit être euthanasié, elles doivent faire l’inventaire de leur appartement et quitter la ville.
Pour fuir les nazis, la mère achète de faux papiers et brûle tout ce qui pourrait nuire à leur fuite : les photos, les lettres, les papiers d’identité. Maintenant, elles seront les Vaszari : Miriam sera Maria et Esther deviendra domestique russe de province avec un enfant illégitime. Elles arrivent alors à la campagne dans un territoire de vignes chez un paysan et une femme au grand cœur. Le début de cette période est agréable entre la traite des vaches et les vendanges. Pourtant, les nazis se rapprochent et les craintes resurgissent.
Seules contre tous est un album très bouleversant de Miriam Katin. Le récit de l’auteure américaine est fondé sur ses souvenirs d’enfance. Elle décrit magnifiquement cette fuite et partie de cache-cache avec les nazis. Elle se veut l’observatrice d’une vie très dure dans cette campagne hongroise. Un récit très réaliste alternant sa vie dans les années 60 aux Etats-Unis et celle de son enfance dans les années 40. Le trait en noir et blanc est captivant, plutôt proche des auteurs indépendants américains. D’ailleurs quand les officiers allemands arrivent ou lors des combats, le trait est plus tremblant comme pour rappeler la peur des protagonistes. On pense à une certaine filiation avec Art Spiegelman tant pour la thématique que pour son dessin. Seules contre tous : un beau roman graphique.
- Seules contre tous
- Auteur : Miriam Katin
- Editeur: Futuropolis
- Prix: 20€
- Sortie: 09 janvier 2013
Et pour quelques pages de plus…
Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :
Une aventure de Lilou,
tome 2 : Le tigre d’Angkor
Après Folia et Folio, voici une nouvelle aventure de Lilou, signée Charles Masson. Intitulé Le tigre d’Angkor, le jeune lecteur retrouve la petite fille au Cambodge qui se lie d’amitié avec un conducteur de buffles.Cambodge. Le père de Lilou est venu s’installer dans ce pays. Il exerce le métier de médecin dans un dispensaire. Accompagnée de son petit chat Touchatou, la petite fille rencontre un garçon soigneur et conducteur de buffles. Sur le dos de cet imposant animal, il lui fait découvrir les lieux : la nature, la ville et les habitants qui les entourent mais surtout la cité mythique d’Angkor. Dans les ruines vit la grand-mère du jeune garçon, une dresseuse de serpents et un mystérieux tigre.
Cette histoire muette pour les primo-lecteurs est dans la même veine que Myrmidon dans l’espace, permet aux jeunes enfants de se créer leur propre histoire, de faire fonctionner au maximum leur imaginaire. Très lisible, le récit de Charles Masson est très agréable et dépaysant. Il mêle l’aventure, l’action, l’amitié, l’ouverture sur le monde et notamment sur un pays si mystérieux et sa culture si riche. Une histoire très tendre, une histoire positive (le métier du papa de Lilou, son amitié avec le petit cambodgien et la relation avec sa grand-mère) et un beau message : l’amitié est plus forte que les différences. Le découpage très fluide facilite la lecture. Le dessin est très maîtrisé, les planches très colorées et les couleurs très pétillantes ; cela plaira beaucoup au jeune lectorat. Le tigre d’Angkor : un très bel album jeunesse !
- Une aventure de Lilou, tome 2 : Le tigre d’Angkor
- Auteur : Charles Masson
- Editeur: Des ronds dans l’o
- Prix: 12,50€
- Sortie: 23 janvier 2013
Camomille et les chevaux,
tome 4 : Les champions
Camomille a dix ans et sa passion : les chevaux. Ce sont les aventures qu’ont voulu conter Lili Mésange et Turconi, dans ce quatrième volume intitulé Les champions de la série jeunesse humoristique Camomille et les chevaux.Margot-les-Bains, centre équestre. Camomille a dix ans tout rond. Avant, quand elle était petite, elle passait souvent devant le centre équestre des Quatre Fers : mais elle ne trouvait pas très beaux ces chevaux, pire, elle se pinçait le nez !!! Puis un jour, elle fit la connaissance d’Océan, un superbe cheval. Devenu son ami, elle galope souvent avec lui. Depuis, sa passion des chevaux fait partie intégrante de sa vie.
Anaïs, sa petite sœur de 6 ans l’a rejointe dans la vieille ferme et essaie toujours en vain de dompter Pompon, un cheval espiègle. Tour à tour, le lecteur découvrira Pompon : son bain de boue, mais aussi son essai de baignade au bord de la mer, gardien du potager, son lavage de dents, ses puces… En plus de cela, le lecteur pour observer la venue de Jean-François Enond, immense champion d’équitation pour s’entraîner dans le centre.
Les gags en une planche raviront les plus jeunes et les passionnés de chevaux. Les plus grands n’y trouveront pas leur compte. Les récits de Lili Mésange sont gentillets et toujours de bon goût, pas une tête ne dépassera. La vraie réussite de cette série Camomille et les chevaux, c’est le dessin de Turconi, frais et pétillant. C’est un grand dessinateur de Disney Italie et notamment dans Topolino (le Journal de Mickey italien) et cela se ressent dans les pages de l’album. Un trait tout en rondeur et parfait pour les jeunes lecteurs.
- Camomille et les chevaux, tome 4 : Les champions
- Auteurs : Lili Mésange et Turconi
- Editeur: Hugo BD
- Prix: 10,45€
- Sortie: 23 janvier 2013
La tintinophilie en 300 questions
Voilà un petit livre sympathique et divertissant ! La tintinophilie en 300 questions est signé Patrick Mérand (il avait déjà publié Les langues étrangères dans l’œuvre d’Hergé ou encore Le lotus bleu décrypté) aux éditions Sépia. Cet ouvrage se veut un nouvel angle de vue sur les albums de Tintin à travers le prisme de questions.Les 23 albums du célèbre reporter sont décryptés à travers des questionnaires thématiques. L’auteur nous rappelle que tout le monde a lu au moins un Tintin dans sa vie et que beaucoup de lecteurs passent sur de nombreux détails et que c’est ce qu’il veut mettre en lumière. Il veut que le lecteur apprécie au mieux l’œuvre d’Hergé. Pour certains passionnés de Tintin, beaucoup de questions paraîtront faciles mais il les invite à regarder attentivement les réponses qui peuvent parfois être surprenantes.
72 pages de questions-réponses, sous forme de QCM, classées par thèmes, par exemple :
Géographie : Quelle est la capitale de la Syldavie ? Dans quel album Tintin se rend-il dans le Gosainthan ?
Histoire : Quel roi belge avait annexé le Congo? Quel album a été inspiré par l’Anschluss ?
Faune et flore : Dans quel album voit-on le canard Gédéon de Benjamin Rabier ? Quel est le mystérieux fruit qui tombe sur la tête de Tintin quand il est au Tibet ?
Personnages des albums : Qui a joué le rôle de Tintin au cinéma ? Quel savant français a inspiré Hergé pour créer le professeur Tournesol ?
Mais aussi des questions Langues, Arts, Jurons, Moyens de transports, Sciences et techniques, Hergé et Le coin des spécialistes (donc des questions plus difficiles comme : Où habite le professeur Halambique ? Dans quelle ville a-t-on inauguré officiellement une esplanade du Professeur Tournesol ?)
A noter que dans certaines réponses, le lecteur trouvera des flash-codes qui lui permettront d’écouter des morceaux musicaux dont il est question dans la réponse (exemple : L’air des bijoux). Et qu’il y a aussi un grand nombre d’illustrations (peintures, sculptures, photos…) pour comprendre les réponses.
Le plus compliqué lorsqu’un auteur veut parler de Tintin, c’est qu’il doit demander l’autorisation pour utiliser les vignettes des albums à la toute puissante maison d’édition Moulinsart et que c’est pratiquement toujours non. Il en va de même pour La tintinophilie en 300 questions : il n’y a aucune cases d’album. Peu importe, il suffira de rouvrir les albums pour se faire une idée. Mais le petit livre est bien écrit, bien documenté. Il est aussi agréable, distrayant et amusant. La tintinophilie en 300 questions : pour se tester ou (re)découvrir des aspects inconnus de l’œuvre de Georges Rémi.
- La tintinophilie en 300 questions
- Auteur : Patrick Mérand
- Editeur: Sépia
- Prix: 12€
- Sortie: janvier 2013