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12 Years a Slave : Mc Queen dans les griffes d’hollywood

Publié le 22 janvier 2014 par Unionstreet

12 years a slave Dans la petite mode cinématographique qui s’intéresse aux conditions des noirs aux USA dans le passé, 12 Years a Slave était sûrement sur le papier le projet le plus alléchant qui traitait de ce sujet. Les cartons au box-office du Majordome, de Lincoln et du Django de Tarantino, qui étaient sortis après The Paperboy et le guimauve Couleur des sentiments, n’auront pas eu raison de notre intérêt pour ce thème. Surtout que Steve McQueen n’est pas n’importe qui. En deux films, il s’est imposé comme le réalisateur britannique à suivre et qui divise le plus la communauté des cinéphiles. Son viscéral Hunger et son mal aimé Shame étaient deux oeuvres fortes qui montraient toute la prouesse du réalisateur. Et de son acteur fétiche : Michael Fassbender. Squelettique ou bien membré, Michael Fassbender est un talent qui explose dans les films de McQueen. Bonne nouvelle, il est de retour dans 12 Years a Slave, et en grande forme.

La grande force du film de McQueen est son casting masculin. Chaque acteur (à part Brad Pitt, irritant dans ce film, nous y reviendrons.) est extraordinaire. Chiwetel Ejiofor est forcément émouvant, mais la vraie puissance vient du côté des tortionnaires. Michael Fassbender et Paul Dano sont époustouflants et horrifiants en monstres sans humanité aucune. Ils n’ont que la haine en eux et font subir humiliations, tortures, viols … Avons nous là deux des plus grands acteurs de leur génération ? Sûrement.

Face à eux, un casting féminin un peu fade, sauvé par Lupita Nyong’o. Ceci dit, trois scènes m’ont marqué et mettent en lumière les actrices du film : La première est une scène très intelligente, durant laquelle Alfre Woodard interprète la femme d’un négrier, faussement soumise dont la vengeance gronde en son intérieur. Une scène d’opportunisme pur où l’on oublie jamais qui sont les bourreaux. La seconde montre l’acharnement de la femme de Fassbender, interprétée par Sarah Paulson (American Horror Story) envers Patsey. Humiliation et montée de violence, la scène est dure. Enfin, la scène la plus terrible du film : sévices au fouet pour un morceau de savon. Mais n’en disons pas plus. La violence est telle que les larmes montent vites et que cela devient un flot continu. (Comme la première fois que Solomon se fait frapper par ses ravisseurs). Car le film est au départ extrêmement violent dans sa mise en scène. Des enfants arrachés à leur mère, un bateau qui remonte le Mississippi dans un bruit assourdissant, les coups de fouets, des esclaves dont on brise les corps, une lune rouge sang (merci le chef déco) … Avec la musique peu ambitieuse d’Hans Zimmer (qui ressemble étrangement à la magnifique partition d’Harry Escott pour Shame) qui dramatise le tout, il est vrai que l’on assiste à un spectacle splendide qui glace le sang.

Pourtant, contrairement à un Django, notre héros ne va pas chercher à faire couler le sang pour trouver sa vengeance. Il se console avec les autres esclaves en chantant du blues (moment remarquable et puissant au passage). Au détour d’une scène, il demande à une femme qui n’a plus ses enfants d’arrêter de pleurer, que cela ne fait en rien avancer les choses. Il croit en une justice qui saura lui rendre sa vie d’avant. Et cette justice est personnalisée par le bon samaritain qu’est Brad Pitt. Véritable lueur d’espoir pour le personnage principal, nous comprenons vite que la douzième année est terminée. Et arrive le douloureux et pénible dialogue entre Fassbender, vraiment méchant et menaçant, et l’ami Brad Pitt, qui lui considère les esclaves comme des humains (le foufou). Lourdement on nous fait comprendre ce que nous savons déjà : l’esclavage c’est mal, ce que subissent les noirs de l’époque est inimaginable, un jour et heureusement ils seront libres. Pour la subtilité de la scène, on repassera. Surtout lorsque l’on sait que Brad Pitt est producteur du film, qu’il joue ce rôle fait sourire.

Après nous avoir montré les conditions de vie inhumaines de ces hommes et femmes noirs, le réalisateur nous jette la fin, d’une simplicité absolue, et surtout un horrible final conçu pour les américains avec larmes et gros violons. Et c’est bien dommage que Steve McQueen achève ainsi son troisième film. Nous préférions le mystère et l’imprévisibilité d’un Shame ou l’adaptation saisissante d’un fait divers irlandais dans Hunger. Vers la fin de 12 Years a SlaveSteve McQueen met de côté sa force pour servir une fin plate de l’histoire (vraie, forcément) de Solomon Northup. Oui c’est une belle histoire et une fin heureuse, et nous en sommes contents, mais nous aurions voulu un autre traitement que le sempiternel pathos pour faire pleurer les foyers américains. D’ailleurs, le film a remporté le Golden Globe du meilleur film et est nommé un peu partout aux Oscars.

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