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Autant en emporte le vent - Jacques Zimmer
Publié le 25 janvier 2014 par Manu17J’ignore quel âge j’avais quand j’ai vu Autant en emporte le vent pour la première fois. Ce dont je me souviens parfaitement en revanche, c’est d’avoir été d’emblée fasciné par le personnage de garce que représente Scarlett O’Hara. Belle, sensuelle, désirable, calculatrice, manipulatrice, égoïste, menteuse, elle avait tout pour me plaire. Un modèle de garce en somme, beaucoup d’autres suivront…
Quand Margaret Mitchell créa le personnage de Pansy O’Hara, qu’elle rebaptisa finalement Scarlett, prénom moins fade, plus éclatant, elle n’imaginait sans doute pas que son roman deviendrait un film, pas plus que l’aventure qu’allait constituer la réalisation du dit film. C’est ce que Jacques Zimmer, déjà l’auteur d’un intéressant Alfred Hitchcock (billet ici) se propose de nous raconter dans cette regrettée formidable petite collection, toujours très richement illustrée et documentée, « J’ai lu Cinéma ».
C’est suite à un banal accident de cheval l’immobilisant quelques temps que Margaret Mitchell s’attela à l’écriture d’un roman qui allait devenir l’un des plus populaires et des plus lus au monde. Le destin tient parfois à peu de chose. « Une histoire de femme écrite par une femme ».
De femmes, il est beaucoup question ici. En effet, si le choix de Clark Gable pour le rôle de Rhett Butler s’imposa rapidement, la recherche de l’actrice idéale pour le rôle de Scarlett dura une éternité et alimenta toutes les gazettes de l’époque. Une multitude de noms circula, Bette Davis, Katharine Hepburn, Joan Crawford, Paulette Goddard, Susan Hayward et bien d’autres. Le choix du producteur David O’Selznicks’arrêta finalement sur Vivien Leigh, une quasi-inconnue à Hollywood et anglaise de surcroit. « La plus grande chasse à la femme. »
La collaboration entre le producteur et la comédienne sera orageuse. Producteur tout puissant, grossier et coléreux, O’Selznick est réputé pour ses mémos dont il abreuvera son équipe tout au long de ce tournage mémorable. La réalisation fut d’abord confiée à George Cukor qui commença le film mais fut finalement remplacé par Victor Flemming à qui O’Selznick adjoint finalement un certain Sam Wood sur la fin. D’une durée de cinq heures dans un premier temps, le film fut ramené à quatre heures dix-sept pour enfin atteindre sa durée définitive de trois heures quarante. « Un tournage fou, fou, fou. »
Une chose qui m’a toujours amusé à propos de ce tournage, c’est la reconstitution de l’incendie d’Atlanta. D’abord parce que le chariot que l’on voit passer devant les flammes ne contenait aucune des deux stars du film pour la simple raison que la scène fut tournée avant qu’elles soient choisies. Enfin, comme il fallait faire de la place, on brûla tout un tas de vieux décors dont ceux du King Kong de 1933 de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack. Si vous regardez attentivement, vous reconnaitrez l’imposante muraille de bois dont les indigènes se servent pour se protéger du gorille géant et vous la verrez sombrer dans les flammes. Les riverains crurent d’ailleurs à un véritable incendie.
Dépassement de la durée de tournage, coût d’origine multiplié par deux, qui n’empêchèrent pas d’obtenir « le plus grand succès de tous les temps » et dix Oscars dont celui de la meilleure actrice pour Vivien Leigh, meilleur réalisateur pour Victor Flemming et meilleur film. J’aurai malgré tout aimé que l’auteur insiste sur le fait l’actrice Hattie McDaniel fut la première actrice noire à obtenir un Oscar pour un seconde rôle, celui de la nounou de Scarlett. De la même manière aucune mention sur la musique de Max Steiner, compositeur réputé, qui apporta aussi beaucoup au film avec une musique reconnaissable entre toutes.
Finalement, quoi de plus logique qu’un tournage pharaonique pour un film de légende porté par une actrice qui interpréta plus tard le rôle de Cléopâtre !
J'ai lu CinémaISBN 2 277 37001 0143 pages1988