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Who are you Mexican Summer?

Publié le 21 février 2014 par Hartzine

Mexican Summer 5Lorsqu’un saut calendaire d’une année sur l’autre se profile, il est désormais coutume de dresser des listes exhaustives classant les groupes et morceaux ayant fait l’année, en plus de labels sans cesse plus nombreux à assumer les risques de la production vinylique, et ce, malgré ou grâce à la musique en ligne et au téléchargement. D’ailleurs, on ne déroge pas à la règle (lire). Mais au-delà du coup d’éclat, à quoi se jauge un bon label ? A son identité, ses sorties, son activité mais aussi et surtout à son modèle de développement : un bon label est un label qui dure, qui s’inscrit dans le temps et qui par ses choix imprime une esthétique à la fois multiple et référentielle. Le label créé une unité visuelle et stylistique, permettant à l’auditeur déjà acquis de s’y fier presque aveuglément, tout en conservant une diversité musicale intrinsèque. Dans la musique indépendante contemporaine, si l’on veut s’extraire de la ghettoïsation engendrée par les modes de production lo-fi – digital et cassette – il n’y a pas trente-six solutions. Il y a quelques années déjà, au cours d’un long entretien (lire), Julien Rohel, instigateur de Clapping Music, nous livrait de but en blanc l’une des recettes les plus réalistes : aujourd’hui notre modèle économique est quasi le même que celui d’il y a dix ans : tout juste suffisant pour vivoter et se débrouiller. Dans dix ans ? Le même mais avec plus de moyens et avec un ou deux groupes ayant bien explosé, permettant de financer le reste… Pas un truc de masse mais de bons disques qui marchent et qui permettent à la structure de grossir pour se développer et produire dans de meilleures conditions. Je reste persuadé qu’avec les groupes qu’on a, il y a la potentialité de sortir du cercle un peu trop étriqué du réseau indépendant français… Si l’on reste convaincu de l’acuité d’un tel constat, inutile de préciser que les exemples qui viennent à l’esprit pour l’illustrer ne sont pas légions en France quand d’autres, Outre-Atlantique, se posent là, tout auréolés d’une flopée de disques ayant fait date en 2013. Ce qui n’est pas rien à l’heure où tout se perd et se confond dans un fil d’actualité continu, noyant littéralement l’auditeur de nouveautés et rééditions après l’avoir sevré de si longues années. Parmi ceux-ci, les labels Arbutus Records (lire) et Mexican Summer, chacun ayant soufflé en 2013 sa cinquième bougie, méritent un éclairage tout particulier, cristallisant l’attention, par de-là leurs spécificités respectives, autour d’un triptyque de valeurs cousu d’amitié, d’intégrité et d’éthique.

Entrevue avec Andrés Santo Domingo

Mexican Summer by Shan Brackbill
Si Mexican Summer s’est révélé au monde par le biais du LP Crazy For You de Best Coast (lire), sorti en septembre 2010, le label fondé en 2008 par le triumvirat déjà à l’oeuvre au sein de Kemado Records - Andrés Santo Domingo, Keith Abrahamsson et Tom Clapp – n’a pas attendu ce cap de relative exposition pour enchaîner les productions de choix, le plus souvent à l’orée de leur popularité : de Kurt Vile à Washed Out en passant par le Haunted Graffiti, Real Estate, Jacuzzi Boys ou encore l’aujourd’hui encensée Marissa Nadler, dont une chanson à conféré le nom au label et qui vient de faire paraître le 4 février dernier via Sacred Bones (lire), July - structure avec qui ils partagent leurs locaux à New-York. Le plus souvent assimilé à un laboratoire huppé, sorte d’intermédiaire entre la profusion de label cassettes – tel Not Not Fun, NNA tapes ou Night People – et le monde des majors, à la fois courroie de transmission et entonnoir donc, Mexican Summer tend à asseoir son savoir-faire – à l’étendre même sur le terrain expérimental et électronique par la création de Software Recording avec Daniel Lopatin d’Oneohtrix Point Never et regroupant Pete Swanson, Autre Ne Veut, Huerco S ou Co La sous une même enseigne – tout en gardant ses artistes sur la durée avec, en plus des multiples sorties à tirage limité annuelles, quelques productions à plus gros tirages en collaboration avec d’autres labels : il en va des ultimes Peaking Lights (lire) et Connan Mockasin. Entre la fin d’année 2013, et celle 2014 qui se profile, un bon panachage de toutes ces aspirations se dessine, avec les albums de No Joy, Happy Jawbone Family Band, Mood Rings et Quilt, en plus de ceux à prévoir de Weyes Blood, Travis Bretzer, The Fresh & Onlys et Peaking Lights.

Andrés, avec Tom Clapp, tu a fondé de Kemado Records en 2002. Pourquoi avoir instigué ensemble Mexican Summer en 2008 ?

On a commencé Mexican Summer en 2008 comme une division de Kemado Records. Cela faisait presque cinq ans qu’on faisait Kemado d’une façon très traditionnelle, avec un nombre restreint d’artistes par an. Avec tous les bouleversements qu’à connu le music business durant ses années, on s’est rendu compte de la rupture et on a voulu spontanément éditer beaucoup plus d’artistes. L’idée était de ne sortir que du vinyle et du digital. Mexican Summer était la structure qui nous motivait le plus alors on a dédié tous nos efforts sur ce nouveau label.

En 2011, vous avez mis sur pied Software Recording avec Daniel Lopatin. Pourquoi ?

On a créé le label Software Recording après avoir rencontré Daniel Lopatin dans notre bureau. On voulait travailler avec lui sur ses projets Oneohtrix Point Never et Ford and Lopatin. Pendant la réunion il nous a exposé tous les autres projets auxquels il était associé : on a décidé de créer un label avec lui.

Vous semblez très proche d’autres labels… 

On est très proche de Capture Track, mais aussi de Sacred Bones. Mike Sniper de Captured a eu son bureau chez nous pendant plusieurs années alors que Caleb de Sacred Bones continue de diriger son label depuis chez nous. A Greenpoint, on se considère plus comme une famille que comme des concurrents – d’ailleurs on collabore très souvent.

Quels sont les labels qui t’ont influencé dans ta démarche ? 

Même si on essaye de ne pas se comparer à d’autres labels, beaucoup nous ont inspiré : Factory, SST, Vertigo, Motown, Atlantic, Crammed, 4AD, Sub Pop, Bomp! Stiff, Rough Trade, Touch and Go, Warp.

Mexican Summer 2

Comment définis-tu l’identité du label ? 

On n’a pas vraiment de ligne esthétique : on publie ce qu’on aime tout simplement. Plus que notre son, c’est notre public qui fait notre identité. On écoute toute sorte de musiques différentes et les auditeurs qui achètent nos disques aussi. C’est l’ensemble des artistes qui définit Mexican Summer, ce n’est pas untel ou untel qui caractérise le label.

Qu’est-ce qui te pousse à collaborer avec un groupe ?

Pour commencer il faut qu’on adore la musique du groupe avec qui on décide de bosser, en plus de la performance scénique. Mais le plus important est qu’il s’agisse de personnes avec qui l’on puisse s’entendre pour travailler.

De quel disque es-tu le plus fier ?

C’est comme choisir un fils préféré. Impossible !

Comment vois-tu le futur proche de Mexican Summer ?

On n’est pas un énorme label, mais nous sommes plus que deux mecs avec un ordinateur. On est ambitieux, on veut se développer tranquillement, avec intégrité. On a été très excité de publier le nouvel album de Connan Mockasin au Etats-Unis. En début 2014, on attaque avec le nouvel album de Quilt et des Fresh and Only’s sur Mexican Summer et le nouvel album de Napolian et Thug Entrancer sur Software.

Et alors… comment c’est passé votre anniversaire ?

Pour nos cinq ans on a fait une belle fête avec Home Blitz, Bobb Trimble’s Flying Spiders, Mike Wexler, Fresh and Only’s, Tamaryn, Ariel Pink, Soldiers of Fortune, Weyes Blood, Quilt, Linda Perhacs, Happy Jawbone Family Band, Lilacs and Champagne, Co la, Lansing Dreiden, Connan Mockasin, No Joy et Spirtualized. On était tous hyper excité de voir Lansing-Dreiden jouer pour la première fois avec son fondateur principal – Jorge Elbrecht. Cela fait presque dix ans qu’on travaille avec lui et le set a été incroyable. Ariel Pink a chanté le dernier morceau avec le groupe : juste incroyable.

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