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Grappillages 2014 (2)

Par Mauss

Voilà une fin de semaine chargée ! Entre cette communication internet sur le cas Giboulot dont le procès ce lundi va susciter certainement bien des commentaires, la venue des primeurs bordelais sous une certaine tension, notre visite au CERN et un passage en Italie à Reggio dell'Emilia, on a une belle matière à un nouveau grappillage.

Evoquons d'abord l'initiative de Stéphane Derenoncourt qui côtoie, dans son AOC, bien des vignerons qui sont au bout du rouleau. Bordeaux est de moins en moins cette région qui se caractérisait par un lien constant entre toutes les propriétés. Il y avait les locomotives, ces fameux crus classés de 1855 et leurs équivalents en rive droite, et les autres vignerons, bien moins connus, souvent producteurs de beaux vins, le tout cimenté par un négoce qui ne les oubliait pas.

Les choses ont bien changé, chacun ayant une multitude d'arguments, plus ou moins solides, pour expliquer que dorénavant, il y a des marchés distincts où chacun doit défendre son beefsteak sans compter sur une solidarité régionale qui a fait son temps.

Lire ci-dessous le communiqué de presse du bureau de Stéphane Derenoncourt. Bravo pour cette initiative.

edf
On espère tous que les grands noms s'engageront en offrant de grands flacons VISITE AU CERN Grâce à Etienne Klein, nous étions un petit groupe de dix personnes pour une visite privée de cet outil géant créé juste après guerre afin de donner aux physiciens du monde entier, un instrument leur permettant d'aller plus loin dans l'étude sans fin des origines de l'univers.  Une telle opportunité se devait de commencer par quelques agapes de haut niveau, vous vous en doutez un peu. Le Grand Jacques, local de l'étape, avait réservé à notre intention une auberge genevoise qui ne propose que des dîners privés : La Colombière à Lully (ICI). Même si les photos de mets deviennent l'objet de courroux multiples, notamment de la part de chefs ne voulant pas être copiés ou de photographes totalement désolés, comme ABM, de la piètre qualité de ces reproductions volées, il faut dire à quel point le chef, Bernard Lonati, sait associer alla grande la truffe noire aux mets qu'il propose. Ce n'est pas si commun, et il fallait que cela soit dit.  
drf
D'abord une belle grande table rectangulaire. Convivialité assurée. 
drg
Des gnocchis à la purée de truffes. On rêvait de rab :-)  
lpoi
L'adjectif "sublime" pour ce plat n'est pas exagéré : grandissime, aurait dit le Dr Bonobo.  
kiuh
On était tout sourire…
 
dfbh
Quelques mots… D'abord, on notera notre grande sagesse, vu les affrontements intellectuels qui nous attendaient pour le lendemain : pas plus de 9 bouteilles pour dix convives… dont une jeune étudiante de 18 ans. Mais que de beautés ! La découverte d'un meursault d'une finesse rare de chez Ente, une Coulée de Serrant de tout haut niveau, un Loosen à pleurer, et deux monuments du vin : Un VCC 1969 qui m'avait ébloui il y a quelques années et que le petit Vialette a eu la délicatesse de nous le servir à l'aveugle et un La Tâche 1967 qui confirme à quel point ce cru de la DRC est un chef d'oeuvre en soi qui impose un silence majeur. Le Dugat-Py qui suivit, certes honorable, avait un mal fou à dépasser une ruralité où la facilité le disputait à un crémeux superfétatoire. Le champagne (j'ai oublié son pedigree) du Grand Jacques était comme lui : pur droit, mais sans zwinglisme outrancier : excellente entrée en matière. Donc, le lendemain matin, après une nuit face aux vignes de Satigny, tout ce petit monde se retrouve au CERN où nos neurones se sont surchargés de mutons, protons, electrons , matière noire, énergie cachée, bosons et cie. Que des gars sympas mais difficiles d'accès ! Etienne et un de ses copains tout autant charismatique, prénommé Sylvain, ont accepté de répondre à nos questions dont le niveau bassissimo était une grande illustration de la notion d'infini. On vous la fait court : on était tous baba… mais toujours avec le sourire ! 
lkj
Le plus beau port du casque : incontestablement Philippe Bourguignon  
dfb
Philippe et Etienne qui nous a appris tant de choses !   
klu
Bon, c'est clair : la nourriture de la cantine du CERN pour Etienne, c'est pas du michelin. Son pote Sylvain est une incarnation de la modestie assez commune chez les très grands savants. Dans son verre : 
drf
… magnifique magnum offert par Philippe. Fallait vraiment que je sois *£$/%- pour avoir mis tant de temps à replacer au sommet cette AOC - version Perrin (l'autre) - dont cet exemplaire 1998 était céleste !
 
 
dfc
A 120 mètres sous terre, des machines énormes, insensées, aux complications dantesques, requérant des soins d'horlogerie : il faut le voir pour le croire.   
dvg
Savoir qu'une simple soudure défaillante avait retardé de plus d'un an la recherche du boson, et à un coût qu'on n'ose mentionner, c'est un défi simplement monstrueux auquel des milliers d'hommes se donnent sans compter, jour et nuit. La totalité des cables, c'est des centaines de fois la distance terre-lune. Le plus impressionnant dans cette visite, c'est d'avoir ressenti à chaque instant à quel point le monde scientifique est un monde de totale liberté. ici, toutes les recherches sont publiques : pas de dépôts de brevets : on donne ! Aucune interdiction de faire des photos, des films. Plus d'un musée devrait en prendre de la graine. Et tout cela baigne dans un passion de la recherche qui est quasi palpable. Une leçon de chose. Un immense merci à Etienne Klein, à Paola qui fut un guide tip-top et à Sylvain qui ne s'est pas dérobé aux questions de l'origine des choses, vue sous l'angle un peu bateau d'un créateur ou pas, du temps qui reste un mystère, et de cette matière noire qui est un peu leur graal actuel.  REGGIO DELL'EMILIO Un WE dans une ville italienne inconnue jusqu'alors, c'est se ressourcer dans ce que l'Italie a de plus secret : sa vie dans la cité. Si le touriste attentif a déjà remarqué à quel point le transalpin aime discuter de tout et de rien dans la rue, avec des gens qui s'arrêtent, écoutent, interviennent, avec force gestes et expressions, ce matin dans cette riche ville où le parmesan se décline en gourmandise avec le prosciuto, le culatello, la mortadella et quelque trebbiano de Sicile (je ne connaissais pas), ici, dans cette belle ville où un opéra (on y sera demain pour une opérette) trône majestueusement devant un quartier où on ne compte plus les églises flanquées de boutiques à l'ancienne, la vie sociale dehors est un pur moment de bonheur. Vous demandez à un local - dont on a vérifié discrètement l'embonpoint assumé - une adresse où sustenter son appétit  naissant, in petto, avec force mouvements des bras, il vous indique une maison où la déception ne peut être de mise.  Une longue expérience m'a appris à quel point solliciter d'un boucher ou d'un épicier une adresse locale de qualité était une démarche vastement supérieur à la consultation du michelin. Suivez ce sage conseil :-)
 La police municipale semble connaître les individus majeurs de la cité; on se salue avec dignité; les marchands des quatre saisons crient, vocalisent les qualités de leurs légumes; on découvre un aceto balsamico non pas de Modena, mais d'ici et qui coûte aussi cher; on compte toujours une vaste majorité de madonnes dans des églises où le rococco est toujours de mise; les rues piétonnes foisonnent de bambini lâchés en toute liberté : bref, il y a là une vie de cité qui est la chose la plus fascinante de l'Italie. Comment ne peut-on pas tomber amoureux d'un tel pays ?  QUELQUES IMAGES 
oplo
L'opéra. Oui, il fait grand soleil !  
dfv
Des cours interdites, pleines de mystères…  
drf
…Des églises, en veux-tu, en voilà…  
drfv
… avec des tableaux bien païens … : mais que font-ils là ? Peur aux enfants ?  
drf
… des marchés, des tours, de la frippe…  
ascf
… la fiole à € 90 ! Bon : c'est du millésimé…  
dghu
… un déjeuner frugal : si, si !  PS Le Champagne offert à la Colombière par le Grand Jacques : 
dfvg


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