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Laibach au Depot, Leuven, le 10 mars 2014

Publié le 10 mars 2014 par Concerts-Review

Laibach, le controversé groupe slovène est de passage dans notre belle démocratie afin de présenter son dernier né, 'Spectre'.

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Pas d'avant-programme au  Depot, t'as le temps de discuter le coup avec Yves Hoegaerden et Jean-Paul, sans uniforme,  qui comme toi sont impressionnés par le nombre ahurissant de photographes semi-professionnels s'agglutinant frontstage.

Après ' Volk' ( 2006) , les hymnes nationaux de divers pays à la sauce indus, les membres les plus influents  de la Neue Slowenische Kunst  reprennent la route et décident de nous présenter les dix titres de Spectre et quelques unes de leurs compositions antérieures, wagnériennes et ambigües.

Quoi?

S'il y avait des chemises brunes et des bottes noires?

On a vu une rousse tatouée qui buvait de la Stella, il y avait Yves, doux comme un agnelet, qui sirotait une Blanche, le seul costumé était JP, il portait une blanche chemise et un veston strictement aryens!

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21:00, le Te Deum de Marc-Antoine Charpentier retentit, le show débutera par 'Eurovision'.

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Sous nos applaudissements militaires, le solennel Milan Fras, une statue imperturbable et statique ,  la beauté froide, Mina Špiler, distante et  dominatrice,  Janez Gabrič ( drums)  plus les deux synth wizards, Luka Jamnik et Sašo Vollmaier s'avancent d'une démarche martiale, en arrière-plan des visuels géométriques, c'est parti .... des coulées de synthé, un drumming métronomique et la voix récitative et rauque du commandant , à laquelle répond le timbre esthétique de Mina, un premier constat politique sinistre ..Europe is falling apart... sur fond EBM.

A l'instar de Telex, aucune chance de remporter l'Eurovision!

Sur l'écran, un défilé de bottes, 'Walk with me', t'aurais bien accepté l'invitation de Mina mais le ton emprunté par Herr Fras te fait hésiter.

Beats soutenus pour 'Americana', tandis que le mâle, apaisé, chantonne... you gotta do it with a feeling ... le sergent-major brandit un mégaphone pour aboyer telle une garde-chiourme de Dachau ayant passé une nuit blanche, a kinda odd feeling s'empare de tout ton être!

Milan s'éclipse, les autres amorcent ' We are millions and millions are one', t'étais séduit par la belle voix de la diva quand, soudain, le sombre baryton rapplique, du coup la douceur fond comme un esquimau glacé par un jour de canicule.

'Eat Liver', suis végétarien!

Sinon cette plage saccadée est aussi dansante que certains titres de Suicide.

'Bossanova' , non, c'est pas du Jobim, pense à un assaut sonique épileptique ou à une série de petits électrochocs te

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secouant le cerveau.

C'est irrésistiblement dansant.

Voix off' 'You are the best audience, we love you'.

On adore le second degré.

' Koran', un livre de prières atmosphériques, du Slovenian crooning.

Après ce passage détendu, le collectif nous envoie une marche portant admirablement son nom, ' Whistleblowers', titre comparable au 'Fife and drum'  du soundtrack de Barry Lyndon.

Le sentencieux  'No history' reprend le fil politique...Use the wisdom of ancient sages

Call out for heroes

Who will be the creed

Of a new political faith...

Pas au programme de Di Rupo, nous le craignons!

L'inquiétant et sulfureux 'Resistance is futile' achève la première partie.

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Sur l'écran 'Intermezzo' et un countdown de 10 minutes.

Yves est parti au ravitaillement, faut encourager la troupe!

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Set deux.

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Après la lecture de ' Spectre' en part one, le second acte est introduit par une  Walzer te donnant soudain une envie gourmande, un café viennois, crème fraîche et chocolat.

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Une amorce entêtante et majestueuse avec l'ancien ' Brat Moj'.

Si tu piges le slovène.. Brat moj,

ali čutiš pogum, ki ga je dvignila zarja

v borbi za lepoto sveta?...

Majestueux et lugubre à la fois.

Pire encore,' Ti, Ki Izzivaš' et son horrible imagerie expressionniste/guerrière, femmes défigurées par l'angoisse, si bien rendue par Edvard Munch, te plonge dans l'horreur.

Avertissement off: no Sieg Heil, please!

C'est parti pour l'hymne totalitaire ' B Mashina', une belle tranche de martial techno apocalyptique qui te laisse pantois.

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Le symphonique 'Under the iron sky' magnifié par la voix claire de l'inquiétante Fraulein séduit les masses, il sera suivi par le manifeste 'Leben - Tod' et ses beats industriels torturés et oppressants.

Laibach est friand de covers qu'il prend un malin plaisir à profaner, ainsi ' Warme Lederhaut', le 'Warm Leatherette' de the Normal surtout connu dans la version de Grace Jones, vient marteler tes neurones.

'Ballad of a thin man' de Bob Dylan est méconnaissable, le seul indice te permettant de penser à monsieur Zimmerman est sur l'écran, Bob y apparaît jeune et beau.

Furieusement décalé et super efficace.

Pas encore revenu de notre surprise, les iconoclastes attaquent une version robotique de  'See That My Grave Is Kept Clean' du father of the Texas blues, Blind Lemon Jefferson.

Un salut final et une sortie théâtrale.

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Retour des manipulateurs de foule, après une séquence je me fous de tous les clichés utilisés par les pseudo rock stars, on a droit à du Serge Gainsbourg trafiqué et génial,  'Love on the beat'.

La fête s'achève avec le teutonique et tonique  'Tanz mit Laibach' , une danse 'Metropolis' de Fritz Lang.

Exit!

Louvain applaudit pendant cinq minutes mais lorsque le générique de fin de  film défile sur l'écran tout le monde à piger que c'est l'heure de quitter le kino.

Jean-Paul a rendez-vous avec la SNCB, Yves et toi avec le premier bistro ouvert!

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Laibach met le cap sur le UK, Londres le 12 mars!

Photos: JP Daniels et michel


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