Magazine Culture

Game Of Thrones

Publié le 20 mars 2014 par Pauline R. @Carnetscritique

Série créée par David Benioff et D. B. Weiss.

Diffusée depuis avril 2011 sur HBO aux Etats-Unis, depuis juin 2011 sur OCS Choc en France, puis sur Canal + en janvier 2013.

[Critique] Game Of Thrones

           Game of Thrones est à la culture moderne ce que Les Rois maudits (Maurice Druon) ou encore Le Seigneur des Anneaux (J.R.R. Tolkien) ont été dans les années 30 et 50 : une épopée politique, palpitante, dans un cadre moyenâgeux, qui se déroule à Westeros et Essos, deux terres inventées par son auteur, George R. R. Martin. Game of Thrones possède une histoire et une mythologie qui lui sont propres. Dans ce monde imaginaire, une lutte sans merci fait rage entre les Sept Royaumes qui le composent, pour l’accession au Trône de Fer. Au Nord de ces terres se trouve un immense Mur de glace, qui sépare Westeros de la terre habitées par des sauvages et d’autres créatures.

   Comme pour Dexter ou Mad Men, c’est le générique qui symbolise l’essence de Game of Thrones. Par un plan aérien, nous découvrons une carte géographique de Westeros et d’Essos, dont les citadelles sortent de terre, comme autant de champignons architecturaux. Le générique est une animation numérique de maquettes qui représentent les grandes cités de chaque royaume. Tel le chœur dans Henri V, il nous présente les décors essentiels dans lesquels va se dérouler la « pièce ». On pense également au plateau d’un jeu de Risk, célèbre jeu de conquête dans lequel les joueurs avancent stratégiquement leurs soldats. En regardant Game of Thrones, on entre dans un monde sans pitié, jonché d’embuches et de pièges inattendus. 

Les représentants des maisons Stark (Ned et Jon Snow), Targaryen (Daenerys)  et Lannister (Joffrey, Cersei, Tyron, Jamie).
Les représentants des maisons Stark (Ned et Jon Snow), Targaryen (Daenerys)  et Lannister (Joffrey, Cersei, Tyron, Jamie).
Les représentants des maisons Stark (Ned et Jon Snow), Targaryen (Daenerys)  et Lannister (Joffrey, Cersei, Tyron, Jamie).
Les représentants des maisons Stark (Ned et Jon Snow), Targaryen (Daenerys)  et Lannister (Joffrey, Cersei, Tyron, Jamie).

Les représentants des maisons Stark (Ned et Jon Snow), Targaryen (Daenerys) et Lannister (Joffrey, Cersei, Tyron, Jamie).

        La série suit certains représentants des maisons qui composent les royaumes. Après la mort du roi Robert Barathéon, chacun prépare stratagèmes, alliances et autres trahisons en vue de s’emparer du pouvoir. La politique est omniprésente. Chacun avance ses pions lentement pour tenter de détrôner Joffrey (de la maison des Lannisters), l’héritier de Robert. Comme dans Le Seigneur des anneaux, on suit une multitude de personnages, principaux et secondaires, qui nous entraînent dans les différents camps, et dans divers quêtes : manipulations politiques, accession au Trône, voyage initiatique, sauvegarde de la frontière du Mur. Les personnages ont tous leurs objectifs à atteindre, et tout s’entremêle, au fil d’intrigues toutes plus complexes et terribles les unes que les autres. Nous devenons omniscients : nous seuls savons ce qui se trame. Chaque maison a ses raisons de briguer le Trône et d’agir comme elle le fait, dans la guerre comme dans la réconciliation.

     Dans cet univers, la violence est constante. On retrouve des procédés propres au Moyen-Age : les guerres, les tortures, les incestes sont courants, et le roi s’avère être un grand pervers vicieux. La plus grande violence provient néanmoins des stratagèmes mis en place par les Lannister. Le père est sans pitié, ses jumeaux, Jamie et Cercei, cruels et ambitieux. Seul Tyron « le Nain », le fils cadet, détonne. Intelligent, fin, drôle, il est celui qui voit clair dans le jeu des autres. Il se pose presque comme un arbitre : Tyron est un des rares personnages à ne pas être obsédé par l’accession au Trône de Fer ! C’est un personnage intègre, celui auquel on s’attache le plus.

  Les auteurs de la série s’emparent des Sept Royaumes pour créer autant d’univers visuels. A chaque contrée sa palette de couleurs, du bleu froid des habitants du Nord du mur au jaune du désert des Dothrakis, en passant par les couleurs flamboyantes de Port-Réal ou l’univers gris et vert de Pyke. L’image est d’une excellente qualité et rend parfaitement compte du soin apporté aux décors et aux costumes. Les fastes décors sont uniques dans l’univers des séries. Il y a peu de série historique et médiévale. Game of Thrones relève le défit en employant beaucoup de figurants, en tournant en décors naturels (Irlande, Malte, Croatie, Islande, Maroc). On ne lésine pas sur les costumes, déjà couteux pour un tournage de film de huit semaines, alors pour une série (le tournage dure souvent plusieurs mois) !

[Critique] Game Of Thrones
[Critique] Game Of Thrones

        Le fantastique est très présent dans Game of Thrones et la filiation avec Le Seigneur des Anneaux est claire. La magie est présente mais faible au début de la série. Dans l’heroic fantasy, la puissance de la magie est intimement liée à la présence ou non de dragons. Lorsque ces derniers apparaissent dans la seconde saison, la magie se renforce progressivement. Par delà le Mur (on le découvre dès le premier épisode), vivent des créatures aux yeux bleus à la force surhumaine, qui constituent un danger supplémentaire pour les différents royaumes. On les surveille du coin de l’œil par l’intermédiaire du personnage de Jon Snow, engagé dans la Garde de nuit, chargée de la protection du Mur. Il y a fort à parier que, en plus de la lutte qu’ils doivent mener les uns contre les autres, les Sept Royaumes aient à combattre contre ces êtres puissants et déterminés, dont on ne connaît pas –encore- les motivations. Ils laissent planer une menace constante. Bien qu’on l’oublie parfois, les réalisateurs savent trouver l’élément qui nous rappelle de ne pas négliger les « êtres aux yeux bleus ».

          Le « danger » qui plane sur la série est son origine littéraire. L’œuvre est constituée de 5 tomes (dans les éditions anglaises et les intégrales françaises) de plus de 1000 pages chacun. On suit beaucoup de personnages dans un univers très dense et aux multiples retournements. Quand on pense que Lost parvenait tout juste à nous tenir en haleine en suivant plus d’une douzaine de personnages, sur cinq saisons et dans un lieu fixe (une île), on peut se demander si Game of Thrones parviendra à nous maintenir captivés pendant de nombreuses saisons, avec une quinzaine de personnages qui ne cessent de changer de lieu, de mourir, d’apparaître, de disparaître… C’est un énorme pari qui, espérons-le, sera gagné avec talent et succès par les auteurs, les réalisateurs, et les acteurs, pour qui cela demande un engagement total et très long. Réponse –en partie – le 4 avril prochain, avec le début de la diffusion de la quatrième saison sur HBO, aux Etats-Unis.

                Pauline R.


Retour à La Une de Logo Paperblog