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Catherine Péré-Vergé

Par Mauss

Il est comme ça des livres - en l'occurrence une BD - qui en disent bien mieux et bien plus sur le monde du vin que moult ouvrages qui se veulent savants itou.

Simmat et Bercovici viennent donc de publier "La Dame de Pomerol" ou l'histoire turbo de Madame feu Catherine Péré-Vergé, propriétaire de plusieurs vignobles en rive droite et d'un grand domaine en Argentine, sans compter d'autres investissements tels l'hôtel Ostapé en pays basque.

Pour l'avoir un peu connue - elle nous recevait chaque année lors des primeurs pour un déjeuner avec Michel Rolland, son doudou favori - je dois dire que cette BD est simplement magistrale dans l'histoire de sa vie, de ce qu'elle a accompli et dans la description de son caractère qui doit donner des sueurs froides au placide St Pierre qui regrette certainement de l'avoir fait venir si vite là haut, chez lui.

C'est qu'elle n'était pas simple cette dame ! Toujours exigeante et pour tout. On n'ira pas dire que l'humain, chez elle, passait après son vin… mais on a des arguments pour le penser :-)

Jamais contente, comme la voiture éponyme. Toujours active comme dieu pas permis. Pour ces fameux déjeuners GJE, elle était à la fois en cuisine, à la cave, à table, au service, à l'écoute sans se gêner de nous dire que nous, les GJE, ont était des moins que rien à côté de Parker, même si elle nous trouvait sympa et bons vivants.

Fallait pas se servir de La Violette comme du Montviel et qui ne trouvait pas les superlatifs minima pour qualifier son chef d'oeuvre risquait de ne plus être persona grata pour l'année suivante.

A Villa d'Este où elle servait son vin comme Aubert de Villaine les siens, c'est tout juste s'il ne fallait pas rapporter à Pomerol les bouteilles entamées et non vidées. Même qu'elle m'a morigéné grave pour n'y avoir point pensé ! Tout juste si je n'ai pas reçu la facture ! Alors même qu'au Château Le Gay, on ne partait jamais sans un petit cadeau du jour : tablier, tire-bouchon, et autres babioles sympas.

Pingre et avare ? Non : ces mots ne lui correspondent pourtant pas quand bien même les faits sont têtus ! Etat bizarre. Indéfinissable. Qu'un homme parti de rien soit toujours dans la logique "un sou est un sou", OK. Mais quand on est né comme elle avec une cuillère en vermeil dans la bouche, on peut s'attendre à des libéralités au moins égales aux générosités de ses vins. Que nenni : ici on ne lâche rien !… et c'est pour cela aussi qu'on l'aimait cette dame de pomerol.

Lisez cette bande dessinée : une rapicotante leçon des choses de bordeaux. Des clins d'oeil, en veux-tu, en voilà. Un Michel Rolland en tuteur quasi machiavélique, du personnel s'usant plus vite que chez Magrez (ce qui n'est pas peu dire), des enfants qui ont vite connu les gros mots, les punitions, et autres choses cachées spécialités des grandes familles nordiques; et cette volonté farouche, si bien décrite, de s'inscrire à vitesse grand V comme la Moueix du XXIème siècle. 

Bordeaux recèle ainsi de personnages méritant eux aussi leur BD : Henri Dubosq, Jean Guyon, J.L. Thunevin, Jean Gautreau, la famille Bernard, Florence Cathiard et quelques antiquités historiques ayant déjà leurs noms de rue à Bordeaux.

Messieurs Simmat et Bercovici : il y a du boulot !

Tellement mieux et tellement plus intelligent que les pâquerettes d'une Saporta ou les médisances d'un Nossiter.

Merci pour cette BD parfaitement venue pour cette première mémoire d'une dame dont aucune action, aucune vue, aucun rêve ne pouvaient s'accommoder de l'adjectif ordinaire. Ce n'est pas si commun, de nos jours !

kjl

Avec Michel Dovaz

kou

Au premier rang pour écouter Aubert de Villaine, à Villa d'Este. Son graal, son rêve : être la DRC de Bordeaux !


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