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A l’autre bout de l’entrepôt, Frankie Knuckles

Publié le 01 avril 2014 par Wtfru @romain_wtfru

C’était un enfant du Bronx, pur et dureté de la vie, il est parti. Parti à Chicago, après avoir écumé dans les années 70 les clubs undergrounds de New York. Frankie Nicholls de son vrai nom a inventé la House.

 

frankie knuckles

En 1977, à 22 ans, il squatte le Warehouse, un club tout de brique vêtu, où se mêlent les communautés gay et afro-américaine. Ses sets deviennent rapidement connus, savant mélange de Disco et de R&B. C’était nouveau, c’était à la croisée de tous les chemins musicaux à l’agonie de l’époque. Un mélange de tout ce qu’on connaît et adule aujourd’hui, et qui était en perte de vitesse affreuse à l’époque : la Disco, la Soul, le Garage, le Punk, la synth-pop. Un jour, il remarque un panneau, devant un club de la ville, qui mentionne : « ici on joue de la House ». Intrigué, il demande au gérant ce que c’est. Il lui répond que c’est ce qui se joue dans son club, à la Warehouse.

Frankie Knuckles produit de la musique d’entrepôt, donc. Avec sa carrure de boxeur et son visage d’intello, Frankie devient un véritable phénomène, de manière presque instantané : même la jeunesse blanche de l’époque vient assister à ses sets. Jeunesse qui boudait la Disco, musique de pauvre, de minorité, de gay, d’afro-américain, d’opprimé. Musique libératrice. Si Frankie est considéré comme le « Dieu de la House », c’est qu’il a inventé une nouvelle façon de mixer : il n’enchaîne pas les disques, il les superpose. Le sampling est né dans les doigts de Frankie Knuckles. Grâce à une vieille boîte à rythme prêtée par son ami Derrick May, lui aussi producteur de génie et DJ afro-américain à lunettes. M. Knuckles a été un des seuls DJ de ce monde à faire des introductions de plusieurs dizaines de minutes, mêlants violons et trompettes, avant de lancer un set dansant au possible. Les outros étaient stratosphériques. A l’image d’un Nicolas Jaar noir et surexcité.

Génie du mix, génie de la production. Frankie mettra plusieurs années avant de se lancer en studio, à jongler avec les vieux samples du Mowtown et les basslines dansantes de la Disco. Des titres comme You Can’t Hide, sorti en 1986, et Your Love, sorti en 1987 sur le label légendaire Trax, ont influencé et continuent d’impacter des générations d’artistes. En vrac, Dimitri From Paris, Laurent Garnier, Tedd Troje, Disclosure, et même Carl Cox ou Green Velvet ressortent toujours, dans leur mix ou leurs productions, au hasard, un synthé façon Knuckles ou une transition sauce Frankie.

Frankie est décédé ce mardi 1er avril à Chicago, probablement au milieu de son entrepôt, entouré de tours de vinyles toutes plus gigantesques les unes des autres. Il avait 59 ans, prisonnier d’un diabète contracté à l’issue d’un séjour à l’hopital, après une chute en snowboard, qui lui a d’ailleurs emporté son pied droit. Une de ces dernières apparitions en public est cette Boiler Room, en date d’octobre 2013. On vous laisse regarder, écouter pourquoi il est surnommé « Godfather of House ».


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