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Love streams

Publié le 07 mai 2014 par Olivier Walmacq

LOVE STREAMS

Réalisateur : John Cassavetes

Année : 1984

Genre :Drame

Avec :John Cassavetes, Gena Rowlands, Seymour Cassel

L'Histoire : Les retrouvailles touchantes d'un frère et d'une sœur (laquelle vient de divorcer) tout deux en manque d'affection.

La critique d'hdef :

Voici la première fois que sur Naveton Cinéma, nous abordons un film de Cassavetes (Faces, Husbands, Minnie and Moskovitz, Le Bal des vauriens, Shadows, Big Trouble, Gloria...), qui n'est rien de moins que l'un des plus grands cinéastes américains de tous les temps. Il sait saisir la force de l'instant présent et confère à ses films une puissance émotionnelle tout à fait unique dans l'Histoire du cinéma. Ce qui vaut bien une chronique.

LOVE STREAMS

Love Streams est mon film préféré. Le plus beau et le plus sensible qu'il m'ait été donné de voir. Une perle rare, que tout cinéphile se doit de voir un jour. Mais de quoi parle Love Streams ? D'un duo de paumés qui ne demande qu'une chose : de l'amour, de l'affection. Tous deux vont sombrer dans un pur délire, une folie d'amour, un "torrent d'amour", comme le promet le titre. Le film de Cassavetes met donc en scène la première "folie amoureuse" de l'Histoire, mais il fait aussi sombrer ses deux protagonistes (surtout Gena Rowlands) dans un déséquilibre mental, comme s'ils devenaient "fous d'amour" au sens propre. À ce titre, nous citerons évidemment l'hilarante mais terrible scène où Gena Rowlands s'évertue à faire le clown (comme chacun sait, les clowns sont des gens tristes) de manière pathétique face à son mari complètement passif, effectuant les canulards les plus grotesques pour obtenir une réaction. Elle est malade à force de le voir indifférent à son amour. Alors elle fait ce qu'on pourrait nommer un "gag ultime" et se jette lamentablement dans l'eau de la piscine, gratuitement, dans un effort suprême pour faire réagir son impassible mari (Seymour Cassel, terrifiant de froideur et de cruauté).

LOVE STREAMS

L'autre exemple est bien sûr la scène du "zoo" !! Partie chercher "un tout petit bout de chou" d'animal de compagnie, Gena Rowlands, dont l'affection a encore une fois "débordée" (car c'est ça Love Streams : un débordement permanent d'amour), se ramène avec un poulain, six poules et ses poussins, un chien gigantesque, une chèvre, bref, une vraie forêt amazonienne !!! C'est probablement le passage le plus caractéristique de son déséquilibre amoureux.

LOVE STREAMS

Mais parlons maintenant du personnage de John Cassavetes, tout aussi pathétique (c'est le mot exact) en un certain sens. UNE femme ne lui suffisant pas, il dort dans un lit gigantesque avec UNE HUITAINE de femmes ! Son "affection" de s'étend pas seulement aux femmes, d'ailleurs, puisque l'une des scènes les plus énigmatique du film le montre avoir une hallucination des plus étranges : il visualise un homme nu barbu en train de fumer à côté de lui. Il est alors pris d'un rire nerveux.

LOVE STREAMS

Comment interpréter ce passage ? Est-ce le refoulement d'un fantasme homosexuel ou un canular cherchant à perturber le spectateur ? Rien dans le film n'apporte ne serait-ce qu'un début de réponse... Mais à mon avis, la solution se trouve à l'évidence dans la première option. John Cassavetes est un homme seul auquel personne (à part cette chanteuse noire d'une beauté angélique, qui semble une incarnation de la pureté) ne s'intéresse, qui refuse les avances d'un travesti dans un bar mais rêve une heure plus loin qu'un homme nu est assis à ses côtés. Personnage plus que contradictoire, Robert (c'est le nom du personnage joué par Cassavetes) est aussi rejeté par sa famille et ses proches (d'où son état de "perdition affective", un "no man's land" d'amour) comme en témoigne les scènes où son fils lui est confié. Dès son arrivé à la maison, le gosse s'enfuit par la route à toutes jambes. Après que son père l'ait rattrapé, il lui hurle "je te déteste". Cassavetes, comme lassé, répond "c'est normal : je suis ton père". Tout le reste de la journée se passera ainsi, et au fur et à mesure, nous nous rendons compte que Cassavetes est totalement incapable de s'occuper d'un enfant, mais aussi qu'il est alcoolique, ce qui est peut-être à l'origine de la brouille avec sa famille. 

LOVE STREAMS

Robert finira par toucher le fond du trou lorsque sa sœur le quitte et qu'il reste, déserté par l'amour, seul dans sa maison, avec un véritable zoo à ses côtés, les animaux étant finalement peut-être les seuls êtres humains capable de recevoir "autant" d'amour sans flancher comme Gena Rowlands. Nous préciserons au passage que Gena Rowlands quitte son frère pour un inconnu rencontré au bowling qui correspond exactement à ces "gens de la nuit" dont parle Robert dans son livre (il est écrivain).

Love Streams se vit donc comme une odyssée cruelle et poétique aux confins de l'amour, un torrent de sentiments dont l'abondance conduit à la folie et à l'incompréhension des "autres" (car Love Streams est également un film sur les problèmes de communication entre les êtres, car Robert aime "trop" les femmes. Ce problème d'incompréhension  est matérialisé lors de la scène de l'aéroport). Ce film est donc aussi une œuvre sur la solitude. En tout les cas, Love Streams est un film vibrant qui touche le spectateur au plus profond du cœur et marque à vie. Un chef d'œuvre absolu, qui est, je me répète, mon film préféré !

Note : 21/20  


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