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Daniel Pontoreau : de terre et de feu

Publié le 09 mai 2014 par Pantalaskas @chapeau_noir

"C'est ce que je trouve qui me dit ce que je cherche". Le sculpteur Daniel Pontoreau pourrait faire sienne cette maxime admirable attribuée à Pierre Soulages. Car depuis plus de quarante ans, cet artiste nomade et quelque peu secret poursuit un questionnement  dont la réponse semble toujours en devenir :  quel est donc ce mystère de la création ?

Daniel Pontoreau

"Pierre" 2014 Daniel Pontoreau

Quel lien rattache le peintre de la grotte Chauvet  à son frère contemporain dans cette interrogation toujours renouvelée de l'acte créatif?

La terre et le feu

Depuis plus de quarante ans donc Daniel Pontoreau parsème son chemin de propositions jalonnant son passage sur terre, de traces dédiées à cette énigme. Aujourd'hui, il a trouvé, dans l'espace immaculé d'une jeune galerie parisienne, l'endroit pour  témoigner une fois encore, pour poser ici les repères de ce qui le rapproche d'une autre galerie, celle de l'artiste de l' Art Pariétal lui aussi confronté à cette même inquiétude concernant sa présence au monde. A l'image de l'artiste Aurignacien, Daniel Pontoreau  se saisit des éléments fondamentaux propres à l'humanité:  la terre et le feu. Avec ces forces telluriques, l'artiste arpente la longue route des civilisations qui s'en sont emparées pour les dompter au profit de leurs inventions. De la céramique issue de la préhistoire  jusqu'au grès millénaire venu de Chine, le sculpteur contemporain marque sa proximité avec les hommes qui se sont comme lui interrogés sur ce mystère que le quotidien nous fait perdre de vue.

Daniel Pontoreau

Daniel Pontoreau

"Champ du feu"

Déjà en 1992, Daniel Pontoreau s'était emparé du "Champ du feu" dans les Vosges, où il réalisa une installation artistique du même nom. "Chaque élément paraît relié aux autres par des liens invisibles, à la manière des réseaux telluriques. " Entre ses mégalithes  (en fonte de fer) et les cinq cents blocs de marbre venus d’Inde, l'artiste nous renvoie à une cosmogonie, à un dialogue avec le ciel à la manière d'un Stonehenge contemporain.
D'un lieu à l'autre, d'une pièce à la suivante, c'est ce cheminement que parcourt Pontoreau, comme une épreuve, poursuivant ce voyage rituel en quête de réponses. L'exposition de la galerie Fatiha Salem à Paris constitue le " moment " le plus récent sur cette longue route. Le  nomadisme de Daniel Pontoreau n'est pas une posture. Il est l'expression de cette nécessité impérieuse : retrouver à travers le monde les manifestations de cette relation des hommes à la terre. Amérique, continent européen, Inde, Iran, Pakistan, Mali, Algérie ... L'artiste, à la recherche de la création des autres,  a rapporté de ces voyages la mémoire de cette communion millénaire avec la terre nourricière.

Sculpteur de l'invisible

Au-delà même des productions humaines, la relation à la planète passe par les champs magnétiques, les ondes telluriques, l'énergie des volcans, bref toujours par cette rencontre entre la terre et le feu. L’œuvre de Daniel Pontoreau se joue dans ces liens souterrains mais présents qu'il tente de nous révéler. Si bien que, au-delà des "choses" dirait Mark Brusse que réalise l'artiste, c'est, me semble-t-il, d'une sculpture de l'invisible qu'il s'agit. Daniel Pontoreau, de la terre au feu, n'en a pas fini avec ses questionnements et poursuivra sur ce sentier de la création sa quête d'homme sur la terre.

Photos: galerie Fatiha Salem

Daniel Pontoreau
du 20 mars au 17 mai 2014
Galerie Fatiha Salem
58 rue Chapon
75003  Paris


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