The Bay, de Barry Levinson [Critique]

C’est bien de regarder ce type de film à … quelques mois, voire quelques semaines seulement des vacances… Vraiment, c’est comment dire…. super intelligent !!! Quand je plongeais, c’était pareil, j’avais toujours le chic des reportages sur les grands blancs, bouledogues ou taureau à quelques semaines de mon départ… et que dire de venir le poster ici chez nonopool le brestois qui aura désormais un regard différent sur sa mer à lui tout seul là devant ses yeux !!!

The Bay © Lionsgate

Le synopsis officiel : Dans la baie du Maryland, une bactérie non identifiée semble-t-il contamine l’eau et tous ceux qui s’en approchent.

Voila c’est tout… rien de plus… rien de moins… et vous savez quoi ? c’est suffisamment court pour vous dire "oh allez une méchante bactérie, allez on va regarder ce que c’est, ils laissent planer le mystère". Des noms d’acteurs ? bin… non y’en a pas non plus à vrai dire…. enfin si mais ce n’est pas important en fait… je vous les liste toutefois mais vraiment ça ne compte pas et vous comprendrez pourquoi ensuite : Kristen Connolly, Nansi Aluka, Frank Deal, Christopher Denham, la suite ICI.

Mon synopsis à moi :
"Près de la baie, une usine productrice de volailles… des milliers de poulets enfermés en batterie d’élevage dans des conditions insupportables. Ces animaux produisent des tonnes et des tonnes de déjections qui seront déversées non loinde la baie de Chesapeake… très rapidement l’eau va se charger de toxicités en tout genre et malheureusement les fientes contiennent un taux très élevé de bactéries et autres matières très toxiques. Ici, il s’agira de donner à des animaux préhistoriques encore vivants la faculté de croître plus vite et d’atteindre une taille hors norme. Ces animaux, charmants !, les isopodes vont donc contaminer l’eau et en conséquence tous ceux qui se baignent et boivent de l’eau…"

Barry Levinson, réalisateur entre autres de Good Morning Vietnam, Panique à Hollywood et producteur d’une série surprenante dans le milieu carcéral mais géniale, Oz , nous emporte dans un film qui n’a rien à voir avec le genre cinématographique auquel il nous a habitués. C’est en effet la méthode District 9 ou surtout Blair Witch, premier film tourné ainsi, qui sera appliqué. Le film est produit de façon totalement différente d’un film classique car Barry Levinson, à la suite d’un reportage qui l’avait profondément marqué, avait décidé de réaliser ce film d’horreur écologique comme un vrai reportage. La raison en est très simple en fait : lorsqu’il a vu aux JT un soir un réel problème de pollution écologique, il a été alarmé par la non-prise de conscience des gens sur l’importance aujourd’hui de se mobiliser et de faire attention à notre environnement. Pour lui, il était donc naturel de tourner le film à la manière d’un reportage car il pensait ainsi peut être avoir un effet drastique sur les mentalités. Même si je ne suis pas sûre qu’il a réussi, la réalisation est pourtant -et malgré ma surprise- très bien ficelée. Là où le film innove encore plus, c’est qu’aucune caméra "de cinéma" ne sera sur le tournage. Tout le film est fabriqué avec des caméras super 8, des caméras numériques ou des caméras intégrées sur téléphone : cela permet un rendu plus réel et de fait, plus sérieux, plus intime, n’importe qui pourrait avoir filmé ces scènes : on n’est pas dans le gore ou l’horreur pure car ce que Levinson voulait c’était définitivement heurter le public et leur dire "hey ça peut arriver, ça n’a rien de fiction… ça peut VRAIMENT arriver". Ce n’est donc pas vraiment le film d’horreur classique auquel on pourrait s’attendre, que tous les amateurs du genre se rendent bien compte avant d’aller louer le film !

Le point fort du film : le tournage bien évidemment ! Le rendu des séquences est troublant car on voit par à-coups de scénettes la progression de l’action en suivant telle ou telle personne. A la manière d’un vrai magazine, on nous donne l’info à l’heure H, et on y revient plus tard si quelque chose de nouveau s’est produit. Le tournage a duré 18 jours seulement !!!  Pour ceux qui connaissent Blair Witch, cité plus haut, on est exactement dans le même domaine…. Autre point fort : l’utilisation de cet animal bizarre appelé "isopode" car cette chose existe réellement et mange la langue des poissons… je n’en dis pas plus !

C’est très dérangeant, le thème du film est très dérangeant…  bien évidemment une prise de conscience sur un problème de société et sur la faculté des dirigeants à vouloir cacher la vérité afin de pouvoir encaisser plus d’argent, le mal même de notre société de surconsommation où la population semble dans le béni-oui-oui prête à accepter tout et n’importe quoi. Et ça ça fait très peur !!! Cette pseudo réalité qu’on touche du bout de la caméra nous fait vraiment nous poser des questions !

Ce que j’en ai pensé ?

Sincèrement, j’avoue avoir été surprise par le style du film et m’attendais à visionner un film d’horreur tel qu’on en a l’habitude. Donc un peu désarçonnée au départ, voire même un peu déçue, mais en fait, très vite, on regarde comme s’il s’agissait d’un journal télévisé ou encore un journal spécial en continue qui remplacerait les émissions programmées à cause de l’urgence et l’ampleur de l’actualité brûlante…

Sorti en salles e juin 2013, la critique l’a très bien accueilli !

• "Barry Levinson s’essaie, avec un succès inattendu, au found footage. Construit comme une solide enquête journalistique, "The Bay" est un film catastrophe épuré et anxiogène." [Fiches Cinéma]
• "Ce captivant motif de la viralité, Barry Levinson l’applique également à son récit, chaque nouvelle fenêtre de caméra menant à une histoire inédite dans une mosaïque de portraits (…)." [Les Inrockuptibles]
• "Le résultat est à la fois horrifiant et vraisemblable, d’autant que certains éléments de la fiction sont inspirés de faits réels." [Première]

Pour ceux qui aiment l’horreur pour l’horreur : oubliez, ça ne vous plaira pas, pas assez gore ou sanglant ! Pour ceux qui aiment mêler l’horreur fiction à la vie réelle, allez-y, vous pourrez ensuite crier à la théorie du complot. Perso, j’ai bien aimé et je pense que cette façon d’amener le sujet était très bien vue de Levinson.

Une petite bande annonce pour vous faire plaisir …