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Michael Jackson "Xscape"

Publié le 09 mai 2014 par Sagittariushh @SagittariusHH
/ 9 mai 2014

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Excusez-moi si j’ai accueilli l’arrivée de ce second album posthume du King of Pop avec autant d’appréhension, le malaise du premier album posthume Michael m’a rendu EXCESSIVEMENT méfiant. Comme beaucoup de monde, j’ai été ultra-fan de MJ durant mon enfance et adolescence, alors pas touche à mon idôle. Alors evidemment, j’ai redouté, et repoussé l’écoute d’Xscape, le plus possible. J’ai réécouté attentivement toute sa discographie pour m’autodissuader de commettre une erreur, et finalement j’ai cédé. À raison.

Parmi les innombrables morceaux jamais publiés par Michael de son vivant, John Branca (avocat spécialisé dans la musique et responsable du catalogue de MJ), Antonio "L.A." Reid (Ex-Laface et Def Jam et aujourd’hui responsable chez Epic) et le super-producteur Timbaland (co-producteur exécutif) en ont retenu… 8. C’est une chanson de moins que l’oeuvre intergalactique Thriller. Huit fois 2 pistes pour la version deluxe qui intègre les démos originales plus une autre version du single "Love Never Felt So Good" avec Justin Timberlake. D’où l’idée pour cette revue un peu spéciale de confronter les versions 2014 de chaque chanson aux anciennes.

"Love Never Felt So Good"

J’ai d’abord écouté la version originale enregistrée avec Paul Anka au piano plusieurs mois après la sortie de Thriller. Claquements de doigts, un piano groovy et la voix de Michael suffit pour rendre cet enregistrement magique et sans défaut. Impossible d’y résister. Ce qu’ont fait John McClaine (qui n’est pas le héros de Die Hard) et le jeune producteur néerlandais Giorgio Tuinford a été d’emphaser ce groove originel avec des instrumentaux funk, en ajoutant des arrangements supplémentaires, des violons aériens et une rythmique qui n’altère en rien le charme de l’original.

La seconde version ré-actualisée signée Timbaland semble plus actuelle, bien que très proche de celle de Tuinford et McClaine avec ces guitares funky, les différences se situant sur le mixage et quelques arrangements, et bien sûr la présence de Justin Timberlake. Néanmoins l’esprit ressuscité de Michael éclipse totalement le sympathique JT qui peut pâlir malgré son assurance naturelle.

Mon choix : démo et version produite par McClaine et Tuinfort.

"Chicago"

Rien à voir avec la chute de studio enregistrée pour Bad, celle-ci a été conçue pour Invincible en 1999. Et effectivement, l’originale (produite par Cory Rooney) avait besoin d’un sérieux rafraichissement que Timbo a réussi avec panache. Sans trop toucher à la mélodie de base, le producteur de Virginie fait honneur à Michael Jackson avec cet instrumental fidèle au style de MJ avec un beat ultra-moderne.

Mon choix : version 2014 produite par Timbaland.

"Loving You"

Inutile de préciser que la savoureuse démo a été conçue pour Bad, juste que ça s’entend. L’interprétation de Michael était déjà parfaite, ce n’était pas un travail de titan de mettre l’instrumental au goût du jour mais c’est de l’excellent travail et le soin apporté aux détails est bel et bien là. Ceci dit, bien que l’originale ait vieillie, si on la replace dans le contexte de l’époque (soit il y a plus de 25 ans), on accède à une forme intemporalité. Dans les deux cas, le romantisme des paroles et de l’auteur fera fondre les auditeurs les plus sceptiques.

Mon choix : ex-aequo démo et version 2014.

"A Place With No Name"

L’enchantement de la version démo (conçue à la fin des années 90 avec Dr Freeze) est instantané. Au début on imagine qu’il s’agit d’une reprise du standard folk "A Horse With No Name" du groupe America tellement la ressemblance est frappante. Ce n’est pas le cas, mais c’en est fortement inspiré, jusqu’à ce que le refrain arrive et là on part au niveau supérieur, dans un endroit pacifique et rayonnant où seul Mijac sait nous emmener. L’intervention des Stargate sur la mise-à-jour gâche tout. Au doux air de guitare sèche extrêmement agréable fait place une mélodie synthétique dont les notes évoquent "Leave Me Alone". On ne retrouve plus cette inspiration des America qui semble importante à mes yeux (ou oreilles plutôt).

Mon choix : version démo, très largement.

"Slave to the Rhythm"

Impossible de passer à côté de cet extrait choisi pour la publicité avec le nouveau modèle de smartphone de la marque Sony. Michael est même réapparu interpréter ce single en hologramme lors des Billboard Awards. Le beat uptempo sophistiqué jouit d’un avant-gardisme et d’une technicité dans la lignée d’Invincible que Bambi n’aurait probablement pas renié (et dont on imaginerait bien une chorégraphie énergique). Cette chanson à l’origine co-écrite par LA Reid et Babyface avait franchement besoin d’un beat qui fasse plus bouger le corps que l’original, bref, plus actuel et remuant.

Mon choix : version 2014 produite par Timbaland.

"Do You Know Where Your Children Are"

Là aussi, comme "Loving You", il ne fait aucun doute que cette chanson était prévue pour Bad. Cela a du sens de proposer un morceau qui parle de la jeunesse chère à Michael (en faisant abstractions des histoires douteuses sur ses rapports avec les enfants). Encore une fois Timbaland et son comparse J-Roc ont bien étudié le style musical de MJ pour créer une nouvelle version tout à fait acceptable. La démo n’en demeure pas moins intrigante, on ose imaginer sa place dans le tracklisting de Bad si elle était plus travaillée.

Mon choix : ex-aequo démo et version 2014.

"Blue Gangsta"

Conçue pendant les sessions d’Invincible avec Dr Freeze, le constant est le même que pour "Chicago" : l’instru original sonne daté, et les accordéons carrément désuets. Timbaland apporte sa touche personnelle en intégrant un beat typé trap music. Pourquoi pas? C’est d’aujourd’hui et Michael a toujours su créer la meilleure musique de chaque époque. La philosophie est encore une fois respectée, bien qu’elle puisse être discutable.

Mon choix : version 2014 produite par Timbaland.

"Xscape"

Cette chanson, comme  la présente, était prévue pour Invincible. On retrouve sur cette production de Rodney Jerkins ce côté r&b industriel et sophistiqué qui caractérisait "Unbreakable", "Heartbreaker", "Invincible", "Threatened"… mais un cran très en dessous niveau détails sonores. On n’est pas dans "l’ultra-sophistiqué", la maestria. Et avec le recul, la clarté du morceau ne convient pas aux titres que j’ai cité, toujours très futuristes aujourd’hui. Le Darkchild a revu sa copie pour cet album en raccourcissant le morceau et le rendant moins complexe, ce qui est dommage. Rajouter des cuivres est une bonne idée pour le rendre plus accessible, mais c’est une solution de facilité.

Mon choix : difficile à dire…

Les sempiternelles questions relatives aux albums posthumes refont surface : est-ce que l’artiste aurait validé ces choix artistiques de son vivant ? Surtout quand on connaît le degré d’implication de Michael Jackson dans sa musique allant jusqu’au niveau subatomique. Ses gimmicks et ad-libs manquent, mais ils n’existent pas et on ne va pas les inventer. Ne devait-il pas y avoir non plus "I Was the Loser" dans l’objet final? Puis quand on y repense, il n’y en avait plus tant que ça sur Invincible donc on se situe dans la continuité. Le but d’Xscape n’est pas de singer Michael Jackson en payant des ingénieurs du son sans aucun génie, le défi n’était pas seulement de re-masteriser des archives en développant des instrus neufs et contemporains, mais poursuivre la démarche artistique et esthétique de Michael. Et ça seuls l’avis des fans et des proches de Michael, pourront en attester. Pour ma part, par rapport au premier album posthume qui est un véritable raté, Xscape est tout à fait crédible et je crois qu’on peut saluer Timbaland. Ces huit chansons valent la peine d’être écoutées.


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