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Labyrinth (2012): on s’y perd

Publié le 28 mai 2014 par Jfcd @enseriestv

Labyrinth est une coproduction entre l’Allemagne et l’Afrique du Sud qui a été diffusée dans plusieurs pays européens depuis 2012 et qui a pris les ondes de CW les 22 et 23 mai dernier aux États-Unis et WGN au Canada. L’action se déroule sur deux périodes parallèles à Carcassonne en France, soit en 1209 alors qu’un petit village peuplé de cathares est assiégé par une armée catholique envoyée par le pape Innocent III. Anaïs Pelletier du Mas (Jessica Brown Findlay) et son père Bertrand (Danny Keogh) sont les détenteurs du secret entourant le Graal et sont poursuivis par des chevaliers prêts à tout pour se l’approprier. Dans la même veine, on nous transporte dans les années 2000 alors qu’Alice Tanner (Vanessa Kirby) arrive dans la même région afin de prêter main-forte à une équipe d’archéologistes et tombe sur une bague et un bracelet ayant appartenus à Anaïs et son mari. Dès lors, elle se met à avoir des visions de ce qui s’est passé à l’époque, mais elle est aussi traquée par la richissime Marie-Cécile de l’Oradore (Claudia Gerini) qui est à la tête d’une secte en quête d’immortalité et qui entend percer le secret du Graal. Adaptation du best-seller éponyme de Kate Mosse, Labyrinth souffre du même problème que Da Vinci Code : elle perd toute son intensité à l’écran et est beaucoup trop verbeuse. La trame sonore, la recréation d’époque et les prises de vues de cette région de France ont beau forcer l’admiration, ces caractéristiques comptent bien peu dans la balance, notamment à cause des héroïnes, certaines trop passives, d’autres trop déchaînées, si bien qu’on a plus d’une fois envie de changer de poste.

Des folles furieuses

Labyrinth (2012): on s’y perd
En 1209, les Pelletier du Mas sont des seigneurs vivant au sein d’une communauté sereine qu’une inquisition commandée par le pape vient tout chambouler. Mais le véritable ennemi se trouve à l’intérieur de la ville : il s’agit d’Oriane (Katie McGrath), la sœur d’Anaïs. Un après-midi, celle-ci questionne tout bonnement un serviteur quant aux ragots qui courent à son sujet et ce dernier lui apprend qu’elle est issue de l’amour adultérin entre sa mère et un illustre inconnu. Il n’en faut pas plus pour que cette jeune dame mette un plan de vengeance à exécution… et quel plan! Elle commence par coucher avec son beau-frère Guilhem (Emun Elliott). Puis, comme elle sait qu’Anaïs garde en elle le secret du Graal, Oriane fait traquer, sinon assassiner, tous ceux qui lui sont proches. Mais ce n’est qu’un commencement. Elle fait ensuite empoisonner son père et épouse le chef de l’armée catholique venue razzier les cathares, pour ensuite poursuivre de sa vindicte sa sœur.

L’action se déroulant dans les années 2000 est aussi extrême. Après qu’Alice ait affirmé avoir trouvé une bague dans le site de fouilles archéologiques, un bain de sang est déclenché, signature de Marie-Cécile qui est une autre furie qu’on est incapable d’arrêter. Lors de soirées mystiques où les membres de la secte se rencontrent, elle égorge un homme qu’elle soupçonne de traitrise. Elle trimbale toujours dans son sac à main un revolver qui lui est d’un grand secours puisqu’elle tire sur tout ce qui bouge; détective, associé, amant, alouette. Peut-être que dans les 500 pages du livre, on apprenait à mieux connaître les victimes, mais ce n’est pas le cas dans la série et leur sort nous importe peu. Cette indifférence est accentuée par les scènes de violence qui sont tournées pour se mériter un classement « Général », bien loin de Game of Thrones. On voit très peu de sang et lorsqu’on porte le coup final, l’angle de caméra change pour éviter de choquer. En somme, rien de bien convaincant, ni d’engageant.

Labyrinth (2012): on s’y perd

Impuissantes jeunes femmes

Face à ces énergumènes, Anaïs et Alice font pâle figure. La première ne cesse de fuir puisque tous lui veulent du mal. Tous ses proches finissent par être éliminés, si bien que le secret qu’elle possède entourant le Graal se révèle être davantage une malédiction. On est surtout consterné du fait qu’elle ne cherche jamais à se venger de sa sœur. Pour ce qui est d’Alice, c’est pire. Ses visions du monde médiéval la confinent dans un rôle de spectatrice. Jamais elle ne cherche vraiment à savoir ce qui se passe et si ce n’était de ses proches qui tentent de percer les mystères, elle resterait dans le noir du début à la fin. Comme l’écrit Liane Bonin Starr dans sa critique : « Initially plenty of things happen to our two female leads, but they’re mostly on the receiving end of bad luck. For quite a while, they’re at the mercy of plot, not manipulating it themselves.»

Labyrinth (2012): on s’y perd

Une finale… agonisante

Mais quelles sont donc les vertus du Graal? Comment se fait-il qu’Alice soit aux prises avec de perpétuelles visions? Quel est le but ultime de Marie-Cécile? Toutes ces réponses nous sont données dans une scène finale qui dure environ 30 minutes. C’est qu’Oriane a enfin retrouvé la trace de sa sœur et la confrontation entre elles, Guilhem et quelques gardes voit le jour. À l’extérieur d’une grotte, les hommes se battent à coups d’épée et tous meurent. Guilhem, qui a été touché au ventre, a cependant assez de forces pour rejoindre les deux femmes, mais peine perdue : Oriane a poignardé Anaïs et il poignarde Oriane. Si cette dernière meurt sur le coup, c’est le contraire pour les époux dont l’agonie est interminable. En parallèle, Alice apprend ce qui s’est réellement passé et surtout, qu’elle est la propre descendante d’Anaïs. Pour ce qui est du Graal, il n’existe pas vraiment; c’est un sentiment de bonté et de générosité que l’on porte dans notre cœur. Quant à l’immortalité dont il est le supposé garant, c’est plutôt la mémoire des proches et de descendants qui constituent la vie éternelle. Toutes ces informations (peu satisfaisantes) nous sont déblatérées d’un seul coup si bien qu’on a l’impression que les personnages sont en train de lire le dernier chapitre du livre. Beaucoup d’informations à retenir et presque plus d’intérêt dans le compteur.

Labyrinth a attiré 1,3 million de téléspectateurs lors de sa première et en a retenu 940 000 pour sa finale. Comme mentionné à propos de l’adaptation de Rosemary’s baby, il n’y a qu’un pas entre le ridicule et le chef-d’œuvre lorsqu’il est question de représentation à l’écran de thèmes entourant le mysticisme. À l’opposé du remake du film de Polanski, l’acquisition de CW ne passe tout simplement pas le test.


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