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Vaud et Valais

Par Mauss

J'ai des amis suisses, bien nés de pères et de mères helvètes 100 %, ce qui veut dire, ignares que vous êtes, qu'ils ont des poignées de main labellisées Caterpillar, et qu'ici les hugs se comptent par trois : d'abord la joue droite, puis la gauche, puis de nouveau la droite.

Qui ne pratique pas bien ces préliminaires part sur de mauvaises bases relationnelles : il faut que cela soit su :-)

Si le genevois, passablement ouillé par de multiples nationalités d'ailleurs, commence à faiblir dans ses spécificités helvètes, soyez assuré qu'il n'en n'est rien chez le vaudois et encore moins chez le valaisan, surtout si leurs activités majeures touchent le monde du vin, comme producteur ou comme consommateur… car ici, que oui, on consomme avec grande sagesse et solides réflexions dont les plus sérieuses s'abstiennent de mots prononcés pour se limiter à quelques gestes, froncements de sourcils et autres agacements manuels.

Depuis mes études post-universitaires genevoises, il faut dire que du jeûne genevois à la poppée de poreaux (très probablement mal écrite) des retours de ski, des dégustations aux Bastions dans l'antre du Grand Jacques aux cueillettes de morilles et autres gâteries  champignonesques des Glières, tout aurait dû me mettre dans une catégorie inexistante de permis "E", E pour "étudiant méritant la citoyenneté hélvétique", vu le soutien exceptionnel de Roberto (les genevois connaissent cette maison historique où la pasta ne venait jamais sans la crema), des connaissances à base de larges pratiques des Fendants, Johannisberg, Cornalin, Dôle (de Chamoson) et autres joyeusetés bacchiques de ces 3 cantons francophones que me faisait notamment découvrir le très grand Fredy Girardet à Crissier : toute une époque…

De ces années septante, on retiendra également la relative liberté de circulation, les compréhensions douanières de retour de marché, et une certaine légèreté de la vie qui n'avait pas de prix. Si les filles de Lausanne méritaient largement la première place en Helvétie, les genevoises, plus marquées par les rigueurs calvinistes étaient d'une approche plus délicate : fallait savoir négocier… mais vous le savez, chez les Bons Pères, on nous avait appris la négociation :-)

Maintenant, certaines choses ont bien changé. Votre stress est totalement alimenté - si vous conduisez - par des multitudes de radars, des signaux lumineux changeant toutes les 5 minutes, des travaux dantesques de bétonnage d'autoroutes pourtant bien conçues, et finalement des effets permanents d'accordéon totalement en désaccord avec ces belles musiques locales, assez proches des claques musclées des teutons sur leur culottes de cuir parsemées d'edelweiss amoureusement cousues par de fières matrones sachant garder les foyers jaloux dans une propreté exemplaire.

Bon, laissons ses souvenirs douteux de côté pour dire quand même quelques belles choses sur cette expérience de deux jours, demain étant encore valaisan pour une dégustation spéciale qui fera l'objet d'un billet idoine.

D'abord une belle visite au Domaine Cornulus, Clos des Corbassières, où Stéphane Reynard et Dany Varone font partie de la crème valaisanne des meilleurs producteurs. Bon : évitez la route des vignes pour monter à Savièze : sa pratique requiert une attention de tous les instants, ce qui n'est pas forcément à la portée du touriste de passage. Prenez la belle route qui part de Sion. 

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Les marchands de chapeaux étaient des gens riches en Valais

Photo extraite du site "Cornulus" : ICI

Le nombre des cuvées proposées à la clientèle est assez impressionnant avec ici, en Suisse, une spécificité à l'opposée de l'Allemagne : les vins bon marché sont relativement chers alors que les vins haut de gamme sont relativement bon marché.

J'ai retenu, d'une exceptionnelle finesse et élégance, une humagne blanche et un cornalin s'affichant avec l'orgueil des cépages rares, et un syrah qui nous rappelle à quel point ces syrahs suisses avaient été capables - et le sont encore - de battre à plate couture les grands noms du Rhône car, indéniablement, elles ont ici une fraîcheur qui est leur signature incontestée.

On verra Stéphane très certainement à Villa d'Este, tant il est vrai que la Suisse commence à comprendre la nécessité d'exporter ses crus, un peu à l'image de ce que fait Willi Klinger pour les vins autrichiens. 

Hier soir, deux locaux me prennent en charge pour un dîner à Sion, histoire là encore de découvrir d'autres noms, d'autres cuvées.

Ces deux chenapans, José Vouillamoz - local de l'étape - et Gilles Besse (Domaine Germanier) me font l'honneur d'une toute grande maison de restauration : "Au Coq en Pâte" du couple Theler.

Comment vous dire cela sans tomber dans l'hyperbole ? En mots simples : mon repas de l'année avec quelques uns de Pégouret et Fréchon. Images :

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D'abord mes deux zozos, cornaks de la soirée :Gilles et José

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La Patronne, qui conseille si bien les choix des vins

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En entrée, carpaccio de foie gras : à l'aise un ***

 

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Jamais dégusté un poisson *** aussi fin qui fondait littéralement en bouche : certainement un mode de cuisson particulier

 

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Une volaille fondante sous une peau croustillante, là encore un pur ***

 

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Un vin qui met le Régamey à la niche : une rareté de bénédictin.

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Pas sûr qu'il y en ai 1000 bouteilles par an :

faites fissa copain avec le Grand Jacques. je crois savoir qu'il en aura un petit peu.

On va faire plus que simple : c'est une maison où il faudra porter vos pas avant votre trépas. Je compte bien convaincre du voyage quelques amis chefs comme Dutournier, Nadia Santini et Alain Pégouret. 

Il y aurait plein d'autres choses à dire sur ces vins valaisans capables de tenir la dragée haute, question finesse, élégance et personnalité à plus d'un titulaire honorifique bénéficiant d'un nom de région plus répandu. 

Travail du jour : rencontrer Maurice Zufferey, une autre sacrée pointure de ces montagnes suisses.Ayant pris comme argument que le Grand Jacques me couperait son amitié si je ne le contactais pas, ce grand vigneron, a eu l'élégance de me dire qu'il sera libre dès 14H.

Me reste plus qu'à trouver un autre prodige local pour taster la cuisine de la Sitterie dont le Grand Jacques me bafouiulle le nom tant il en est encore émotionné : c'est dire !

POST SCRIPTUM DE CE QUE VOUS VOULEZ

Un mien ami, voulant me remercier de toutes ces années GJE où il a pu faire d'accortes rencontres, songeant à ma prochaine retraite oisillons, herbe fraîche et sommets alpins, me met en tête de liste pour l'occupation saisonnière de l'habitat suivant où il me confirme que oui, il y aura un espace topettes (photo des 3 fournisseurs) et l'électricité pour que je puisse toujours écouter aussi bien andante que fortissimo, mes Bach favoris.

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Un nom bizarre mais plein de religiosité : la jeune donzelle est juste là pour l'échelle et non pour des lubricités interdites !

Pas sûr que Madame Mauss développe pour cette perspective de retraite un enthousiasme d'envergure.

gitu

Pratique interdite de lévitation pour "P'tit Rouge"


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