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Rien à voir avec le vin

Par Mauss

Voilà un billet ultra prétentieux, qui aurait mérité des relectures infinies.

Ecrit à chaud à Firenze, suite à une lecture en avion du dernier opus de Jean d'Ormesson, un auteur que j'admire mais dont le dernier livre m'a chauffé les neurones.

Je vais me faire morigéner par Etienne Klein qui me reprochera une écriture maladroite, mauvaise et certainement en manque d'un argumentaire plus solide.

Mais bon : c'est simple. J'avais besoin d'écrire cela.

LETTRE OUVERTE A JEAN D'ORMESSON

Jean,

On se connaît depuis que l'on s'est croisé avenue Pierre 1er de Serbie où tu garais ta Porsche du moment. Les années 70.

On se revoit tous les dix ou vingt ans, on se fait le baci habituel sans avoir le temps, hélas, d'échanger sur ce qui t'obsède dans tes derniers opus: le sens de la vie.

Je suis fâché, courroucé. Ton dernier livre, écris un peu à la va-vite, est bien loin des idées, des réflexions de tes deux opus précédents sur ces questions fondamentales de l'homme dans l'univers.

Tu deviens voltairien sur la fin de ta vie ou quoi ?

D'abord, il serait nécessaire, fondamental, que tu relises l'ouvrage de Barjavel, « La Faim du Tigre » qui pose le fondamental de toutes choses : on est là sur cette planète, fleur, arbre, animal ou homme dans le but fondamental, sinon unique de se reproduire. S'il y a eu une instruction d'ailleurs pour l'évolution du monde, c'est fondamentalement celle-là : tout doit se reproduire, quitte à se battre, à tuer, à manger, à tout faire pour dominer et pouvoir asseoir sa race : fleurs, arbres, animaux, hommes. Oublier cet aspect des choses, c'est simplement partir sur des bases éthérées, incomplètes, insuffisantes.

Ensuite, il eût été nécessaire que tu n'oublies jamais de dire à quel point tu as été privilégié dans ta vie. Comment voudrais-tu qu'un homme du sahel, qu'un pauvre indien, qu'un esclave pakistanais puisse simplement suivre le début de tes raisonnements ? Tout ton discours est celui d'un nanti et la simple liste page 105 et suivantes de ce qui t'a éduqué vers le beau est dramatiquement, totalement inutile pour la vaste majorité de l'humanité.

Mis à part ces deux limites qu'il aurait fallu impérativement mettre en exergue, il est quelque part navrant que l'essentiel ne soit tout simplement pas évoqué.

L'essentiel est simplement que la notion de dieu (par respect je préfère les minuscules) a été totalement volée par des religions, quelles qu'elles soient, pour une faire un outil de contrôle de la société par quelques privilégiés. Inutile de rappeler ici à quel point ces religions ont utilisé la notion de dieu pour des massacres inouïs, des classes d'esclavage, des soumissions dramatiques. Comment peux-tu ne pas parler des églises qui ont assassiné l'idée de dieu telle que tu la présentes ?

Par ailleurs, je connais bien des scientifiques qui n'ont absolument pas besoin de cette notion divine pour avoir une vie cohérente, heureuse, sage et attentionnée pour autrui. Il n'est absolument pas nécessaire de croire en un dieu pour donner un sens à sa vie, quand bien même personne ne sait - ça, tu le répètes ad libitum - ce qu'il y avait avant et ce qu'il y a après.

Et ce n'est pas parce que les outils actuels ne permettent pas de présenter ce qu'il y a de l'autre côté du mur de Planck que cela doit justifier je ne sais quel concept divin comme seul palliatif d'une harmonie qui reste encore à trouver.

On peur accepter le mystère sans obligatoirement entrer en religion. On peut avoir l'humilité de simplement se dire que les générations futures créeront probablement de nouveaux concepts qui seront discutés, analysés, contestés.

Asimov l'a dit en un petit paragraphe : la notion de dieu est venu le jour où l'homme a eu conscience qu'il était mortel. Dieu est né de la peur. Pas d'autre chose. C'est un très mauvais départ, à tout le moins.

Bref : tu nous dois impérativement un nouvel opus où tu laisseras de ton côté ta belle éducation et où tu diras le fond des choses sans craindre que tes lectrices du XVIème te croisent dans la rue avec une moue réprobatrice. Ecris pour le paysan du danube, pour l'illettré américain, pour le paysan chinois, et pas seulement pour tes compatriotes bacheliers.

Avec une profonde affection,


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