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Casanova et la Tsarine Catherine II

Publié le 05 juillet 2014 par Oliaiklod @Olia_i_Klod

C’est dans le Casanova de 1926, un des plus étonnants films à grand spectacle des années vingts, récemment restauré. Des décors somptueux, une drôlerie canaille, et un rôle sur mesure pour le séduisant Ivan Mosjoukine, dans la Venise libertine du Carnaval (avec ses séquences en couleurs).

Casanova

L’histoire :

Casanova mène grand train et grande débauche dans la Cité des Doges. Choyé par les femmes, poursuivi par ses créanciers, il finit par s’attirer la foudre des maris qui conspirent auprès du Conseil des Dix pour le faire arrêter et condamner.

Casanova

Casanova choisit la fuite, et gagne la Russie via l’Autriche ; il y rencontre la comtesse Mari, et c’est un nouveau coup de foudre. Se précipitant sur ses traces en Russie, il délivre, au passage, la jeune Thérèse du duc de Bayreuth. Il s’introduit à la Cour du Tsar Paul III sous l’identité d’un modiste français qu’il avait dépouillé en chemin, devient un familier de la Grande Catherine et assiste à sa prise de pouvoir contre son époux. La grande Catherine II fête ensuite sa prise de pouvoir par un grand bal, où Casanova retrouve la comtesse et file le parfait amour. L’impératrice se fâche, expulse la belle et convoque chez elle le séducteur, qui y envoie le jeune négrillon donné par l’une de ses anciennes conquêtes, la baronne Stanhope. Se ruant à la poursuite de Maria, le héros se retrouve à Venise en plein Carnaval, il multiplie les aventures au milieu d’un joyeux tumulte.

Poursuivi pour avoir tué en duel un de ses rivaux, le duc de Bayreuth, il est arrêté et enfermé dans les Plombs, la sinistre prison vénitienne. Grâce à ses fidèles amis, Thérèse, aux masques et aux déguisements, il s’évade. Une fois encore, il s’apprête à fuir la ville en s’embarquant sur un navire, à moins que… une belle vénitienne entrevue sur le quai ne lui fasse renoncer pour un temps à son projet d’exil ?

Casanova

Interprètes : Ivan Mosjoukine (Giacomo Casanova), Diana Karenne (Maria Mari), Suzanne Bianchetti (Catherine II), Nina Kochitz (la comtesse Vorontzov), Olga Day (Lady Stanhope), Paul Guidé (Orloff), Albert Decoeur (le duc de Bayreuth), Carlo Tedeschi (Menucci), Jenny Jugo (Thérèse), Rina De Liguoro (la Corticelli), Rudolf Klein-Rogge (le tsar), Madame Sapiani (Barola), Nadia Valdy (une des filles de Barola), Michel Simon (un sbire), Paul Franceschi (un sbire), Jean Delannoy (un seigneur), Alexis Bondireff (un officier), Georges Douking (le géolier), Raymond Bouamerane, Camille Bardou

Casanova 1927 - affiche

Le tournage du film, qui s’étend d’août à décembre 1926, s’effectue en studio (à Billancourt, Boulogne et Epinay) et en décors naturels à Venise, Strasbourg et Grenoble (ces deux dernières villes ayant été choisies pour les extérieurs censés se dérouler en Autriche et en Russie). Tourné en noir et blanc avec des séquences teintées au tirage, selon l’usage de l’époque, Casanova bénéficie aussi d’une séquence somptueusement peinte au pochoir pour la scène du carnaval de Venise. Présenté le 22 juin 1927 à l’Empire, le film sort le 13 septembre 1927 au Marivaux, et reçoit un accueil critique plus tiède qu’escompté. Certes, ses qualités formelles sont reconnues (et comment pourraient-elles ne pas l’être ?) mais les reproches de froideur et de superficialité ne manquent pas.

Casanova 1927 - affiche

Avec cette super-production réalisée avec une débauche de moyens, Ivan Mosjoukine tirait sa révérence à l’écran muet français. L’année suivante, il était à Hollywood croyant donner à sa carrière un nouvel élan, qui fit long feu.

Casanova 1927 - affiche

Après avoir été exploité en France, en Grande-Bretagne, en Italie, en Allemagne et aux Etats-Unis (en 1929, alors que le sort du cinéma muet était joué), Casanova disparut définitivement des écrans. Grâce à Henri Langlois, une bobine du film (celle coloriée au pochoir de la séquence du Carnaval) et des morceaux de négatif originaux dormaient dans les réserves de la Cinémathèque française. La grande monteuse Renée Lichtig, appelée à la Cinémathèque par Jean Rouch pour y créer un service de restauration de films au début des années 1980, exhuma ces éléments. Passionnée par Mosjoukine et par l’aventure des Russes de Montreuil, elle entreprit de redonner vie à l’œuvre de Volkoff. Elle mena son enquête dans les autres cinémathèques, et put obtenir des éléments, tous incomplets, de Casanova à la Cinémathèque de Prague et à celle de Rome. Avec l’ensemble du matériel ainsi rassemblé, elle entreprit une reconstruction du film en s’inspirant d’un exemplaire de sa novellisation illustrée parue aux éditions Tallandier.

Casanova

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