genre: aventure, fantastique, conte
année: 1996
durée: 3h05
l'histoire: Après huit ans d'absence, Lemuel Gulliver refait surface et raconte ses aventures à la rencontre des petits hommes de Lilliput, des géants de Brobdingnag, des scientifiques de Laputa et des primitifs Yahoos.
la critique d'Alice In Oliver:
Le personnage de Gulliver a été adapté à de maintes reprises au cinéma, entre autres, une version animée en 1939, une version cinématographique en 1960, puis un dernier long-métrage complètement nazebroque en 2010 et avec Jack Black. Pour trouver la meilleure adaptation, il ne faut pas rechercher dans les adaptations ciné, mais plutôt dans le monde de la télévision, et plus précisément dans l'univers de la série télévisée. En effet, Les Voyages de Gulliver, réalisé par Charles Sturridge en 1996, est une mini-série. Il s'agit bien sûr d'une adaptation du célèbre roman de Jonathan Swift.
A ce jour, la mini-série de Charles Sturridge reste de loin la meilleure adaptation des aventures de Lemuel Gulliver. D'ailleurs, cette production peut s'appuyer sur une distribution de prestige: Ted Danson, Mary Steenburgen, James Fox, Ned Beatty, Edward Fox, Robert Hardy, Phoebe Nicchols, John Standing, Edward Woodward, Peter O'Toole, Warwick Davis, Geraldine Chaplin, Omar Sharif, Kristin Scott Thomas et Isabelle Huppert. Les Voyages de Gulliver réunit donc les gros moyens.
Le nom de Ted Danson a le mérite de faire peur, d'autant plus que l'acteur tient le rôle principal.
Rappelons que celui-ci a tout de même joué dans de nombreuses niaiseries et films alimentaires. Au hasard, comment ne pas citer le cas pathologique de Rends la monnaie papa ? Qu'à cela ne tienne, Ted Danson livre tout simplement une excellente performance.
Le scénario se montre particulièrement fidèle au roman d'origine, dont il reprend les grandes lignes. Attention, SPOILERS ! Lemuel Gulliver, un médecin anglais, revient chez lui après une absence de neuf ans, durant laquelle il a découvert des continents où vivent toutes sortes de personnages insolites parmi lesquels des êtres minuscules (les Lilliputiens), des êtres gigantesques, des savants regroupés sur une île volante, un continent où vivent un historien ressuscitant les morts et un peuple appelé les Strul Brucks ayant percé le secret de l'immortalité et enfin, une île où vivent des chevaux dotés de la parole appelés Houynhmms qui cohabitent avec une tribu d'humains primate appelés les Yahoos.
En quoi réside la force de cette nouvelle adaptation ? Premier constat et pas des moindres, enfin une adaptation qui ne se consacre pas uniquement au voyage de Gulliver chez les Lilliputiens ! En ce sens, Les Voyages de Gulliver version Charles Sturridge apparaît comme un conte initiatique aux thématiques complexes et passionnantes. Au risque de me répéter, le beau film de Charles Sturridge reste la meilleure version réalisée à ce jour, et de loin... de très loin !
Finalement, avec ce long voyage (qui va durer presque neuf ans mais je renvoie au synopsis), Lemuel Gulliver va découvrir les horizons inconnus de notre monde.
Il va apprendre aussi à connaître la face cachée de l'âme humaine à travers la rencontre avec différentes peuplades. De ce fait, Gulliver passera par tous les états: de celui de géant au statut de Lilliputien, jusqu'à son retour inattendu parmi les siens.
A chaque fois, Gulliver ne rencontrera que l'indifférence, l'incompréhension, l'ignorance et l'intolérance. Plus que jamais, Les Voyages de Gulliver s'apparente à une métaphore sur notre société humaine, plutôt noire et sordide en l'occurrence. Seule sa rencontre avec les Houynhmms fait figure d'exception.
Ces chevaux sages et capables de communiquer par la pensée lui transmettront le savoir et renverront Gulliver à ce qu'il est réellement: un être primitif, à l'image de son peuple et de la race humaine toute entière, uniquement attirée par la guerre, l'argent, la cupidité et la colère.
Ce sont des sentiments que Gulliver retrouvera lors de son retour parmi les siens. Visiblement, notre explorateur semble avoir sombré dans la folie. A ce sujet, Gulliver apparaît presque comme un sorcier, un être différent, détenteur de savoirs qui dépassent la connaissance de notre monde physique et rationnel.
Il faut donc l'éliminer, l'enfermer, l'isoler et le faire taire. Encore une fois, cette mini-série aborde des thématiques complexes mais réellement passionnantes. Ensuite, les effets spéciaux sont tout simplement remarquables. Enfin, le film peut s'appuyer sur la composition étonnante et bouleversante de Ted Danson, totalement investi dans son personnage.
Bref, dans son genre, Les Voyages de Gulliver propose un dépaysement total, de nombreux rebondissements et une véritable quête initiatique sur le genre humain. C'est vraiment une grande mini-série à découvrir de toute urgence !
note: 18.5/20