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Kei : éblouissant !

Par Eric Bernardin

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Restaurant. Et rien d'autre. Nous commençons à penser que les Japonais sont fâchés avec les enseignes.

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En s'approchant, nous voyons que nous sommes au bon endroit. Ouf. Kei, c'est l'histoire d'un jeune Japonais qui découvre la cuisine française à la télévision, et se dit "c'est là-bas que je veux travailler". Après un compagnonage qui démarre à Fontjoncouse (Gilles Goujon) et finit au Cerf de Marlenheim, il intègre la brigade du Plaza-Athénée à l'époque Ducasse / Jean-François Piège. ll y reste sept ans. Jusqu'à ce que son épouse, également japonaise, l'incite à créer son popre restaurant en 2011. Un an après l'ouverture, il obtient un macaron au guide Michelin.

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Nous choisissons de prendre le menu "dégustation" à 96 €, et comme hier chez Toutain un vin blanc et un vin rouge : un Riesling GC Schossberg 2012 du domaine Weinbach et un Crozes Hermitage 2011 de Bernard Gripa. Les deux s'avéreront d'un très bon niveau, s'accordant au mieux avec les plats.

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Nous démarrons avec deux mises en bouche : la première est un sorbet au citron/citronnelle légèrement relevé d'épices. Il rafraîchit idéalement la bouche. La deuxième est un jus d'orange gélifié/siphonné, sans sucre ajouté, très aérien.

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Puis arrive une tartelette aux petits pois (et ???). C'est la pâte au bon goût de froment qui me marque le plus (ça fait "bonne farine bio" de mon enfance). C'est elle qui persiste le plus en bouche.

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On peut choisir entre deux pains : je prends celui aux graines. Extra !

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De l'huile d'olive de Sicile pour faire trempette (du pain, pas des doigts !). Dans un style plutôt ardent, avec des notes de feuilles de tomates et d'artichaut poivrade.

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Une raviole de homard à l'encre de seiche et une sauce tomate, plus pour le visuel que pour le goût : elle est bonne, mais totalement éclipsée par sa voisine. Le homard à l'intérieur est cuit à la perfection, et la raviole a un croquant/croustillant assez magique. Un bon début !

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J'avais regardé avec envie la même assiette servie à des tables voisines. Je suis ravi d'en avoir une à mon tour ! La photo rend difficilement toute l'émotion qu'elle suscité. D'abord visuellement – on n'ose y toucher tellement c'est beau–  puis, après s'être forcé à démonter progressivement le chef d'oeuvre, gustativement. Comme je l'explique à mes compagnons de table, j'ai l'impression de revivre l'expérience du Gargouillou de Michel Bras en 2005. Chaque bouchée offre des goûts et des textures très différents. Les différentes sauces sont à tomber. Et puis le saumon d'Ecosse caché sous quelques feuilles est une pure merveille. Vraiment un grand moment qui vous amène à penser que si le repas s'arrêtait là, on serait déjà le plus heureux des hommes !...

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Bon, ça ne s'arrête pas là. Suit un tartare de Saint-Pierre aux cerises (et agrumes?), et compotée d'échalotes (à droite). C'est bon, mais pas bouleversant. Peut-être eut-il gagné de passer AVANT le plat précédent ?

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Là par contre, on remonte très haut : le turbot est génial, avec une cuisson fantastique (même la peau grillée à la plancha est à se damner). La sauce à l'encre est très bonne, pas trop marquée par celle-ci. Quant à la quenelle au nori et amandes, elle vous rend amoureux des algues même si vous avez toujours bloqué dessus. Un très très grand plat !

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Si c'est encore possible, on monte encore d'un cran avec le homard...

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dont on ajoute la sauce provenant de la carcasse au dernier moment

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Là, on atteint le sublime. La texture du crustacé, d'une tendreté et d'une finesse évoquant la langoustine royale, est juste magique. La sauce et l'écume sont d'une rare intensité gustative (jouissif, pour tout dire). Et les graines de grenades apportent un contrepoint croquant/acidulé/juteux très judicieux. Un plat fantastique qui nous laisse pantois. Ajoutons que le Riesling, aéré et à la température idéale nous joue le grand jeu. Pffioouuu....

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Nous passons au Crozes-Hermitage...

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... et à la viande !

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Les haricots verts sont cuits un peu plus longtemps que ceux de la veille, et ça change tout ;-) La sauce aux cacahuètes grillées leur convient bien. Quant à la canette, c'est Turbot-bis. Peau superbement grillée, et chair cuite à la perfection. Avec le Crozes, c'est un mariage d'amour, et de nouveau, nous prenons l'escalier vers le paradis (ça rend mieux en anglais, cett expression...)

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Ça, c'est le fromage. Une mousse de gorgonzola et une compotée de pêche jaune. Super léger, et en même temps corsé et persistant en bouche. Franchement bon !

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Premier dessert, autour de la cerise, de la cranberry et de l'amande. C'est frais, délicat, avec un jus au goût de noyau, peut-être le plus asiatique des plats de ce repas, avec un côté "aquarelle pastel qui se mange". 

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Le second dessert est un hymne à la fraise, souligné par la rhubarbe (surtout par le jus acidulé que l'on voit dans la photo ci-dessous). La coque est une meringue intensément parfumée à la fraise. Je ne suis pas très meringue, mais là, j'adore ! Et au centre, il y a une crème délicieuse et des fraises très parfumées).

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Rarement je me suis autant éclaté avec un dessert au restaurant !...

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Une crème caramel d'un intérêt moindre...

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Des mignardises au chocolat, lègères, croustillantes et moelleuses à la fois.

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Et une forme originale de nougatine aux fruits  secs (avec au dos des pistaches et des amandes)

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Même le déca est très bon (rare...)

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La salle en fin de service.

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Et le chef, Kei Kobayashi, avec qui nous avons pu discuter quelques minutes. Il nous a expliqué sa cuisson du turbot et de la canette. On serait bien resté plus longtemps, mais nous avions encore des choses à faire avant de quitter la capitale...

En tout cas, un très grand repas, avec un rapport qualité/prix exceptionnel vu le travail sur chaque plat et la qualité des produits. Nous y retournerons, je pense ;-)

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Kei, 5 rue Coq Héron, 75001 Paris

Tel : 01 42 33 14 74

http://www.restaurant-kei.fr



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