Magazine Culture

Paris 1900 : la ville spectacle

Publié le 19 juillet 2014 par Marcel & Simone @MarceletSimone

Crédit : Henri Gervex "Une soirée au Pré-Catelan", 1909. Huile sur toile, 217 x 318 cm © Paris, Musée Carnavalet/ Roger-Viollet

1900. Imaginez notre Paris au printemps. Les terrasses des grands boulevards regorgent de jolies femmes et de leurs amoureux cavaliers, les trottoirs grouillent de midinettes et de parigots marchant allégrement en direction des Champs Elysées

Maurice Chevalier

Le défi de l’exposition 1900 est de nous faire revivre ces années d’effervescence artistique et d’euphorie collective qui précédent la Première Guerre Mondiale.

L’écrin de l’exposition est totalement approprié puisque le Petit Palais a été créé pour l’Exposition Universelle. Une occasion de (re)découvrir ce musée, assez méconnu des parisiens. Cette Exposition Universelle qui avait pour but de glorifier la puissance notamment industrielle de la France nous a laissé quelques beaux monuments, de la gare d’Orsay aux stations de métro.

Paris 1900 : la ville spectacleParis 1900 : la ville spectacle

Avec l’aide d’une scénographie ludique et variée (effort sur la scénographie qui avait déjà été manifeste lors de l’exposition du Petit Palais sur Carl Larsson) l’exposition se découpe en six pavillons autour de différents thèmes.

A l’entrée de l’Exposition Universelle la statue monumentale ne représentait pas, comme à l’accoutumée, une quelconque allégorie mais bien une parisienne. De la belle parisienne comme la comtesse de Greffulhe – qui aurait inspirée Madame de Guermantes - dont l’exposition présente la cape taillée dans un tissu offert par le tsar, aux petites parisiennes. Ces midinettes ou modistes participent aussi à l’image de l’élégance parisienne mais à petits coûts.

Jean Béraud Parisienne, place de la Concorde, vers 1890. Huile sur bois, 35 x 26 / Crédit : Jean Béraud Parisienne, place de la Concorde, vers 1890. Huile sur bois, 35 x 26,5 cm © Paris, Musée Carnavalet / Roger-Viollet

Jean Béraud Parisienne, place de la Concorde, vers 1890. Huile sur bois, 35 x 26 / Crédit : Jean Béraud Parisienne, place de la Concorde, vers 1890. Huile sur bois, 35 x 26,5 cm © Paris, Musée Carnavalet / Roger-Viollet

L’exposition permet d’avoir une vision globale de la production artistique de l’époque. Une des salles reconstitue un salon où cohabitent des œuvres variées, d’Odilon Redon aux Impressionnistes en passant par les Nabis. Rodin surtout est particulièrement mis en valeur. Une autre salle se consacre aux objets d’art et au mobilier de l’Art Nouveau. Laissez voir émouvoir par ces petits objets du quotidien et admirez l’allégorie de la Nature en bronze doré orné de pierres semi précieuses.

Mucha La Nature, 1899-1900. Bronze doré et argenté, 70,7 x 30 x 32 cm © Karlsruh / Crédit : Mucha La Nature, 1899-1900. Bronze doré et argenté, 70,7 x 30 x 32 cm © Karlsruhe, Badisches Landsmuseum

Mucha La Nature, 1899-1900. Bronze doré et argenté, 70,7 x 30 x 32 cm © Karlsruh / Crédit : Mucha La Nature, 1899-1900. Bronze doré et argenté, 70,7 x 30 x 32 cm © Karlsruhe, Badisches Landsmuseum

Au total plus de 600 œuvres de diverses techniques sont exposées. L’exposition souligne également le renouveau de la manufacture de Sèvres, l’inventivité dans le domaine de la reliure et aussi la créativité intense dans le domaine de l’affiche ou des programmes de théâtre. Les artistes n’hésitent pas à circuler d’un art à l’autre, un groupe d’artistes s’appellera ainsi « l’art dans tout », réflexion consacrée à l’aménagement intérieur qui prend en compte non seulement l’ameublement et les structures architecturales mais aussi le décor et les objets utilitaires.

La cohabitation du plus populaire au plus brillant se retrouve dans le monde du spectacle où les chanteuses populaires comme Yvette Guilbert, côtoient les grandes théâtreuses comme Sarah Bernhardt. Une des découvertes de l’exposition est l’œuvre sculptée de la comédienne notamment ses grandes sculptures d’algues moulées et ciselées dans le gout art nouveau.

Sarah Bernhardt, Algue, 1900, bronze coll.particulière (courtoisie Petit Palais)

Sarah Bernhardt, Algue, 1900, bronze coll.particulière (courtoisie Petit Palais)

Ce monde de la nuit attire autant les visiteurs que les beaux monuments parisiens. Le soir, on sort ! Pigalle, l’opéra comique, le Moulin Rouge… Paris la nuit ce sont les illuminations entre le Trocadéro et la Tour Eiffel, les grands restaurants mais aussi les maisons closes. Dans un espace confiné on découvre des photos de prostituées, commandées par la préfecture de police. Photos pornographiques où les prostituées posent de manière figée. D’autres montrent aussi la déchéance de la morphine.

Crédit : Henri de Toulouse-Lautrec

Crédit : Henri de Toulouse-Lautrec "Marcelle Lender dansant le boléro dans Chilpéric", 1895-1896. Washington, National Gallery of Art, collection of Mr and Mrs John Hay Whitney© Courtesy National Gallery of Art, Washington

C’est peut-être ce qu’on pourra reprocher à cette exposition foisonnante : si elle parvient totalement à retranscrire cet art qui bouillonne, cette envie de vivre et ce goût de l’argent, il manque un angle critique qui aiderait à comprendre les travers de cette Belle Epoque, et sa déchéance.

Paris 1900 : la ville spectacleParis 1900 : la ville spectacleParis 1900 : la ville spectacleParis 1900 : la ville spectacleParis 1900 : la ville spectacle

Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris,

Avenue Winston Churchill, 75008

Jusqu'au 17 aout


Retour à La Une de Logo Paperblog