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Critique Ciné : Mister Babadook, horreur onirique

Publié le 30 juillet 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

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Mister Babadook // Avec Jennifer Kent. Avec Essie Davis et Noah Wiseman.


Le cinéma d’horreur est comme la mode, le temps change mais la mode reste. Et c’est pareil pour le cinéma d’horreur, c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures confitures. L’été dernier, Conjuring était la sensation de l’été. Un film qui empruntait tout à L’Exorciste pour le réadapter à la sauce des années 2010. C’était très réussi et James Wan est d’ailleurs en train de préparer une suite. Mister Babadook tente de son côté de réinviter le mythe du Croquemitaine ou bien du Boogeyman en anglais. C’est un mythe que tout le monde connaît, surtout les enfants, de ce monstre caché dans le placard qui est là pour faire peur aux enfants. Présenté lors du dernier festival de Sundance, Mister Babadook est une très bonne surprise. Il mou plonge dans l’univers de Samuel et Amelia. Ils n’ont pas une vie parfaite mais ils tentent de s’en sortir afin de garder le cap et ne pas perdre la tête. Pourtant, avec l’arrivée d’un livre mystérieux, tout leur univers va basculé. Jennifer Kent reste très sobre dans sa manière de mettre toute cette savoureuse histoire en scène ce qui permet au spectateur de ne pas lâcher l’écran. Malgré quelques longueurs dans la seconde partie, la partie d’exposition est merveilleuse (et dans un film d’horreur, ça en dit long sur sa qualité).
Depuis la mort brutale de son mari, Amelia lutte pour ramener à la raison son fils de 6 ans, Samuel, devenu complètement incontrôlable et qu'elle n'arrive pas à aimer. Quand un livre de contes intitulé 'Mister Babadook' se retrouve mystérieusement dans leur maison, Samuel est convaincu que le 'Babadook' est la créature qui hante ses cauchemars. Ses visions prennent alors une tournure démesurée, il devient de plus en plus imprévisible et violent. Amelia commence peu à peu à sentir une présence malveillante autour d’elle et réalise que les avertissements de Samuel ne sont peut-être pas que des hallucinations...
Jennifer Kent, plutôt que de nous raconter une sobre histoire de croquemitaine va beaucoup plus loin que ça et choisie de nous plonger dans un univers de conte où l’histoire de Babadook serait en fait celle d’un monstre que l’on aurait pu trouver dans un livre animé et qui va prendre vie. Le livre en lui même est déjà un support de travail magnifique, surtout que la manière dont l’histoire et les images sont liées est assez fascinante. Pourtant, Mister Babadook n’est pas un film parfait. Parfois il veut répéter un peu trop ce qu’il tente de nous faire comprendre et il se perd donc en partie dans la seconde partie qui doit petit à petit faire monter la mayonnaise afin de créer une confrontation digne de ce nom à son issue. Mais la grande réussite de Mister Babadook c’est finalement de prendre des choses simples et d’en faire quelque chose de brillant. Tout est juste dans ce film, parfois même très dépressif (il ne faut pas être mal en point pour aller voir ce film d’horreur, ça c’est certain). Le côté ultra psychologique de Mister Babadook permet de plonger un peu plus dans la folie de cette mère qui tente de faire avec la mort de son mari qu’elle n’arrive pas à oublier, un monstre qui la hante et son fils qui ne cesse d’être là aux moments où elle aurait besoin de repos.
La mise en scène de ces moments est étincelante. Jennifer Kent choisie donc d’en faire le minimum et d’utiliser cette maison au maximum. Les pièces les plus importantes (la chambre de la mère, le salon) sont toujours très soigneusement exploitées. Petit à petit, Mister Babadook devient un film féroce et même effroyable. On ne s’attend pas forcément non plus à la conclusion qui est loin d’être aussi classique que ce que l’on a l’habitude de voir dans les films d’horreur de nos jours. En choisissant donc de sortir des carcans du genre, Jennifer Kent délivre avec son Mister Babadook l’une des belles surprises horrifiques de l’année (il faut bien avouer que la dernière en date, The Baby, était loin d’être un cadeau, ce navet d’horreur manquait cruellement d’intérêt). Il y a aussi quelque chose de très artistique là dedans. Il y a donc des esquisses magnifiques qui sont mises en scène avec un filtre très rustre, très terne afin de démontrer la morosité de la vie de ces personnages. Essie Davis est aussi une révélation au milieu de ce fourbi à sensations fortes.
Note : 8.5/10. En bref, un excellent film d’horreur, brisant les codes pour raconter son histoire de façon différente avec son propre ton. Effroyable.


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