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Europe, USA, Russie, Ukraine, Allemagne... Emmanuel Todd en exclusivité

Par Sergeuleski

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Interview exclusive d'Emmanuel Todd par Olivier Berruyer sur son site les-crises.fr

Emmanuel Todd dresse un réquisitoire sans merci contre l'Allemagne.

C'est ICI

On sera pour, on sera contre, en partie, en totalité... c'est selon.

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   Dans son analyse de la destinée européenne, de l’Allemagne et de la crise ukrainienne, Emmanuel Todd a oublié l'Otan et les Etats-Unis. Et quand on sait que sans les USA (et la CIA), jamais l'Ukraine n'aurait pu être déstabilisée… cela laisse songeur.
Dans les faits, l'approche allemande et américaine de la "gestion" de l'Europe, ce qui implique nécessairement l'affaiblissement de la Russie, voire sa marginalisation définitive de la scène internationale -, est bel et bien complémentaire. Et si la France est absente c’est qu’elle est de fait... hors jeu, avec ou sans son consentement, sa passivité ou sa servitude, car ce n'est pas dans la tradition de la France d'affaiblir la Russie au bénéfice de l'Allemagne, et plus récemment dans l’histoire, pour le profit des USA. Et ces derniers le savent. C'est la raison pour laquelle ils peuvent faire le choix de se passer de notre soutien, voire de notre participation active. Au mieux, pouvaient-ils se contenter d’espérer notre silence : que l'on regarde ailleurs.

Mais... ô divine surprise ! La France, contre toute attente, a choisi de les accompagner dans leur entreprise de captation de l'Ukraine. 

Aussi, à force de minimiser, dans ses analyses, le rôle néfaste des USA en Europe pour mieux se concentrer uniquement sur le caractère allemand,  on en vient à penser que Todd a un sérieux problème avec l’Allemagne ; et cela se confirme au fil des ans : aujourd’hui, on parlera d’obsession maladive ; ou bien alors, Todd cherche à masquer un ralliement à l'Empire en nous conseillant de jouer la carte américaine contre l'Allemagne, bouc-émissaire idéal ici en France, pour des raisons bien évidemment historiques, cela va sans dire. Ce qui nous fait courir le risque de voir ce choix des USA contre l'Allemagne - c'est-à-dire... un choix contre l'Europe finalement, puisque... pas d'Europe sans l'Allemagne et une France forte -, devenir réalité même si pour l’heure, la France choisit de se laisser porter par les événements provoqués tantôt par l’Allemagne, tantôt par les USA.

Mais alors, prochainement, Todd nous recommandera-t-il de soutenir le traité transatlantique, lui qui appelle à la rescousse le boucher de la realpolitik, Kissinger,  et un vieillard dont toutes les « prophéties » ont lamentablement échouées, un dénommé Brezinski ?
Car il existe pourtant une autre option : ni ralliement aux USA, ni rupture avec l'Allemagne ; en effet, la France est assez puissante symboliquement, économiquement et culturellement dans le cadre européen, pour proposer  - ou imposer -, à l'Allemagne, un partenariat gagnant-gagnant tout en gardant à distance les USA et leur soif d'hégémonie sur un monde qu'ils ne veulent surtout pas partager avec qui que ce soit ; est-il besoin de rappeler que les USA ont besoin de vassaux et de complices, et certainement pas de partenaires. De plus, ils ne respectent et ne tolèrent aucune culture qui  leur soit un tant soit peu… opposée. Todd ne peut pas l’ignorer. Pour cette raison, on regrettera son approche qui voit de près seule l’Allemagne et demeure aveugle de loin, outre-Atlantique… et ce bien que l’analyse de Todd du "caractère allemand" soit  juste car historique.

Oui, il faut craindre la diplomatie allemande... et son incompétence ou bien son amateurisme ! Souvenons-nous de la Yougoslavie : l’Allemagne ne porte-elle pas  la plus grande part de responsabilité dans l’effondrement de la Yougoslavie et dans les guerres sanglantes qui s’en sui­virent ? Et que dire de la Ré-unification négociée sans la Grande Bretagne et la France ?
Certes ! Craignons l'immaturité congénitale et endémique de l'Allemagne dans le domaine des affaires étrangères... mais alors : accompagnons-la... guidons-la d'un bras et d'un pied fermes !

On en a encore les moyens.


   Quant à la France, notre pauvre France, si aujourd’hui elle semble absente de l’Europe et de la conduite de son destin et de l’histoire qui s’y écrit jour après jour - l’Allemagne et les USA y faisant leur marché sans nous, distribuant tous les rôles -, ce sont les circonstances qui l’auront voulu : la médiocrité sans précédent de ceux qui occupent l’Élysée et Matignon, et plus généralement… de la classe politique : pour preuve, le fait qu’aucune voix ne s’élève contre le hold-up allemand et américain sur l’Europe.

Un quartet se détache, figures de proue de cette médiocrité, un quartet sans colonne vertébrale, sans qualités car sans héritage : Hollande, Valls, Fabius et Sapin…

Oui ! Hollande, Valls, Fabius et Sapin ! Et si on laisse de côté Valls  - la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf ! - avec trois d’entre eux, l’ENA est maintenant tout nue ; et aucun cache-sexe ne viendra la sauver.

Consultez leur CV à tous ; mettez dans la balance les enjeux nationaux, européens et mondiaux qui nous font face ainsi que ce que cela demanderait d'y faire face justement (culture historique, intelligence, force de caractère, patriotisme...), et tout est dit, tout devient clair : c'est perdu d'avance. Car, au sujet de ce quartet, difficile de ne pas penser à du mou pour chat... tenez ! à une bougie qui coule à la moindre contrariété, la cire les recouvrant tous… fantômes, zombies et morts-vivants, tout à la fois car, que l’on ne s’y trompe pas : il n’est pas seulement question de courage mais d’intelligence prospective, de celle qu’il nous faudrait au plus vite déployer pour contrer des stratégies dont notre pays sortira plus affaibli encore, plus dépendant, plus soumis, sous contrôle, comme « en laisse » ; et si la situation se prolonge au-delà du raisonnable, c’est alors que l’Europe deviendra non plus une tribune, un tremplin pour la France mais une niche, notre niche pour une France à la fois chien et chienne, dans laquelle il ne nous restera plus qu’à faire le deuil de notre capacité à pouvoir nous projeter vers des lendemains féconds et dignes de notre rang.

 

   Sans volonté, totalement soumis au plus fort, la force primant sur le droit et sur le courage (on l’a va tout dernièrement à propos du soutien de l’Etat français de la ratonnade israélienne des gazaouis), pour ne rien dire d’une allégeance qui a pour seul critère une origine soit ethnique, soit sociale ( « Ma tribu, mon clan… à tort ou à raison ! » Là encore, on a pu en faire le constat amère à propos de Gaza) ; allégeance non seulement abjecte mais régressive humainement, et par voie de conséquence, psychiquement, étant donné l’importance des enjeux pour la France et l’Europe… ce qui est en cause aujourd'hui c'est un constat d’incompétence et d’une sorte de malheureux concours de circonstances : l’arrivée à « maturité » sur le « marché » de la conduite des affaires de l'Etat d’un personnel politique indigent,  jean-foutre ; des domestiques qui croient avoir pris la place du maître de maison. Des bonnes ! ce quartet auquel il ne manque plus qu’une jupe et un tablier ! Des bonnes de quartiers chics mais… bonnes quand même !

Et cette incompétence a pour racine une ignorance d’un tragique inqualifiable après quarante années d’un cynisme désabusé qui a semé un cancer : le règne des imbéciles sur-diplômés.

Et c’est encore une fois l’ENA qui sombre.

   Inutile d’évoquer une trahison quelconque car, pour trahir, encore faut-il s’être ralliés, même provisoirement, à un idéal, à un projet… tout en ayant pris conscience des véritables enjeux auprès desquels un engagement trouve sa place dans la responsabilité et une exigence certaine envers soi-même, sans oublier une prise de conscience qui place la loyauté au-dessus de l’opportunisme propre à la gestion d'une carrière…

Non. Bien plutôt, des hommes de la marge, à la marge,  en marge, à côté…  au bord… comment dire … ?  Des hommes en-dessous d’une ligne de flottaison qui aurait pu, voilà quelques années encore, laisser espérer quelques sautes non pas tant d’humeur que d’intelligence … en un éclair, un peu  comme quand on se ressaisit à temps, in extremis... avant une catastrophe imminente, alors que le naufrage auquel nous assistons, atterrés, est maintenant irréversible et sans rémission en ce qui les concerne.

   Cruel destin pour ce beau pays qu’est le nôtre et pour ce continent européen capable du meilleur ! Et force est de constater, en ce qui concerne la France, que le poisson ne pourrit par la tête mais bien plutôt,  par la queue, le morceau le moins noble pour des roturiers de la politique…  pour des hommes en queue de peloton, les derniers, les cancres d’une classe d’âge dont il n’y a sans doute plus rien à sauver. Et là encore, ce sont nos Grandes Ecoles qui se noient.

Cette génération née au terme de la seconde guerre mondiale, tout de suite après, comme dans la foulée pour ainsi dire, mais à petite foulée, pépère – il est vrai qu’à chaque jour suffit sa peine -, cette génération n’aura pas eu à choisir entre le courage et la lâcheté, ni « l’entre deux », ce territoire dans lequel même les hommes les plus illustres ont dû un jour fatalement mettre les pieds avant de se salir les mains…

Non, vraiment, elle n’aura eu qu’un souci cette génération d’hommes destinés à commander : quelle place occuper avant d’en occuper une autre, plus lucrative encore pour des arrivistes arrivés depuis longtemps, et qui s’ennuient déjà, à leur insu, de n’avoir rien à risquer, jamais, nulle part, et sûrement pas leur situation ni leur vie car celle des autres y suffit amplement.

   Et pour finir, sans conclure, on pourra toutefois s’étonner d’une chose : que ce ne soit pas un Cagliostro... non ! plus affligeant encore : une « du Barry » ou une « Pompadour » qui mène la danse tout en conduisant les affaires de l’Etat… une putain et une demi-mondaine donc, à une époque où la politique de la France se décidait dans les chambres à coucher (avant la venue salvatrice d’un Talleyrand balayé plus tard par « la corbeille »), même si leurs équivalents masculins qui ont tenu (et tiennent) un temps les rênes non pas du « pouvoir » mais de la soumission aux plus forts qui vous dictent tous vos choix, n’en ont pas été et n’en sont pas, aujourd’hui encore, si éloignés que ça ; les backroom non plus comparés aux alcôves d’antan.

   Que voulez-vous : les apparences ne sont trompeuses qu’un temps seulement, et la perspective d’un retour de Sarkozy, l’histoire se répétant, annonce une farce macabre qui achèvera notre déchéance pour le plus grand plaisir de ceux qui n’ont cultivé qu’une revanche ou qu’un dessein : que la voix de la France se perde à jamais dans le concert assourdissant des nations sans voix ni volonté.

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Pour prolonger, cliquez : Porter la crise au coeur du PS


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