Cette semaine au cinéma, une adaptation d’un roman de John le carré, une adaptation de BD, un triangle amoureux et les aventures à l’hôpital d’un grincheux.
Après l’adaptation de A very private gentleman de Martin Booth (The American, avec George Clooney) en 2010, Anton Corbijn s’attaque à une oeuvre du maître de l’espionnage John le Carré, avec Un homme très recherché (Mars Distribution).
Synopsis : Plus de dix ans après les événements du 11 septembre, Hambourg est une ville qui digère mal le fait d’avoir abrité en son sein, une importante cellule terroriste responsable de ce drame. Aussi, lorsqu’ un immigré russo-tchètchène qui a subi de nombreux sévices et prétend récupérer la fortune mal acquise de son père débarque dans une communauté musulmane, il se déclenche immédiatement une chasse à l’homme orchestrée par les services secrets allemands et américains.
#CRITIQUE : 9ème adaptation d’un roman de l’auteur de L’espion qui venait du froid après notamment La maison Russie, The Constant Gardner ou plus récemment La taupe, ce film met clairement en avant les positions politiques de ce dernier qui a déclaré en 2003 dans les colonnes du Times : La manière dont Bush et sa junte ont réussi à dévier la colère de l’Amérique, De Ben Laden à Saddam Hussein , est l’un des meilleurs tours de passe-passe de relations publiques de l’histoire.
Le réalisateur néerlandais partage -t-il ce point de vue ou a-t-il tout simplement trouvé une bonne histoire à porter sur les écrans ? Toujours est-il que John le carré était présent sur le tournage en tant que conseiller de choix, puisqu’il a été Consul dans la ville de Hambourg dans les années 60’s. Toujours est-il que la culpabilité et le refus de voir une telle tragédie se répéter, sont à coup sûr les moteurs de l’agent secret joué par le regretté Philip Seymour Hoffman, qui va utiliser tous les moyens possible au nom de la sécurité de la nation. Mais y-a-t-il vraiment danger ? La peur donne-t-elle tous les droits ?
Outre celui qui a remporté l’oscar du meilleur acteur pour son interprétation de Truman Capote après de nombreuses nominations, on retrouve celle qui fait battre le coeur du Sherlock Holmes de Guy Ritchie, Rachel Mc Adams, la part féminine du duo cynique de la série House of cards, Robin Wright et le bouffon vert de Spiderman sous l’ère Sam Raimi, membre du jury du dernier festival de Cannes, Willem Dafoe.
Autre adaptation et autre engagement politique de l’auteur également co-réalisateur avec Robert Rodriguez, Frank Miller pour Sin City : j’ai tué pour elle (Metropolitan Filmexport-Client).
Synopsis : Sin city, ville de tous les pêchés, Marv se demande comment il a fait pour échouer au milieu des cadavres, Johnny, jeune joueur qui débarque ose affronter la plus grosse crapule de la ville, le sénateur Roark, Dwight Mc Carthy vit son ultime face-à-face avec Ava, la femme de ses rêves et de ses cauchemars, Nancy Callahan a soif de vengeance pour John Hartigan qui s’est suicidé pour la protéger, tous vont se retrouver au célèbre Kadie’s club Pecos de Sin City.
#CRITIQUE : Adaptation du 2ème volume de la série de Bandes Dessinées de Frank Miller axée autour de Basin City dite Sin City, il fait office de préquel au premier volet sorti en 2005. C’est la raison pour laquelle on retrouvera des personnages dans des situations différentes mais explicables comme le remplacement de Clive Owen, par Josh Brolin dont le personnage n’a pas encore subi de transformation chirurgicale évoquée dans le premier volet, alors que pour d’autres, les circonstances de ces changements sont plus tragiques, notamment pour Brittany Murphy et de Michael Clark Duncan, tous les deux décédés pendant les 9 années qui séparent la sortie des deux films.
On retrouve évidemment l’univers graphique très particulier du créateur de 300, Dardevil et Elektra, autres oeuvres également adaptées au cinéma, un univers qui a attiré de nombreuses stars de Hollywood faisant du casting de ce film l’un des plus impressionnants de l’année après Expendables, et son étiquette « Has been » à moindre degré.
Outre Mickey Rourke, Jessica Alba, Rosario Dawson présents dans Sin City, on retrouve le jeune flic très impliqué de Batman : The dark knight rises, acteur et réalisateur prometteur d’Hollywood, Joseph Gordon-Levitt et surtout celle dont la poitrine à peine voilée a fait changer l’affiche du film, la ténébreuse Eva Green.
Pour réussir cette transcription entre scènes réelles et film d’animation majoritairement en noir et blanc, véritable prouesse technique servant un cinéma de genre, le dessinateur, pro-port d’armes, célèbre pour ses positions jugées par certains islamophobes et machistes s’est associé une fois de plus à Robert Rodriguez. Le réalisateur de Desperado et de Machete, intime de Quentin Tarantino, a la particularité d’intervenir à toutes les étapes de fabrication de ses films, scénario, mise en scène, montage et même composition de la bande originale. On n’est jamais mieux servi que par soi-même, il paraît. Expérience visuelle, vengeances, gros calibres et bombasses dénudées, autant d’arguments pour se déplacer et aller voir ce film.
De la violence pure bien que stylisée, on passe à la violence des sentiments avec 3 coeurs de Benoît Jacquot (Wild Bunch).
Synopsis : Alors qu’il se retrouve coincé dans une ville de province, ayant raté son train de retour pour Paris, Marc rencontre Sylvie avec qui il va errer jusqu’au matin, parlant de tout et de rien mais pas de leur vie. Après un rendez-vous malheureusement raté, ils se perdent de vue jusqu’à ce que Marc rencontre une autre femme, Sophie, qu’il va découvrir être la soeur de la fameuse Sylvie.
#CRITIQUE : Déchirement d’un homme partagé entre un amour qu’il n’a pas pu vivre et un autre réel et présent, ce film est une première pour le réalisateur de Les adieux à la reine (film plusieurs fois nominé aux Césars en 2013), plus souvent habitué à explorer la complexité de la gent féminine.
Pour incarner cet homme dont le destin se joue, l’excellent Benoît Poolvorde, dont le talent comique n’est plus à démontrer et qui fait indéniablement partie de ces acteurs capables de nous faire pleurer. Il se retrouve partagé entre deux filles, qui ont réussi à se faire un prénom (coucou papa, coucou maman) Charlotte Gainsbourg et Chiara Mastroiani. À noter que la mère des soeurs n’est autre que Catherine Deneuve, qui est aussi la mère de Chiara dans la vraie vie. Qui choisira-t-il au final ? Optera-t-il pour le présent ou le fantasme ? Quelle issue pour ce drame amoureux aux répercussions familiales ? Comment cohabiter avec sa soeur quand on aime le même homme ? Autant de questions qui attisent notre curiosité…
La curiosité ce n’est pas ce qui étouffe Gérard Lanvin qui voudrait juste qu’on lui colle la paix dans Bon rétablissement de Jean Becker.
Synopsis : Cloué au lit avec une jambe dans le plâtre suite à un accident, Pierre, soixante ans, misanthrope avéré se retrouve à la merci de tout un tas de personnes, membres du corps médical, proches, mais aussi inconnus, sans qu’il ne puisse rien y faire. Les différentes rencontres vont mettre à mal ses à priori et l’amener à changer sa vision de la vie.
Rôle presque à contre-emploi pour Mr Lanvin, une des plus grandes et plus belles gueules du cinéma français, qui depuis son premier grand succès avec La marche à l’ombre (1984) a souvent été cantonné à des rôles de grands voyous et représente pour beaucoup de femmes la virilité par excellence, un de ces bad boys au grand coeur pour lesquels on se damnerait. Si on l’imagine sans peine débiter des répliques acides, Jean Becker à qui l’on doit L’été meurtrier (1983) a choisi pour le tourmenter de bienveillance ou pas d’ailleurs, des comédiens de qualité tels que l’immense Jean-pierre Darroussin, la moitié du duo du SAV des Emissions, Fred Testot, une des plus belles révélations du Jamel Comedy Club, Claudia Tagbo, et une petite nouvelle qu’on voudra revoir, ou pas d’ailleurs, la Madame journaliste politique de Canal +, Anne Sophie Lapix.
Un happy end en perspective, pour terminer en douceur cette semaine semée d’intrigues politiques et amoureuses. Du polar, des gangsters et des poulettes, un dilemme cornélien et un homme qui va changer son caractère de chien, tel est le programme de la rédaction. Et vous, qu’irez-vous voir au cinéma ?