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Youn Sun Nah Quartet - Flagey ( Studio 4) - Ixelles, le 5 octobre 2014

Publié le 05 octobre 2014 par Concerts-Review

La 29 è édition du Skoda Jazz est sur les rails, un quatrième concert ce soir à dans l'impeccable Studio 4 de Flagey , la fête prendra fin le 6 décembre avec The Herbaliser à Sint- Niklaas.

Impossible de citer tous les artistes se produisant aux quatre coins du pays, les spécialistes avancent quelques noms à ne pas rater: Charles Lloyd, Branford Marsalis, Medeski, Scofield, Martin and Wood, Stacey Kent, Gregory Porter, Orquesta Buena Vista Social Club et Bill Frisell, The Skatalites...

Certains shows affichent déjà complets , il s'agit d'acheter ses tickets à heure et à temps!

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Depuis le début un nom s'imposait à toi: Youn Sun Nah !

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La native de Séoul, faite Chevalier des Arts et des Lettres chez nos voisins hexagonaux, qui a révolutionné le jazz vocal, partout ravit les publics les plus exigeants.

Il en sera de même à Ixelles, Flagey lui réservera une triple standing ovation.

Madame, qui rarement se joint à toi pour assister à un concert, n'a jamais gueulé aussi bruyamment à l'issue d'un spectacle.

En sortant, calmée, elle a ajouté, c'était fantastique mais t'es certain que c'était du jazz?

Une remarque pleine de bon sens,  Youn Sun Nah n'est comparable à aucune des grandes voix chantant la Blue Note, elle est unique, non seulement vocalement, passant de la passion à la tendresse en un clin d'oeil, vocalisant comme une soprano pour ensuite prendre des intonations célestes proches de Bjork, mais son approche scénique et  sa manière de communiquer avec son public la rendent également des plus attachantes.

Du jazz, oui, mais également du flamenco, du blues, du folk, du tango, de la musette, du progrock et du rock tout court, la gentille Coréenne excelle en tout!

Et on n'a pas encore cité le trio l'accompagnant, en commençant par un compagnon de longue date, le guitariste suédois, Ulf Wakenius, un virtuose ayant joué avec Oscar Peterson ou Ray Brown.

A la contrebasse, le jeune Simon Tailleu de Martigues, une étoile montante du jazz français - à l'accordéon, Vincent Peirani de Nice, qui doit bien avoir participé à une cinquantaine d'efforts discographiques tous genres confondus ( de Stromae à Les Yeux Noirs en passant par Youn Sun Nah).

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Entrée en matière en duo, la belle, fragile, au chant  et la bête, bourrue, à la guitare.

D'une voix de fillette: 'Bonsoir, merci beaucoup d'être présents ce soir, voici  Ulf Wakenius de Suède, on va vous interpréter un titre de Nine Inch Nails, 'Hurt', déjà repris magistralement par Johnny Cash.

De qui, demande un monsieur aux cheveux blancs à son voisin!

Le morceau se retrouve sur 'Lento' le dernier disque de la divine chanteuse.

Un jeu tout en finesse d'Ulf, un phrasé limpide, précis et précieux, une première perle troublée par les toussotements intempestifs d'une armée de tuberculeux s'étant donné rendez-vous dans l'auditoire.

Tu dis, Clelia?

Pire que la salle réservée aux mourants à l'hospice Saint- Machin!

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L'accordéon et la contrebasse se joignent au duo pour attaquer 'Uncertain weather', une gestuelle des mains expressives et une  voix semblant danser au gré de l'accompagnement musical, swooping up to a top note and disintegrating into feedback, pour citer un journaliste anglo-saxon.

Ces acrobaties vocales n'ont rien de gratuit, le public en est en conscient, des cris de joie ponctuent les dernières notes de la plage.

Vincent Peirani  amorce le plaintif  'Lament', un tango au final virevoltant.

Ulf a composé 'Mistral'.

Un souffle sec, puis une guitare flamenco, les éoliennes s'agitent, le dieu fait un caprice,la guiterne mue en mitrailleuse, les projectiles  sifflent, la voix prend le relais, elle tourbillonne, se cabre, explose.

Le vent est tout fougue, chaleur, violence, ce petit bout de femme stupéfie, morceau terminé, elle murmure comme une enfant sage: merci beaucoup!

Exit l'artilleur, avec les Français, ' Empty Dream', une composition de Vincent.

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Le titre démarre en  lament amer, après un bref moment de silence l'accordéoniste aux pieds nus lui insuffle vie.

Retour du guitariste pour l'anarchique et saccadé 'Pancake'. Le menu du MacDo y passe. Avant le dessert, une valse musette, quelques exercices Cecilia Bartoli déconnant sous la douche,  pour finir par une touche Frank Zappa ébranlé.

Une incroyable performance!

Next one is a Swedish folk song, une lumineuse  ballade aux accents 'They dance alone' de Sting.

Un détour par le folk anglais, 'A sailor's life', dans la lignée Sandy Denny, mettant une nouvelle fois en évidence le jeu brillant du guitariste.

Toujours humble, la talentueuse jeune femme nous propose un traditionnel coréen traitant de la peine, la joie, l'amour, la tristesse, un blues asiatique, quoi!

' Gwangondo Arirang' des effets de guitare symphoniques, une voix veloutée, une perle après laquelle elle présente une nouvelle fois ses comparses et nous prévient que le set arrive à son terme.

Nous terminons par un western, ' Ghost riders in the sky'.

 1948, Stan Jones, immense hit pour Johnny Cash.

Une chevauchée fantastique ahurissante, the wild bunch dirigé(e) par une Calamity jaune, hennissant comme une jument folle, tandis que cowboy Ulf transforme sa bouteille de bière vide en full bottle pour slider à gogo.

La salle hystérique se lève pour leur adresser un tonnerre d'applaudissements!

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Bis.

' Momento Magico', écrit par Ulf, une sorte de 'Blue Rondo à la Turc' en mode endiablé, des vocalises démentes et des rafales meurtrières, le coup de grâce!

Petits saluts souriants, exit la troupe.

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Personne ne songe à quitter Flagey, Youn Sun Nah revient: merci, merci beaucoup, je suis coréenne, je vous chante un standard jazz américain avec un kalimba africain... en Belgique, '  My Favorite Things'.

Un concert magique!


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