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C’est l’histoire d’un groupe : Led Zeppelin

Publié le 08 octobre 2014 par Swann

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La leçon d’histoire du Professeur Gab aujourd’hui s’attaque à du lourd ! Après Bohemian Rhapsody de Queen, la génèse du stoner avec QOTSA et Kyuss, on apprend tous les petits détails du géant Led Zeppelin !

Fallait bien que ça me tombe dessus… Quand j’ai demandé à l’une des prêtresses de ce blog le prochain sujet de mon article, elle m’a simplement lâché un laconique "bah tiens, parles de Led Zep, leurs débuts, tout ça, je ne connais pas grand-chose de leur histoire"… tu parles d’un cadeau empoisonné : Résumer en quelques lignes la carrière et l’aura d’un tel Monstre ! Mais bon, comme je ne peux rien lui refuser, je me lance et vais tenter d’être synthétique sans rien omettre et avec toute la subjectivité qui me caractérise.

Ne cherchez plus le plus grand groupe de musique, il est sous vos yeux et dans vos oreilles. Ces mecs- là font partie du Panthéon, au moins à l’égal des Beatles et des Pink Floyd (ma liste s’arrête volontairement là). Ils sont même intouchables. Je m’explique. Là où les Floyd et les Beatles étaient de vrais groupes, dans le sens où chaque membre a bien sa place mais où "dépassaient" une ou deux têtes (Lennon/Macca et Waters/Gilmour), les Led Zep étaient à la fois un groupe mais les quatre personnes qui le composent ont tous une importance CA-PI-TA-LE ! On peut tout à fait imaginer des Beatles sans Ringo (avec toute l’estime que j’ai pour lui) ou un Floyd avec des membres à géométrie variable (ce qui a été le cas). Mais pour Led Zeppelin, c’est inenvisageable. Car Led Zeppelin, c’est avant tout l’histoire d’une alchimie parfaite entre ses quatre membres, et ce dès leur première répétition en août 68, où après avoir joué trois minutes ensemble, chacun se regarde, entre excitation et incrédulité face à ce qui vient de se passer.

Une symbiose parfaite où nos 4 britanniques prennent conscience que seuls eux quatre réunis peuvent produire ce « truc là ».

D’un côté Jimmy Page, guitariste fantastique et flamboyant (qui a un Hendrix dans chaque phalange), précédemment requin de studio depuis ses 20 ans et ayant collaboré avec Marianne Faithfull, les Who, les Kinks, Clapton, Cocker…et anecdote à la con et donc fatalement indispensable : Françoise Hardy, Eddy Mitchell, Johnny Hallyday et Polnareff ( la guitare sur « La Poupée qui fait non », c’est lui).

Au chant, l’archange blond Robert Plant, très charismatique, presque christique, tout en poses lascives, capable de notes suraiguës, plaintives voire carrément sexuelles et auteur de quasi tous les textes du groupe.

A la batterie, John Bonham dit « Bonzo ». Quiconque s’intéressant un peu à la batterie sait parfaitement ce qu’il a apporté à cet instrument, et encore plus compte tenu du matos de l’époque. Puissance, groove, sens du rythme et du spectacle, ce type là est une brute, une force de la nature, capable de finir ses solos de batterie à mains nues (cf le mythique "Moby Dick").

Last but not least, John Paul Jones, multi-instrumentiste, arrangeur de génie (JPJ a arrangé notamment certains titres de REM dont "Drive", "Nightswimming" et "Everybody Hurts"), capable de jouer de la basse au pédalier tout en plaquant des accords de clavier et maîtrisant avec la même aisance, guitare, flûte, mandoline etc.

En coulisses, un géant barbu, ancien videur, aux méthodes aussi efficaces que controversées : le manager Peter Grant qui inventera avec Led Zeppelin le merchandising de masse dans l’industrie musicale. Il convaincra également très tôt le groupe de l’intérêt à porter au marché US. Les tournées américaines du groupe deviendront aussi célèbres que leurs parties d’après shows et l’adage Sex, Drugs and Rock N Roll prendra tout son sens. Grant a une importance capitale dans le succès de Led Zeppelin. Il est le premier à comprendre que les groupes doivent se concentrer à la production d’albums plutôt que de singles (ce qui était la règle immuable à l’époque). C’est également lui qui épongera et étouffera les dettes du groupe suite à leurs passages "remarqués" dans diverses chambres d’hôtels, entre autres. Compte tenu du talent de ses poulains et pour entretenir une sorte de "Mystère Led Zeppelin", il fera éviter quasiment toute apparition télévisuelle ou promotionnelle à Led Zeppelin. Si on voulait voir Led Zeppelin, il fallait les voir sur scène, point final. Car Led Zeppelin, au-delà de leurs albums studios géniaux, est avant tout un groupe de scène.

Les premières véritables bêtes de scène d’ailleurs. Là où les Beatles étaient un groupe de studio exclusivement (la Beatlemania où les instruments sont couverts par les hurlements des adolescentes ne compte pas!), Led Zeppelin fera des concerts de véritables performances, au sens littéral. Jamais de première partie, les shows pouvant durer pendant quatre heures, avec son lot d’improvisations décadentes et hallucinatoires. Pas un hasard si Led Zeppelin reste le groupe le plus piraté de l’histoire (malgré les efforts de Grant à dégager manu-militari toute personne du public avec un enregistreur), Page estimant que chaque soir devait être différent. Là où les versions studios des morceaux durent quatre à cinq minutes, les versions live s’étendent jusqu’à trente minutes en y incluant au gré de leurs envies des medleys et des reprises et retombant sur leurs pattes tels de véritables magiciens.

Et musicalement donc ? C’est bien simple, tout au long des dix ans de carrière du groupe, ces types-là ont touché à tout. Si les Beatles ont peut- être pondu le premier riff de hard-rock avec « Helter Skelter » (chanson surestimée à mon goût), Led Zeppelin est le groupe qui en a posé les fondations, en accolant aux codes du rock’n’roll une violence et une virtuosité nouvelle (cf "Rock n Roll"). Ils ont su faire du blues poussiéreux un genre nouveau, mêlant fougue, sueur et puissance sexuelle ("Whole lotta love" en est le parfait exemple, "Celebration Day", "Heartbreaker").

Loin de s’arrêter à cela (on les résume trop à ce côté blues/rock), les Led Zeppelin sont également allés défricher et remettre au goût du jour un folk typiquement anglais "Gallows Pole", "BronY aur Stomp"). Le territoire de Led Zep est tellement vaste qu’ils se sont même permis quelques incursions disons plus "originales", des teintes reggae de "Dyer Maker" aux ambiances orientales de "Kashmir", le tout avec la même efficacité. Pour la part expérimentation, Led Zeppelin n’a jamais été aussi bon que quand ils se sont lancés sur des titres épiques, généralement longs, alternant passages instrumentaux, changement de rythmes, etc… "Achilles Last stand" et ses breaks de batterie absolument dingues, "Kashmir" et son ambiance ultra lourde, ses violons orientaux.

Pour tous ceux qui sont sensibles aux atmosphères douces et oniriques, il suffit d’écouter "The Rain Song" véritable joyau folk, et une démonstration de tout ce que doit être un guitariste avec une guitare sèche entre les mains (les adorateurs de Nick Drake peuvent se ruer sur ce chef d’œuvre). Et enfin, pour moi la plus grande réussite de Led Zeppelin, sans doute le plus grand titre blues jamais enregistré. "Since I’ve been loving you" qui commence avec la guitare de Page qui nous susurre quelques notes ça et là, rapidement rejointe par la batterie de Bonzo (quel délice d’entendre la pédale de grosse caisse littéralement couiner ! ), la voix plaintive et rocailleuse de Robert Plant, l’orgue Hammond en laid-back, le solo jouissif à 3’40…….7 minutes de pure finesse absolue.

Difficile d’en dire plus sans tomber dans une béatitude des plus plates et niaiseuses tant j’aime cette musique ! Si la décennie 69-79 a été l’une des plus riches musicalement, on le doit pas mal à Led Zeppelin. Je reste d’ailleurs persuadé que si 30 ans après, l’aura et l’intégrité de Led Zeppelin restent intactes aux yeux de tous, c’est en grande partie car le groupe n’a pas eu à affronter les affres des années 80, le groupe ayant jeté l’éponge à la mort de Bonham en 1980.

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