Agnolo di Cosimo, dit Bronzino, est né à Florence en 1503, il entre jeune dans l’atelier de Pontormo – Vasari affirme qu’il aurait d’abord fréquenté l’atelier de Raffaellino del Garbo, mais ce n’est pas prouvé. Toujours est-il que Bronzino assiste Pontormo dans plusieurs de ses grandes réalisations : on pense aux fresques des années 1514-1515 à Santa Maria Novella et à la Santissima Annunziata. Profondément attaché au maître, il en deviendra le fils adoptif et son disciple le plus fidèle. Pontormo aura une influence considérable sur son élève, notamment la précision du dessin et le traitement de la couleur, nous y reviendrons.

Membre fondateur de l’Accademia delle Arti del Disegno de Florence (créée par Cosme en 1563), il meurt en 1572 à Florence.
A la suite de Pontormo, on classe habituellement Bronzino dans la catégorie des maniéristes, à la fois en rupture (notamment sur les proportions et la perspective parfaites) et en continuité avec les illustres prédécesseurs de la Renaissance.
La peinture de Bronzino est caractéristique de cette Renaissance tardive et du courant maniériste. Pour renouveler les techniques, les sujets, le traitement des espaces et des corps issus du quattrocento et utilisés depuis plus d’un siècle (les thèmes étaient un peu usés jusqu’à la corde il faut le reconnaître), les maniéristes en font « un peu trop », avec une recherche de mouvement, des corps déformés, des tons très acides, des significations parfois alambiquées, très érudites et complexes, basées sur des codes et des symboles réservés à une élite de savants… En même temps, succéder Botticelli, Raphaël, Michel-Ange et Léonard de Vinci n’est pas chose très simple.


Malgré son côté un peu « décadent » (le mot est mal choisi, je sais, mais tant pis), Bronzino nous révèle sa parfaite maîtrise du dessin, des formes et des couleurs ; se situant en rupture de ces prédécesseurs, il savait très bien d’où il venait et qui étaient ses maîtres. Même si le maniérisme italien n’a duré que moins de 60 ans, cette période a été propice à un foisonnement d’œuvres assez étonnantes, toujours singulières (on connaît tous les portraits d’Arcimbolodo ou du Greco), puissantes dans leur portée évocatrice et débridée dans leurs formes.
Pour notre plus grand plaisir.