Magazine Cinéma

Live from Cannes 2008

Par Laterna Magica

 

Nous arrivons (Benoît, Greg et Mickael) à voir l'ensemble des films de la compétition, ainsi qu'un certain nombre des oeuvres présentées dans les sections parallèles. Nous essayerons, dans la mesure du possible, de publier nos impressions sur chacun des films. Des critiques détaillées de tous les films vus (près d'une cinquantaine), seront en ligne les jours suivant le festival. Restez attentifs !

En attendant, retrouvez sur ce billet notre buzz perso et actualisé à mesure des projos que nous découvrons

 

Ce billet sera actualisé quotidiennement

 

Au jour du 25 mai, 11 ème jour du festival...

 

TABLEAU DES ETOILES/Laterna Magica

 

 

Benoît

Greg

Mickael

Films en Compétition

 

 

 

Blindness de Fernando Meireilles

Leonera de Pablo Trapero

Un Conte de Noel d'Arnaud Desplechin

Les 3 singes de Nuri Bilge Ceylan

Valse avec Bashir d'Ari Folman

24 City de Jia Zhang-Ke

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Linha de passe de Walter Salles & Daniela Thomas

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Services de Brillante Mendoza

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Gomorra de Matteo Garrone

Le Silence de Lorna de Luc & Jean-Pierre Dardenne

Two Lovers de James Gray

L'Echange de Clint Eastwood

 

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Delta de Kornel Mundruczo

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Che de Steven Soderbergh

La Femme sans tête de Lucrecia Martel

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La Frontière de l'aube de Philippe Garrel

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Adoration d'Atom Egoyan

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Synecdoche NewYork de Charlie Kaufman

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My Magic d'Eric Khoo

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Il Divo de Paolo Sorrentino

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Entre les murs de Laurent Cantet

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The Palermo Shooting de Wim Wenders

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Films Hors-compétition

 

 

 

Kung Fu Panda de Mark Osborne et John Stevenson

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Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal de Steven Spielberg

Le Bon, la brute et le cinglé de Kim Jee-Woon

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The Chaser de Na Hong-Jin

Surveillance de Jennifer Lynch

Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen

 

 

SELECTION OFFICIELLE

Malheureusement, nous n'avons pas Palermo Shooting de Wim Wenders ni 24 City de Jia Zhang-Ke. En espérant que ces films ne seront pas primés, histoire que notre déception de ne pas les avoir vu et de ne pas pouvoir vous en parler soit relativisée...

 

Entre les murs de Laurent Cantet. François Bégaudeau joue son propre rôle dans l'adaptation par Laurent Cantet de son roman. Le cinéaste à su puiser l'essentiel de la substance du livre et Entre les murs est une superbe réussite. Cette confrontation entre professeur et élèves en situation scolaire précaire est riche d'humanité, de sensibilité. Bégaudeau a un peu le beau rôle mais le film demeure honnête et passionnant. Laurent Cantet est plus que jamais le plus fin cinéaste-sociologue de France. 

My Magic de Eric Khoo. Le précédent film du cinéaste singapourien, Be With Me, avait été une magnifique découverte, quoique inégal. My Magic, film naïf et minimaliste déçoit un peu. On apprécie la sensibilité du cinéaste mais on aimerait aussi un peu plus d'ambition. Un joli petit film mais rien de plus...

Il Divo de Paolo Sorrentino. Portrait caustique du sénateur italien Giulio Andreotti, figure politique controversée en Italie pour ses liens supposés et avérés avec la mafia. Il est tout simplement lié à tous les scandales politiques transalpins des 30 dernières années. Le film est audacieux et exhubérant, dans la plus pure tradition débridée du cinéma de Sorrentino. Le cinéaste est au cinéma italien ce que Tarantino est au cinéma US. La mise en scène est incroyable, souvent gratuite mais malgré tout, il y a avec Il Divo de la palme dans l'air. Au moins un prix d'interprétation pour Toni Servillo, absolument incroyable dans la peau de Giulio Andreotti.

Synecdoche New York de Charlie Kaufman. Première réalisation pour le scénariste le plus barge aujourd'hui à Hollywood. On retrouve les obsessions et névroses constatées  dans les films de Spike Jonze qu'il a écrit. Kaufman n'a pas le même génie visuel que Jonze ou Gondry mais son film reste assez brillant ne serait-ce bien sûr que pour son écriture. Constat surtout valable pour la pemière partie du film ; la seconde, laquelle se noie sous plusieurs niveaux de réalités et donc de narration, est déjà un peu plus décevante. Un film un peu inégal, complètement névrotique et porté par un casting indé assez génial : Phillip Seymour Hoffman, Catherine Keener, Michelle Williams, Hope Davis, Samantha Morton, Jennifer Jason Leigh, Emily Watson...

Adoration d'Atom Egoyan. Grosse déception encore avec ce film, sans doute le moins intéressant réalisé à ce jour par cet immense cinéaste canadien qu'est Egoyan. Adoration n'est cependant pas honteux. Un bon petit film dans lequel un jeune orphelin élevé par son oncle tente de reconvoquer le souvenir de ses parents disparus. Obsession, fanatisme religieux , manipulation... Adoration aurait pu être bien plus passionnant et complexe qu'il ne l'est.

La Frontière de l'aube de Philippe Garrel. Le seul film jusqu'a présent à avoir été hué à son issue. Rien de scandaleux pourtant sinon un poussif triangle amoureux déjà vu 1000 fois. Et déjà vu chez Garrel tant ce film rappelle en de nombreux points son précédent Les Amants réguliers ! Les amants... avait reçu le prix de la mise en scène à Venise. Le noir et blanc sublime qui est encore au rendez-vous ici pourra peut-être permettre à Garrel de faire la passe de deux. Pour le reste, n'écoutez pas les mauvaises langues qui démontent honteusement ce film un peu hors du temps mais assez fascinant.

La Femme sans tête de Lucrecia Martel. Chef de file du jeune cinéma argentin, Lucrecia Martel divise depuis ses débuts. Née à Cannes (La Cienaga, son premier film avait été retenu en sélection parallèle en 2001), son parcours est plus que jamais lié à la Croisette (La Nina Santa fut sélectionné en 2004 et Martel était membre du jury l'année dernière !). Bref, peut-être doit-on la présence du film en compétition au fait que la cinéaste à pris là ses quartiers mais La Femme sans tête, d'une médiocrité confondante, ne méritait tout simplement pas les égards d'une montée des marches. Un film symbolique de la tristesse de cette compétition 2008.

Che de Steven Soderbergh. L'ampleur du film (4h28 car Guerrilla et The Argentine proposés au public dans la même séance) faisait très peur. Ce que Soderbergh nous a offert est simplement brillant. La sélection s'avérant cette année plus que médiocre dans son ensemble, Steven peut espérer rejoindre le club des doubles palmés. Soderbergh n'a pas sacrifié son ambitieux projet à la traditionnelle image romantique du révolutionnaire argentin. Le Che incarné par Del Toro est tout en nuance. Un film brillant et posé. Soderbergh sait être sobre ; Del Toro l'est ici tout autant. Un film majeur, c'est garanti.

Delta de Kornel Mundruczo. Jeune réalisateur hongrois de Pleasant Day, Mundruczo a obtenu à Cannes ce que son compatriote et maître Bela Tarr n'a pas pu ramener : une véritable ovation. Delta est un film radical, dur, plombant mais d'une puissance assez unique. C'est une expérience de cinéma, un film pas forcément aimable. Nous on adore et, pour sa mise en scène et sa force narrative, Delta mériterait de trouver sa place au palmarès.

Two Lovers de James Gray. Dans le New-York lugubre de James Gray, une histoire d'amour improbable et à sens unique se tisse entre deux voisins de palier. James Gray est un grand metteur en scène et il le prouve ici encore. Two Lovers n'a cependant pas la force brute des oeuvres mafieuses du cinéaste. Une déception...

L'Echange de Clint Eastwood. Clint reste au sommet de son art. L'Echange est un film impressionnant, tant narrativement que pour sa mise en scène, et demeurera sans doute une des réussites majeurs du cinéaste. Malgré tout, nous sommes déçus, à cause d'un dernier quart d'heure insupportable, dans lequel Clint ne nous épargne aucun pathos et enfonce avec peu de tact les clous de son histoire. C'est très frustrant tant le film est par ailleurs admirable. Angelina Jolie est convaincante... mais sans plus.

Le Silence de Lorna de Luc et Jean-Pierre Dardenne. Ceux qui n'aiment pas les deux frères peuvent passer leur chemin. Lorna est plus posé que leurs précédents films mais les cinéastes titillent la même fibre sociale et humaniste que dans leurs autres longs-métrages. Au 5e jour du festival, on se dit que Lorna peut clairement envisager une troisième couronne cannoise. Limpide et habile, Lorna distille quelques moments forts. Arta Dobroshi est une découverte magnifique. Jérémie Rénier est lui aussi saisissant.

Services de Brillante Mendoza. Le cinéma philippin est en plein renouveau et Mendoza son principal chef de fil. Après le magnifique John-John, sorti en salle au début de cette année, voici Services (Serbis en V.O), dans lequel Mendoza nous fait visiter un cinéma porno, lieu de transitions ou plusieurs petites histoires se tissent. Le film rappelle parfois La Chatte à deux têtes de Nolot mais se révèle bien plus lumineux et subtile que ce dernier. Dans le brouhaha de Manille, les êtres se frottent sans tabou ni honte et, miracle du cinéma de Mendoza, ce n'est jamais vulgaire. La conclusion du film est géniale.

Gomorra de Matteo Garrone. Plongée très réaliste dans l'univers de la Camorra, cette mafia italienne, cancer de la société transalpine. Il y a dans ce film quelques scènes assez fortes mais le film manque quand même de puissance, d'audace etc. La durée du film (2h15) rend ce film d'autant moins supportable. En tous les cas guère passionnant et, avec un sujet tel, c'est un comble.

Les Trois Singes de Nuri Bilge Ceylan. Une belle histoire de sacrifice, un excellent trio de personnages, des images toujours aussi uniques chez Ceylan mais une lenteur parfois exagérée. Le grief est pauvre mais parfois à Cannes, on perd patience.

Linha de Passe de Walter Salles et Daniela Thomas. Football et religion se mêlent dans cette histoire d'une famille en lutte contre un certain déterminisme d'une société brésilienne asphixiée et disfonctionnelle. Beaucoup de justesse et de vérité. Un excellent film qui ne décevra pas les aficionados de Salles.

Un Conte de Noël d'Arnaud Desplechin. Un film ambitieux ne serait-ce que par l'ampleur de sa mise en scène. Quelque scènes d'une force incroyable, une irrévérence dans les rapports entre les personnages qui est assez réjouissante mais, malgré tout, une impression assez tiède. A quoi cela tient ? Peut-être au contexte de Cannes qui fait que ce film, tout de même très bavard et dans la tradition d'un certain cinéma français, a un peu de mal a être complètement digéré. Signalons aussi un casting impeccable, Amalric en tête. Ce conte de Noël partage beaucoup de points communs avec Rois et Reine, précédent film du cinéaste, mais ne paraît pas - en tous cas pas instantanément - aussi riche et puissant.

Valse avec Bashir d'Ari Folman. Un ovni, mi documentaire, mi fiction et... entièrement animé. Le film évoque sur un mode onirique le massacre de Sabra et Chatila. La justesse du propos, la subtilité des scènes, la force du discours et l'audace du traitement font de ce film, plus qu'une curiosité, un véritable petit miracle de cinéma qui a déjà toutes les chances de se trouver une petite place au moment du palmarès.

Leonera de Pablo Trapero. Les cinq premières minutes sont extraordinaires. La suite se déroule ensuite plus banalement, sur un faux rythme et sans surprise. La mise en scène est sobre mais intéressante. L'actrice principale est parfaite mais son personnage apathique ne suscite guère de compassion. Un film un peu étrange, intéressant mais tout simplement vain. Anecdote concernant le générique : le film est produit par Walter Salles, lui-même en compèt' avec Linha de passe.

Blindness de Fernando Meireilles. Le film d'ouverture de ce cette Sélection officielle laisse une impression des plus mitigée, peut-être à cause de l'attente qui aura longtemps précédé la découverte de ce long-métrage. Meireilles est toujours autant virtuose avec sa caméra, peut-être un peu trop. Blindness est bancal, ne convainc pas tout à fait... certainement pas nous.

 

HORS-COMPETITION :

Indiana Jones et le Royaume des crânes de cristal de Steven Spielberg. Un pur plaisir de retrouver Indy même si le scénario de David Koepp en laissera beaucoup sur le carreau. Contrat rempli, ni plus ni moins. Lire notre critique par ailleurs.

Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen. Une cuvée 2008 dès plus fraiche et convainquantes pour l'incorrigible cinéaste new-yorkais. Son exil en Espagne est réjouissant, dans la lignée de Match Point, une pincée de cynisme en moins. Les acteurs sont aussi beaux que juste. Sublime découverte que Rebecca Hall. Javier Bardem est incroyable (et évidemment à l'opposée de son rôle de serial killer chez les Coen) et Woody est amoureux de Scarlett. Le film ravira forcément les fans.

The Chaser de Na Hong-Jin. Une histoire de tueur en série coréenne qui rappelle parfois Memories of Murder. Mais parfois seulement. Na Hong-Jin n'a pas le même talent que Bong Joon-Ho mais il sait indéniablement filmer. L'histoire de The Chaser est assez incroyable dans son déroulement et laisse parfois perplexe par la grossiereté de certains événements de l'intrigue. Ceci n'empêche pas un certain plaisir et The Chaser est un film efficace à defaut d'être malin. Premier film du cinéaste, il s'agit - à ce jour - du plus gros succès du cinéma coréen.

 

Dans les sections parallèles :

Gros coup de coeur pour Tokyo ! avec ses trois moyens métrages signés Gondry, Carax et Bong Joon-Ho. Coup de coeur aussi pour deux films français : Dernier Maquis de Rabah Ameur Zaimèche et le très fantasque Voyage aux pyrénées des frères Larrieux.

Excellente surprise avec Tokyo Sonata, dernier film du prolifique Kyoshi Kurosawa. Habitué au cinéma fantastique, Kurosawa nous offre cette fois-ci un drame social étonnant et magnifique. Une belle révélation.

Acné, premier long-métrage de l'uruguayen Federico Veiroj, s'est avéré une superbe découverte. Un film nonchalent et drôle, belle chronique ado du passage à l'âge adulte. Une bouffée d'air frais.

Coup de blues pour Soi Cowboy, second film de Thomas Clay après le choc The Great Ecstasy of Robert Carmichael.

Comme Clay, Ronit et Shlomi Elkabetz nous avaient emballés avec leurs premier film (Prendre femme). Les 7 jours nous convainc un peu moins.

Présenté à la semaine de la critique, La Sangre Brota de l'argentin Pablo Fendrik marque par la violence de certaine scènes. la conclusion est même particulièrement brutale. Pour le reste, un film dense et un peu maladroit, un peu confus, mais pas désagréable.

Premier film d'Anna Novion, Les grandes personnes est un petit film décalé et agréable. Rien de bien génial a retenir mais le film s'avère donc plaisant et c'est suffisant.

Johnny Mad Dog. Produit par Mathieu Kassovitz, Johnny Mad Dog ne manquera pas de faire - tôt ou tard - polémique. Le sujet est radical et difficile : des enfants-soldats, véritbales escadron de la mort, dans leur parcours violent. Le sujet est  perturbant en soi, rappelle un peu dans l'esprit le fameux clip de Justice réalisé par Romain Gavras. Le film est efficace dans ce qu'il montre, saisissant de réalisme sans que le réalisateur n'en rajoute, mais le principe de ce film reste simplement complaisant. 

 

Sur le marché du film

Martyrs de Pascal Laugier. Pascal Laugier, réalisateur du très très moyen Saint-Ange, revient avec un film précédé par un buzz assez intense. Martyrs serait une boucherie, un film traumatisant, ce qui d'ailleurs lui ferme sans doute pour le moment tous les accès aux salles de cinéma. Tant mieux en fait car si le film est effectivement ultra-violent, il est aussi complaisant dans cette violence, peu malin même. On ne tombe pas dans les travers caricaturaux et scandaleux d'une daube extrême comme Frontière(s) mais Martyrs vole à peine plus haut. Le ballon de baudruche allégé en fait de la connerie de son homologues et de ses dialogues édifiants. Martyrs reste racoleur, malgré une première partie assez bien menée et réellement intense. Les trois derniers quarts d'heures sont en revanche consternant à tous les niveaux. Et surtout inutiles. La sortie salle de ce film, elle n'est pas gagnée, et sa rumeur, il est désormais nécessaire de la pondérer.

  

B.T


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