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A Most Violent Year - Critique

Par Nopopcorn @TeamNoPopCorn

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Le prix de l'American dream !

La "Most Violent Year" du titre c'est l'année 1981 la plus criminogène des annales statistiques aux USA où Abel Morales (Oscar Isaac), entrepreneur dans le transport de fuel domestique, a trois jours pour rassembler le million et demi de dollar nécessaires pour conclure l'acquisition d'un terminal fluvial qui sauverait sa société. Au même moment sa flotte de camions est la cible d'une série d'attaques à mains armées, son domicile et ses commerciaux sont agressés, les banques le fuient et pour couronner le tout sa société fait l'objet d'une série d'enquêtes menées par un procureur ambitieux (David Oyelowo).
C'est l'œuvre d'une vie qu' Abel qui a gravi tous les échelons de simple chauffeur avant de racheter son entreprise à son propriétaire dont il a épousé la fille Anna (Jessica Chastain) doit sauver. Et il veut le faire sans renier ses principes de droiture, mais peut-on conserver son intégrité dans un monde rongé par la corruption?
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Le(s) plus

Pour son troisième film après Margin Call et All is Lost, A Most J.C Chandor, un réalisateur décidément éclectique évoque le cinéma de Sidney Lumet (Serpico, Le prince de New York) avec cette histoire sur fond d'un New York en proie au crime mais surtout à la corruption de ses institutions (justice, syndicat).
La parenté est d'autant plus flagrante que le jeu d'Oscar Isaac rappelle celui du jeune Pacino, acteur fétiche de Lumet.

J.C Chandor établit une ambiance lourde de thriller atmosphérique avec un rythme volontairement lent pour faire monter la tension comme un étau qu'on serre lentement, plongeant le spectateur dans le même état de stress que le personnage d'Abel. Il utilise de longs plans séquences avec très peu de coupes et des travellings majestueux. Mais quand il le faut le réalisateur sait accélérer le rythme comme avec cette fusillade se déroulant sur le pont de la 59e rue et une poursuite formidable qui commence en voiture pour se poursuivre dans le métro dans le plus pur style des années 70. La violence est montrée de façon brève et brutale, là encore dans le style de l'époque mais elle est omniprésente à travers la litanie de crimes violents qu'égrène la radio tout au long du film.

Oscar Isaac (Sucker Punch,Inside Llewyn Davis, Drive et bientôt Star Wars et X-men!) impressionne dans le rôle de ce self-made man idéaliste qui veut le rêve américain sans les compromissions dans un monde où la porosité entre le business et le crime organisé est permanente. D'ailleurs les réunions de ces grandes familles du fuel domestique dans les arrières salles de restaurant rappellent les traditions d'autres "familles". Abel sait qu'il est un intrus dans ce monde mais s'accrochent de manière obstinée à ses principes quitte à mettre son couple en danger quand il réalise que sa femme est bien plus dure et beaucoup moins morale que lui.
En effet, Anna ressent comme un poids les principes de son mari étant beaucoup plus terre à terre, mais grâce à l'alchimie entre les deux acteurs on ressent tout l'amour qu'elle porte à son mari malgré la crise qu'il traverse.

A-Most-Violent-Year-Photo-Jessica-Chastain-Oscar-Isaac-02Isaac rappelle de manière saisissante le jeune Al Pacino du Parrain avec ce mélange d'une extraordinaire maîtrise et de colère contenue qui explose parfois, mais Abel Morales n'est pas Michael Corleone, c'est un homme foncièrement droit au milieu qui va tout faire pour ne pas perdre son âme. Cette humanité se retrouve dans la relation poignante qu'il entretient avec Julian jeune chauffeur latino en qui il se retrouve.
Chandor entoure son couple vedette d'excellents seconds rôles, Albert Brooks en avocat conseiller d'Abel, j'ai beaucoup aimé Alessandro Nivola (Volte Face, American Bluff) excellent dans le rôle de Peter Forente héritier d'une de ses grandes familles dont on devine que les affaires s'étendent au-delà du business du chauffage. On le soupçonne de ne pas être étranger aux affres que traverse Abel tout en étant admiratif du parcours d'Abel. David Ayeolo (la série MI5, Jack Reacher) est excellent comme toujours en procureur ambitieux.

Techniquement le film impressionne avec son New York des années 80 richement reconstitué parcouru par ses coupés Cadillac immenses (et on ne parle pas de 2 ou 3 voitures anciennes dans une rue puisque une scène se déroule sous un pont embouteillé), ses bureaux sans ordinateurs pleins de classeurs métalliques.
La photo aux teintes hivernales orangées de Bradford Young est magnifique et mêle réalisme et esthétisme. Le New York du film c'est celui des Boroughs pas celui de Manhattan dont on voit briller au loin les tours comme un mirage tout au long du film.

Le(s) moins

On est pris par l'ambiance et les performances mais le film A Most Violent Year garde un rythme trop uniforme sur la durée, ainsi quand arrive la fin on reste un peu sur la nôtre (de faim). Je m'attendais à un crescendo de tension et à une résolution plus dramatique qui aurait élevé le film au rang des classiques des années 70 qu'il émule.
J'ai trouvé que le jeu de Jessica Chastain castée à contre-emploi en "Mafia Princess" de Brooklyn manquait de subtilité et tombait dans le cliché du rôle à Oscars même si son Oscar Isaac est tangible.

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Conclusion

Avec cet excellent thriller atmosphérique sur fond de crime et de corruption sur lequel plane l'ombre de Sidney Lumet, dominé par un Oscar Isaac magistral, J.C Chandor approche les classiques des années 70.
Lui manque juste une conclusion marquante.

Ma note: 7/10


A Most Violent Year

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Synopsis : "New York - 1981. L'année la plus violente qu'ait connu la ville. Le destin d'un immigré qui tente de se faire une place dans le business du pétrole. Son ambition se heurte à la corruption, la violence galopante et à la dépravation de l'époque qui menacent de détruire tout ce que lui et sa famille ont construit."
Réalisé par: J. C. Chandor / Avec: Oscar Isaac, Jessica Chastain, Albert Brooks / Genre: Drame, Thriller, Policier / Nationalité: Américain / Distributeur: StudioCanal
Durée: 2h05min / Date de sortie: 31 décembre 2014

Plus d'informations !

  • Les Anecdotes !

    Le rôle d'Andrew Walsh joué par Albert Brooks dans A Most Violent Year était initialement prévu pour Stanley Tucci (Hunger Games, Transformers : l'âge de l'extinction, Le Diable s'habille en Prada). De plus, Oscar Isaac n'était pas le premier choix du réalisateur J. C. Chandor. En effet, au moment du développement du film, Javier Bardem tenait le rôle d'Abel Morales, mais après quelques désaccords avec le cinéaste, l'acteur a préféré se retirer du projet. C'est finalement Jessica Chastain, qui proposa d'intégrer Oscar Isaac au film. Par ailleurs, elle aussi ne devait pas être au casting, puisque le personnage d'Anna Morales était prévu pour être tenu par Charlize Theron.

    Oscar Isaac et Jessica Chastain se sont connus à l'Ecole Julliard de New York en 2003, où ils étaient tous deux inscrits dans la section théâtre. Ils souhaitent jouer ensemble depuis presque une décennie, A Most Violent Year marque leur première collaboration.

    Pour A Most Violent Year, J. C. Chandor a profité d'un budget à la hauteur de ses espérances de 19 millions de dollars. En effet, le réalisateur avait réussi à obtenir un budget moindre de 3,4 millions pour son premier film, Margin Call, évoquant les dernières heures d'une équipe de traders sur le point de subir un crash boursier. Pour son second long-métrage, All is Lost (2013), basé sur une histoire de survie en pleine mer, dont le seul et unique rôle est tenu par Robert Redford, 9 millions de dollars ont pu être réunis.

    A Most Violent Year a en commun avec les deux précédents films de J. C. Chandor (Margin Call, All Is Lost) qu'il traite d'une crise violente dans laquelle survient une défaillance d'ordre professionnelle, physique ou financière. Le réalisateur plonge alors le spectateur au cœur de ce tourment et expose la vulnérabilité des personnages et leurs dilemmes moraux pour mieux appuyer la dimension humaniste de son récit.

    Le film s'intéresse également au rêve américain et à tout ce qu'il entraine comme dilemmes et sacrifices : "Avec le personnage d'Abel Morales, j'ai eu envie de m'intéresser à l'individualisme forcené et au besoin d'autonomie financière (...) Je crois profondément que pour réussir aux États-Unis, il y a des choses qu'on peut faire et d'autres pas", déclare le réalisateur J. C. Chandor.

    L'acteur Oscar Isaac déclare avoir trouvé le personnage d'Abel Morales intéressant de par son ambiguïté mais également de par son devoir moral : "J'ai perçu un mélange intéressant chez Abel qui, pour moi, évoque le type qui rêve d'appartenir à une société capitaliste, qui aspire à mener la belle vie, et qui résiste à son impulsion d'avoir recours à la violence pour arriver plus vite à faire fortune". En ce sens, A Most Violent Year est davantage le récit du parcours d'un homme d'affaires désirant réussir à tout prix.

    Fasciné par la vie de New York du début des années 80, J. C. Chandor a eu l'idée de ce film en étudiant le parcours de certaines familles qu'il connaissait personnellement et qui avaient monté de grandes entreprises à une époque où la ville était rongée par la criminalité et la corruption. A travers ces histoires de famille, le réalisateur a imaginé un couple qui tente de bâtir un empire pendant une période difficile.

    Les comédiens Jessica Chastain, David Oyelowo et Elyes Gabel qui sont à l'affiche de A Most Violent Year figuraient tous trois au casting du film de science-fiction de Christopher Nolan sorti en 2014 : Interstellar.

    Pour l'écriture des dialogues, J. C. Chandor dit s'être inspiré des dialogues âpres et réalistes des polars de Sidney Lumet. Le réalisateur déclare également être ravi de pouvoir filmer à nouveau des joutes verbales après avoir tourné All Is Lost, film quasiment muet.

    L'objectif de J. C. Chandor et du chef décorateur John Goldsmith était de montrer une ville de New York sur le déclin. Goldsmith s'est inspiré de clichés d'artistes comme Carl Burton et Dinanda H.Nooney qui avaient beaucoup photographié la ville à cette époque. Il a également puisé son inspiration dans des magazines d'architecture et des catalogues de grands magasins de l'époque.

    Le défi pour J. C. Chandor et le chef opérateur Bradford Young était de trouver des lieux appropriés qui pouvaient refléter le déclin mais aussi la prochaine renaissance de la ville de New York dans les années 70-80. Désirant s'éloigner de l'image de la ville décadente dépeinte dans des films comme Taxi Driver ou French Connection, Bradford Young désirait ajouter un peu de raffinement à cette image déliquescente de New York : "Ce qui manque dans ces deux films, c'est l'élégance et le raffinement propres au déclin que la ville connaissait alors. Ce que je voulais, c'était filmer cette décadence de manière extrêmement précise et documentée", déclare-t-il.

    A Most Violent Year a été tourné au début de l'année 2014 pendant un hiver très rigoureux. Le climat a rendu le tournage extrêmement compliqué mais le réalisateur J. C. Chandor et son équipe s'en sont accommodés : "L'isolement est l'un des thèmes majeurs du film, et le combat d'Abel et d'Anna est très solitaire : la neige met tout cela remarquablement en valeur. Ces silhouettes dans un paysage enneigé qu'on aperçoit avec la vapeur qui leur sort de la bouche, les mains dans les poches et les épaules avachies, sont parmi les images les plus mémorables du film", déclare le cinéaste.

Et vous qu'avez-vous pensé du film A Most Violent Year ?

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