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Interview raury │« je veux que ma musique ait un effet extrêmement positif »

Publié le 18 janvier 2015 par Acrossthedays @AcrossTheDays

Il y a quelques semaines, on vous racontait une nouvelle fois comment on avait vécu nos Rencontres Transmusicales. Le chouchou de notre jeudi soir, la star de la première soirée du Parc des Expositions, c’était lui. Raury, dont on vous parlait déjà il y a quelques mois. Ce jeune homme d’Atlanta est rapidement devenu la coqueluche d’une scène hip-hop dans la digne lignée de Kid Cudi. Juste avant son controversé concert de ce fameux jeudi soir pluvieux des Transmusicales de Rennes, nous l’avons rencontré. L’occasion de revenir sur les débuts de l‘Indigo Child, la nouvelle vie qui s’offre à lui, et sur ses désirs musicaux. 

INTERVIEW RAURY │« JE VEUX QUE MA MUSIQUE AIT UN EFFET EXTRÊMEMENT POSITIF »

ATD : J’ai lu que tu avais appris la musique tout seul, c’est vrai ? Comment ça s’est passé ?

Raury : J’ai presque tout appris tout seul sur internet. Ma mère m’a donné une guitare quand j’avais 11 ans et je n’ai jamais arrêté depuis.

Tu as fait la première partie de Outkast, comment est-ce que c’est arrivé ?

C’était fou ! J’ai commencé à faire de la musique sur Atlanta, quelqu’un qui connaissait très bien Outkast m’a vu à un concert et voulait que je les rencontre. Ils m’ont pris sous leur aile. J’allais dîner avec eux, on sortait… j’ai fait mon propre spectacle à Atlanta, le Raurfest. Et je crois que quelqu’un était là, quelqu’un de proche d’Outkast, et littéralement le lendemain ils m’ont appelé et m’ont proposé de faire leur première partie.

Justement, à propos du Raufest, tu l’as organisé à Atlanta, c’est important pour toi le rapport à ta ville d’origine ?

Oui c’est très important. J’ai un lien fort avec ma ville, comme c’est de là dont je viens, qu’importe ce que je fais, je les représente.

Tu peux me parler d’Anti-Tour ? Est-ce que ça te manque?

Oh, ce n’est pas terminé. L’anti-tour c’était le fait de venir à des concerts lorsqu’ils étaient terminés et de faire des spectacles sur les parkings. C’était super cool et ça marchait. Les gens restaient dehors, ils attendaient qu’on vienne les chercher, cherchaient un truc à faire, et je jouais sans permission, on devait partir avant que les flics arrivent et nous fasse taire. On avait un grand van et je montais dessus, je chantais « God’s Whisper » et je me barrais pour pas que les flics nous arrêtent.

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J’ai vu sur des vidéos que les gens criaient ton nom, tu penses que ça t’a vraiment aidé à te faire un nom?

Ouais ça a vraiment beaucoup aidé. Ça a rendu tout ça très réel de montrer au monde à quel point j’étais bon avant même d’avoir quoique ce soit. Je veux dire littéralement, il n’y avait que moi et mon équipe, en assemblant nos dernières payes pour faire un truc ensemble, on a pu faire un album, on a fait beaucoup de choses. Ce n’est pas mort, ce n’est pas terminé.

Tu es jeune et il semble que ta vie est entièrement en train de changer, ça ne te fait pas peur?

Si ça me fait peur bien sur, mais je le fais comme je fais toutes les autres choses. Je ne peux pas avoir une vie normale, je ne serai pas à la maison pour Noël par exemple, j’ai des choses plus importantes à faire que ma vie personnelle.

Tu continues d’aller en cours du coup ?

J’ai eu mon bac et j’ai arrêté. J’aurai pu aller à l’université mais ça me semblait plus être une perte d’argent, une perte de temps.  Je ne voulais pas y aller si je ne pouvais pas payer mes études moi-même. Tu sais, je ne viens pas d’une famille riche et j’aurai eu que des dettes à payer ensuite… c’est ridiculement cher aux États-Unis.

Revenons à Indigo Child, il  n’y a pas de featurings sur ton album, mais si tu pouvais choisir des artistes avec qui tu aimerais travailler, qui ça serait ?

Est-ce que c’est important s’ils sont vivants ou mort? Je dirai Freddy Mercury, David Bowie…. définitivement Kid Cudi.

On te compare beaucoup à Kid Cudi…

C’est mon artiste préféré dans le monde, je suis trop fier qu’on me compare à lui. Je l’ai rencontré, c’est devenu un bon ami depuis, on discute de temps en temps. J’aimerais bien travailler avec Frank Ocean aussi, et Lorde, et juste des amis. J’aime faire de la musique avec mes amis.

Est-ce que tu peux expliquer ton concept d’Indigo Child ? Tu te considères comme tel ?

Je dirais que déjà la définition d’un enfant indigo, ce que ça représente, ce que ça signifie, avant même que je la décrive, c’est selon toi. Tu vois, une personne qui est ouverte et curieuse, qui développe ses propres concepts… les enfants indigos, ce sont les enfants de l’ère d’internet, tu peux les appeler comme tu veux. On est dans l’ère d’internet et on fait les choses différemment, dans une toute nouvelle humanité, parce que les jeunes comme nous sont nés avec. À partir du moment où je pouvais lire j’ai commencé à aller sur internet, et on peut faire à peu près tout. Quand j’ai commencé à apprendre à jouer de la guitare, à faire de la musique, je suis allé voir sur internet. J’y ai appris tellement, et je ne suis pas le seul gosse à l’avoir fait ! Ce que je veux dire, c’est que tu peux le faire, tu peux l’utiliser, pour réussir tout ce que tu veux réussir. Si tu commences à lire des trucs de tes 9 ans jusqu’à tes 17 ans tu seras capable de connaître plein de choses… quand j’avais 9 ans, sur internet je regardais des trucs, j’apprenais, je lisais, et j’apprenais encore… c’est pas seulement un moyen de faire des choses, ni du succès que l’on peut acquérir, c’est beaucoup plus comment on peut apprendre des choses bonnes, ou même mauvaises sur internet. On peut aller aussi haut que bas. Et la musique change, tout autour de nous, elle est en train de changer. Par exemple je ne suis pas piégé par la radio de chez moi, je peux écouter tout ce que je veux. Je peux écouter Queen, System of a Dawn, Michael Jackson, Nina Becker… ma famille écoutait ce genre de choses, et maintenant on a des artistes qui peuvent faire tout ce qu’ils veulent parce qu’ils sont inspirés par plein de musiques. Tu as moi, tu as Lorde, King Krule, et encore plein d’autres de mon âge qui font des choses qui sonnent vraiment comme le monde sonne. Il n’y a aucune limite.

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Lorsque tu as commencé à apprendre la musique et à en faire, tu voulais déjà en faire ton métier, ou est-ce que tu voulais juste faire de la musique pour toi ?

Je voulais carrément être très connu, j’avais 9 ans, je voulais de l’argent, des filles… toutes ces idées un peu immatures, mais ce n’est plus du tout pour ça que je fais de la musique aujourd’hui. Aujourd’hui je fais de la musique pour servir et parler pour ma génération, pour encourager les jeunes qui m’écoutent. Ce que tu écoutes a un impact sur ce que tu penses, ce n’est pas la seule influence mais c’est comme ce que tu manges, avec qui tu sors, cela forme tes valeurs, ce genre de choses… Je veux que ma musique ait un effet extrêmement positif, je veux leur donner confiance en eux, qu’ils croient en eux, qu’ils puissent tout confronter.

C’est ce que tu veux créer dans tes clips également ? Dans tes visuels ?

Dans mes clips je montre réellement d’où je viens, qui je suis et comment sont vraiment les choses là-bas pour des jeunes comme moi. Comme je le disais, je suis vraiment attaché à mes racines, et je veux aussi montrer ce qu’on voit de là bas. La plupart des vidéos des artistes d’Atlanta montrent des jeunes en clubs, qui trainent, des modèles, et je voulais aussi montrer des choses différentes. Montrer ce que font réellement les jeunes à Atlanta. On est fatigué de ces scènes de clubs, des soirées et de ces merdes qui te font devenir zombie.

Tu as été nominé pour le BBC Sound 2015, comment est-ce que tu as réagi ?

Je ne savais pas comment réagir ! J’ai toujours voulu être reconnu, j’ai toujours voulu, espéré… et j’ai appris, ça m’encourage à travailler encore plus dur, parce que les choses qui m’arrivent là, bien sur qu’elles me rendent fier de moi-même, mais je dois travailler. Si je gagne ce prix, ça va rendre ma musique vraie. Ça a déclenché dans ma tête quelque chose, que je voulais faire de la musique du futur.

Tu seras très bientôt sur scène. Tu as des rituels avant d’y aller ?

Pas vraiment, je bois du miel parfois, ou je médite. Pas d’alcool parce que ça m’endort. Je ne suis pas nerveux, je le suis moins qu’avant. Pendant les spectacles d’Outkast il y avait 20 000 personnes, là j’étais nerveux.

Est-ce que Kanye West est sympa alors? Est-ce que tu peux parler de tout ça ?

Il est super sympa oui ! Mais aucun commentaire, désolé.

Quelques semaines après cette rencontre avec Raury, l’artiste nous livre une nouvelle chanson, Fly. Sortie le 14 janvier sur son SoundCloud, c’est tout en douceur que nous retrouvons l’Indigo Child. En attendant la suite.

Crédit photo : Alexis Janicot


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