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Il est minuit moins 3 avant la fin des temps

Publié le 23 janvier 2015 par Blanchemanche

22/01/2015

170773LOGO.jpegL'horloge de la fin des temps a avancé de 2 minutes. Nous sommes donc plus proches de la disparition de l'humanité. Il ne s'agit pas là d'une prophétie Maya ou d'une prédiction de Paco Rabanne, mais bien un avertissement lancé par des scientifiques, qui s'occupent de cette horloge virtuelle depuis presque 70 ans.A l'orée de la seconde guerre mondiale, après les bombes atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki, en 1945, naissait le bulletin des savants atomiques (Bulletin of Atomic Scientists). Scientifiques, ingénieurs, experts, ils avaient participé au fameux Manhattan Project qui avait abouti à la première bombe A. Avec ce bulletin, ils souhaitaient informer le public sur les armes nucléaires et les conséquences de leur utilisation, afin d'être certains que les citoyens ne seraient pas maintenus dans l'ignorance de leurs intentions par leurs gouvernants.En 1947, l'horloge de la fin des temps apparaissait pour la première fois sur le Bulletin, symbole des dangers encourus par un monde risquant l'holocauste nucléaire, comme un compte à rebours vers minuit et la fin de la civilisation telle que nous la connaissons. Il était alors minuit moins 7.Depuis, chaque année, le conseil de direction du Bulletin, après consultation de son conseil des sponsors (qui comprend 18 prix Nobel) se réunit pour examiner les menaces sur la survie de l'humanité, et plus particulièrement celles touchant aux possibles conflits nucléaires ou plus récemment au changement climatique ou même aux "technologies émergentes dans les sciences de la vie".

Entre minuit moins 2 et minuit moins 17

Au fil des années, l'horloge a changé d'heure, en fonction de l'intensité des menaces sur la sécurité de notre planète. Le pire fut en 1953 : les Etats-Unis avaient décidé de produire la bombe à hydrogène, testant sa première tête nucléaire en 1952. Neuf mois plus tard, les Soviétiques faisaient de même, et le Bulletin sonnait l'alarme : "encore quelques balancements du pendule, et de Moscou à Chicago, les explosions atomiques sonneront minuit pour la civilisation occidentale". Il était alors minuit moins 2.La situation la plus confortable fut en 1991. La guerre froide était terminée, les arsenaux nucléaires réduits par traité. Pour le Bulletin, "l'illusion que des dizaines de milliers d'armes nucléaires sont garantes de la sécurité nationale a été dissipée". A l'horloge, il était minuit moins 17.Depuis, l'horloge a tempéré son optimisme. En 1995, devant un ralentissement du désarmement, elle passe à minuit moins 14. En 1998, l'Inde et le Pakistan testent des armes nucléaires : minuit moins 9. En 2002, la menace terroriste et la dissémination des matériaux nucléaires de qualité militaire sont là : minuit moins 7.En 2007, le Bulletin constate que les USA et la Russie ont toujours la possibilité de déclencher une guerre nucléaire, il y a 27000 armes atomiques dans le monde, 2000 d'entre elles pouvant être lancées en quelques minutes. La Corée du Nord a effectué un test d'arme atomique, et l'Iran projette de construire la bombe. De plus, le changement climatique est là, et les dommages aux écosystèmes sont déjà visibles : minuit moins 5.2010 marque un optimisme relatif. Les pourparlers entre Washington et Moscou sont dans une bonne voie pour la réduction des arsenaux nucléaires, et côté changement climatique, la conférence de Copenhague laisse briller une lueur d'espoir. L'horloge recule d'une minute, à minuit moins 6.Dernier changement avant aujourd'hui, 2012. Le bulletin montre alors du doigt le nucléaire, avec entre autres les risques de conflits régionaux (Moyen-Orient, Asie du Sud et du Nord-Est), ainsi que la lenteur et l'inadéquation des solutions mises en oeuvre pour lutter contre le changement climatique. Il est de nouveau minuit moins 5.

On avance... dans le mauvais sens

Le couperet est donc tombé aujourd'hui : nous avançons de deux minutes, et il est minuit moins 3, à une minute du score du pire moment de la guerre froide. Cette fois, le nucléaire et le climat se combinent pour créer ce niveau de danger. Pour le premier, le comité pointe du doigt notamment le ralentissement de la réduction des arsenaux nucléaires, ainsi que le paradoxe de leur modernisation. Pour le changement climatique, il parle de "sentiment d'urgence" dans la réduction des émissions de gaz carbonique, et du peu de temps que nous avons pour les réduire avant qu'il ne soit trop tard pour en limiter les effets.Bien sûr, l'horloge de la fin des temps est une image, et elle porte sa part de subjectivité. Mais tous les esprits brillants qui y contribuent se basent sur des faits, sur des éléments tangibles, pour nous alerter sur les dangers qui nous guettent si nous ne sommes pas plus prudents, avec l'atome comme avec le climat."La probabilité d'une catastrophe globale est très haute", assure le comité. "Maîtriser notre technologie ou en devenir les victimes, le choix est le nôtre, et le temps est compté".
Crédit image : Il est minuit moins 3 (Bulletin of the Atomic Science)
http://espace-temps.blogs.nouvelobs.com/archive/2015/01/22/il-est-minuit-moins-3-avant-la-fin-des-temps-553693.html

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