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La sélection de la semaine : Walking Dead, Elle s’appelait Tomoji, Paci, Kersten médecin d’Himmler, Stonehenge, The wake, A la dérive, Doctors, Coeurs à coeurs et Kamisama

Par Casedepart @_NicolasAlbert

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The Wake – Scott Snyder et Sean Murphy (Urban Comics)

Pour ce quatrième samedi du mois de janvier, Case Départ vous propose sa belle sélection de la semaine. En vous ouvrant sa bibliothèque, le blog met en lumière de très bonnes bandes dessinées. Nous passons au crible, les albums suivants : le vingt-deuxième volume de la formidable série Walking Dead, le nouveau manga de Jirô Taniguchi : Elle s’appelait Tomoji, le dernier tome du polar de Vincent Perriot : Paci, Kersten médecin d’Himmler : une biographie dessinée et fictionnelle du docteur personnel du bras droit d’Hitler, le premier volet de la saga ésotérique de Corbeyran & Pinson : Stonehenge, le nouvel album des talentueux Scott Snyder & Sean Murphy : The wake, A la dérive : un album sur le casse du siècle à Paris en 1910, le 100e livre édité par çà et là : Doctors, le huitième volume du manga sentimental : Cœurs à cœurs et la réédition du deuxième tome de Kamisama. Bonnes lectures.

Walking dead # 22

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Avant d’être une série télévisée à succès (5e saison aux Etats-Unis : 14,6 millions de téléspectateurs en moyenne par épisode), Walking Dead est un comics. Pour ce vingt-deuxième tome, Une autre vie (#127 à 132), Robert Kirlman et Charlie Adlard prennent une direction totalement inattendue pour cette saga thriller fantastique.
Résumé de l’éditeur : La Colline, Alexandria. Quelque temps après la Guerre totale. Une autre vie commence pour les survivants de la terrible bataille qui a opposé Negan, Rick et Ézéchiel. La menace directe de Negan écartée, chacun espère retrouver une existence à peu près normale. Mais c’est compter sans les zombies, le manque de vivres et surtout Robert Kirkman et son sens du drama… Une autre vie commence.

Alors que Negan a été mis hors d’état de nuire (il est enfermé dans la prison de la communauté), Rick Grimes et ses pairs se reconstruisent peu à peu. Le camp fortifié vit quasiment en autarcie (agriculture et élevages). Et même un moulin sera mis bientôt en service, permettant aux habitants de manger du pain et de retrouver un goût qu’ils avaient perdu. D’ailleurs Carl, le fils de Rick, aimerait y travailler en tant que forgeron. Malgré les réticences de son père, il finira par le faire changer d’avis.

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De leur côté, le groupe de cavaliers, qui sécurisent les zones autour du camp, découvrent six survivants en haut de la caravane attaqués par des Revenants. Utilisant une nouvelle technique équestre, ils arrivent à détourner les zombies. Malgré un mort, les cinq membres sont accueillis dans le camp. Pourtant la méfiance est de mise des deux côtés. Les nouveaux arriveront-ils à se faire accepter ?
De nouveau, le récit de Robert Kirkman est d’une grande maîtrise narrative. Faisant prendre un nouveau tournant à la saga, il lui permet de relancer l’intrigue dans une autre direction. Alors que le campement est de plus en plus autonome (il existe des passerelles avec d’autres communautés), que les Revenants sont bien maîtrisés, il semblerait que le calme ne soit que relatif (les nouveaux ou Negan qui a une relation particulière avec Carl). De nombreux rebondissements rythment l’album jusqu’à sa fin.

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Si la partie scénaristique est excellente encore une fois, la partie graphique l’est tout autant. Charlie Adlard est assisté d’une encreur Stefano Gaudino depuis le vingtième tome et le résultat est toujours aussi bon.

Le dessinateur sera présent lors du 42e Festival d’Angoulême 2015 ; un Art Book paraît en même temps que ce 22e volet de la saga, ainsi que le neuvième numéro du magazine officiel Walking Dead.

  • Walking dead, tome 22 : Une autre vie
  • Scénariste : Roert Kirkman
  • Dessinateurs : Charlie Adlard
  • Editeur: Delcourt
  • Prix: 14.50€
  • Sortie: 21 janvier 2015

Elle s’appelait Tomoji

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Après l’excellent album Les gardiens du Louvre publié le mois dernier par Futuropolis, Jirô Taniguchi propose sa vision du Japon du début du 20e siècle dans son nouveau roman graphique contemplatif Elle s’appelait Tomoji, une fresque romanesque sur la vie d’une jeune femme de sa naissance à son mariage, édité par Rue de Sèvres.

Retrouvez la fin de cette chronique sur Comixtrip, en cliquant ici.

  • Elle s’appelait Tomoji
  • Scénaristes : Jirô Taniguchi et Miwako Ogihara
  • Editeur : Rue de Sèvres
  • Prix : 17€
  • Sortie : 21 janvier 2015

 Paci

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Case Départ a eu un beau coup de cœur pour la série Paci. Trois tomes en dix mois, voilà le projet fou qu’a parfaitement réussi Vincent Perriot pour nous conter ce polar entre mafia, drogue et grosses cylindrées. Pour cet ultime tome, le lecteur continue de suivre les péripéties de Pacifique dans sa quête pour se défaire de son passé de trafiquant.
Résumé de l’éditeur : Miguy n’aurait pas dû venir chercher Paci dans la boîte de nuit où il « travaille ». Paci tient à cette femme plus que tout, mais il n’a pas le temps de s’occuper d’elle, pas maintenant. Il doit d’abord finir de liquider son passé de trafiquant qui lui colle à la peau. Une seule solution : faire imploser l’empire d’Ashram, son ancien boss. Une mission-course poursuite où il y aura des morts, beaucoup de morts…

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Quelle fin en apothéose pour cette série addictive Paci ! De nouveau Vincent Perriot atteint son but pour cet ultime tome de sa trilogie contemporaine. Cette fois-ci, c’est Miguy l’amie de Pacifique qui attire tous les regards. Elle s’est mise en tête de venir chercher son compagnon sur le lieu de son « travail ». Accompagnée de son amie, elle essaie de percer le mystère entourant son métier. Entre alcool, boîte de nuit et drogue, la soirée ne se déroulera pas sous les meilleurs auspices.

Ajouter à cela, Ashram, le boss-dealer, Jérôme son homme de main et l’Anglais, fournisseur de la marchandise et l’album s’achève sur les chapeaux de roue. Comme sa voiture, la vie de Paci accélère et poursuit une folle route. Le rythme de l’histoire est lui aussi assez fou et rapide.

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Plus qu’un polar, le scénario de Vincent Perriot dresse le portrait d’une jeunesse à la dérive et d’un marché juteux qu’est la drogue. Action, violence, suspens et combines… tout est réuni pour le lecteur soit tenu en haleine.
Sur la lancée des deux précédents volets, l’auteur de Belleville Story (Dargaud) livre une belle partition graphique. Un trait vif et jeté, des décors déformés par la vitesse et trognes très expressives.

Paci : Une formidable réussite ! A découvrir !

  • Paci, tome 3/3 : Rwanda
  • Auteur : Vincent Perriot
  • Editeur: Dargaud
  • Prix: 17.95€
  • Sortie: 09 janvier 2015

Kersten, médecin d’Himmler

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Félix Kersten était le médecin personnel d’Henrich Himmler. Le statut privilégié de ce docteur finlandais lui permit de sauver des camps de la mort de nombreuses personnes. Injustement oublié par les livres d’histoire et les récompenses, Patrice Perna lui consacre une biographie fictionnelle, dans l’album Kersten médecin d’Himmler, paru chez Glénat. Pour mettre en image ce formidable récit, le scénariste a fait appel à Fabien Bedouel.
Résumé de l’éditeur : 23 juin 1941. Un train blindé fonce dans la nuit vers le front de l’Est. À son bord : Heinrich Himmler avec sa garde rapprochée et tous les membres de ses services. Lors des séances de soin avec son médecin particulier, le docteur Félix Kersten, le Reichsführer a pris l’habitude de se confier, délivrant des informations capitales sur les plans secrets du Reich. Fort de sa position, Kersten se livre de son côté à un marchandage : en guise d’honoraires, il obtient la libération de prisonniers de guerre. Mais ce pacte avec le diable commence à intriguer Heydrich, chef de la Gestapo et bras droit d’Himmler, qui voit d’un mauvais œil la complicité entre le médecin et son patient. Il soupçonne Kersten d’être un agent allié infiltré…
Personnage discret et injustement oublié de la Deuxième Guerre mondiale, Félix Kersten est celui qui sera à l’origine du Contrat pour l’Humanité, sauvant la vie de 60 000 Juifs emprisonnés dans les camps de la mort.

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Prévue en diptyque, cette magnifique histoire commence admirablement dans ce premier volet intitulé Pacte avec le mal. Le récit de Patrice Perna se fonde sur un personnage méconnu du grand public, Félix Kersten. Médecin finlandais installé à Berlin, sa nombreuse patientèle était diverse. Parmi ces personnes figuraient donc Henrich Himmler, bras droit d’Hitler. Souffrant d’un mal de ventre chronique, le docteur arrivera à le soulager grâce à une technique d’imposition des mains. Malgré la pression de plus en plus forte concernant la guerre, le Reichsführer lui ordonne de rester dans la capitale allemande pour continuer le traitement. Soignant tout le monde, Kersten est rapidement obligé de faire le choix de ne plus aider les juifs.

Fréquemment visiteur de sa propre ambassade et de ses diplomates, il va devenir un précieux allié concernant les informations ou des personnes à sauver. Il passe un pacte implicite avec Himmler : des soins personnels en contrepartie de listes d’hommes et de femmes à épargner.

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Cet album haletant est emprunt d’une grande tension narrative ; le lecteur se questionnant : Himmler acceptera-t-il ce pacte ? Pour combien de temps ? Cette protection va-t-elle susciter des jalousies avec des hauts dignitaires nazis ? Habitué de scénarios plus légers (Joe Bar Team 7, Tuning maniacs ou Paddock), Patrice Perna réussit ce beau projet.
La partie graphique confiée à Fabien Bedouel est, elle aussi, à la hauteur de l’histoire. Le trait réaliste de l’auteur de l’Or et le sang (avec Merwan, Glénat) est d’une grande sobriété, très en phase avec la trame du récit.
Si le second volet est du même acabit, Kersten médecin d’Himmler deviendra une très belle série historique. A suivre !

  • Kersten, médecin d’Himmler, tome 1/2 : Pacte avec le diable
  • Scénariste : Patrice Perna
  • Dessinateur : Fabien Bedouel
  • Editeur: Glénat
  • Prix: 13.90€
  • Sortie: 14 janvier 2015

Stonehenge

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Druides, magie et domination de l’Eglise catholique en Angleterre, voilà le mélange étonnant et très réussi du nouvel album d’Eric Corbeyran, Stonehenge, publié par les éditions Soleil. Le scénariste a confié la partie graphique à un nouveau venu dans le monde du 9e art, Ugo Pinson.

Résumé de l’éditeur : La nuit enveloppe l’étrange et antique monument de Stonehenge. Alors que les druides prient devant la pierre de Fal, une horde de barbares surgit les armes à la main. Les officiants sont massacrés, la pierre sacrée dérobée…
Bien des siècles plus tard, en 439, Germain d’Auxerre, puissant émissaire de l’église de Rome, fait irruption dans un monastère pélagien. Sa mission est de s’assurer que les règles monacales sont conformes au dogme de l’église chrétienne. En fouillant les cellules, Germain tombe sur un manuscrit qui a été dérobé dans un secteur interdit de la bibliothèque.
Le jeune moine Ninian est puni et emprisonné pour ce vol mais grâce à son ami, le novice Kadog, il parvient à s’échapper de son cachot. Ninian et Kadog fuient ensemble, poursuivis par les cavaliers lancés à leurs trousses. On découvre plus tard que les deux fuyards sont issus d’une vieille lignée druidique, infiltrés dans le monastère à la recherche d’indices et d’écrits sur la Pierre de Fal, disparue depuis des siècles.
La découverte du manuscrit et la perspective d’un pouvoir surnaturel échouant aux mains des druides, incite Germain à chercher l’alliance de Vortigern, le chef Saxon, pour contrer l’unification des royaumes bretons.
Pendant ce temps, Erin quitte son Irlande natale suite à la mort de son père, chargée d’une lourde mission…
Dès lors, tous les protagonistes sont en piste et la pierre sacrée est l’objet de toutes les convoitises car elle est l’unique porte qui mène à l’épée de Nuada, une arme dont la possession est synonyme d’un très grand pouvoir !

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Résumée ainsi, le lecteur pourrait croire à une énième histoire celte sans intérêt, mille fois lue. Pourtant le premier tome de Stonehenge, Erin, réserve de très belles surprises. Il faut dire qu’Eric Corbeyran, prolifique scénariste, sait tenir en haleine le lecteur et distiller avec beaucoup d’intelligence les éléments de compréhension de l’intrigue, ce jusqu’à l’ultime page et un excellent dernier rebondissement.

La toile de fond de l’histoire est déjà très forte : les batailles entre les nombreux clans en Bretagne et leur volonté de se fédérer, la fin du paganisme, le rôle de moins en moins important des druides et la volonté de l’Eglise Catholique d’asseoir sa domination sur ces contrées. La mise en place du christianisme a connu beaucoup de difficultés parmi ces différents peuples à cause de résistances druidiques assez vivaces. Ajouter à cela, une quête (la pierre sacrée) à retrouver et l’on obtient un excellent début de saga.

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Le récit très mystique et magique de l’auteur est porté par des personnages à la psychologie forte et complexe : Germain d’Auxerre, émissaire de Rome, véritable méchant à l’allure tyrannique, mais aussi Ninian et son compagnon Kodog, petits moinillons mystérieux. D’ailleurs, le lecteur sera surpris de qui ils sont réellement.
Stonehenge est le premier album publié d’Ugo Pinson. Le trait du jeune auteur nantais est d’une excellente qualité. Composées comme des tableaux, les planches ont été réalisées à la peinture à l’huile. Cette technique confère encore plus de force et de mystère à l’histoire.
Stonehenge : une histoire à suivre, un jeune dessinateur prometteur, une intrigue efficace et une toile de fond historique originale.

  • Stonehenge, tome 1/3 : Erin
  • Scénariste : Eric Corbeyran
  • Dessinateurs : Ugo Pinson
  • Editeur: Soleil
  • Prix: 14.50€
  • Sortie: 14 janvier 2015

The wake

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Après leur première collaboration sur American Vampire Legacy, les deux plus grands talents actuels de l’industrie des comics, Scott Snyder et Sean Murphy, se retrouvent sur un récit complet mêlant révélations scientifiques et horreur sous-marine, intitulé The Wake et publié par les éditions Urban Comics (lauréate de l’Eisner Award de la meilleure mini-série et du meilleur dessinateur 2014).
Résumé de l’éditeur : Lorsqu’elle est arrachée à ses recherches pour rejoindre une expédition secrète gouvernementale en plein Arctique, la biologiste marine Lee Archer ne se doute pas une seconde de ce qu’elle s’apprête à découvrir par 300 pieds sous la calotte glaciaire. Après avoir été présentée à l’équipe de spécialistes en tous genres, Lee découvre dans un caisson la raison d’être de cette expédition top secrète : un spécimen vivant de véritable chimère marine, une sirène…

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Nous étions impatient de lire le premier ouvrage commun de Scott Snyder (scénariste de la nouvelle série Batman avec Greg Capullo) et du talentueux Sean Murphy (les formidables : Punk Rock Jesus et Off road) et nous ne sommes pas déçus. Le récit de l’auteur de la mini-série Iron Man : noir est formidable. Entre science-fiction, fantastique, thriller et aventure, tout est réuni pour passer un excellent moment de lecture. Il met en scène des sirènes terrifiantes, de plus en plus nombreuses et produisant des effets importants sur les rivages des côtes. Nous découvrons d’ailleurs que ces monstres sont multi-séculaires et que l’on retrouve leurs traces à travers les époques. L’histoire navigue entre ces différents moments historiques afin d’ancrer en plus ces chimères dans le temps.
L’ouvrage est construit comme un huis-clos angoissant, à la limite du thriller. Il faut dire que le sous-marin se prête parfaitement à cette ambiance de grande tension. Les membres de l’équipe meurent au fil de page, dévorés par les sirènes, et donc les survivants sont de moins en moins nombreux. De plus, la relation singulière qu’entretient Lee, l’héroïne, avec son fils, permet de relier le monde sous-marin et le monde extérieur.

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A travers les 270 pages de l’album, Sean Murphy livre de nouveau une prestation de haute volée. Nous avions adoré les pages en noir et blanc de Off Road et Punk Rock Jesus (Urban Comics) d’une très grande force graphique et nous adorons aussi les pages couleur de The Wake. Elles sont l’œuvre de Matt Hollingsworth et sont magnifiques. Le trait anguleux du bouillonnant dessinateur rend admirablement l’ambiance sombre du récit. Il faut regarder de plus près les planches qui annoncent l’arrivée en masse des chimères marines pour découvrir tout le talent de l’américain.

The wake : une véritable réussite ! Une très belle pépite ! A lire ! A découvrir !

  • The wake
  • Scénariste : Scott Snyder
  • Dessinateur : Sean Murphy
  • Editeur: Urban Comics, collection Vertigo Deluxe
  • Prix: 22.50€
  • Sortie: 23 janvier 2015

A la dérive

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Paris, 1910. La capitale française est sous les eaux. Cette crue exceptionnelle donne des idées aux petits malfrats de la ville. C’est ainsi qu’un couple d’américains projette d’attaquer la banque American Express. Xavier Coste propose A la dérive, récit d’aventure contant cette épopée, publié par Casterman.

Résumé de l’éditeur : Paris 1910. Alors que la ville est envahie par les eaux de la grande crue de la Seine, un couple d’américains croulant sous les dettes et les menaces d’usuriers fomente un coup audacieux: profitant de la déroute générale piller la banque American Express! Le casse du siècle!
Mais n’est pas braqueur de banques qui veut. Des « Apaches » (surnom des bandits parisiens au début du siècle avant les hauts faits des Brigades du Tigre) sont embauchés pour leur prêter main forte. L’engrenage fatal est en route.
L’attaque tourne mal, un des gardiens est assassiné. Rapidement la police met la main sur un des éxécutants qui balance à tout va. Alors que l’Américain est appréhendé, son épouse parvient à s’échapper avec une grosse partie du butin. Il est condamné au bagne, elle reste libre. Il fera tout pour la retrouver ainsi que les liasses, garantie d’une vie meilleure… mais l’attendra-t-elle ?

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Le récit de Xavier Coste se fonde sur une libre adaptation d’un fait-divers et de la vie de ses protagonistes : Eddin Guerin et Chicago May, couple de bandits irlandais, qui a réalisé le casse du siècle de l’American Express en 1903. Même si les ressorts de l’intrigue sont assez classiques, l’histoire est agréable à lire.
L’addiction aux jeux d’argent d’Eddy a ruiné la vie du couple. Agathe est même obligée de se prostituer pour renflouer les caisses. Mais un jour, son compagnon lui propose un hold-up inimaginable : celui de la plus grande banque des Etats-Unis en France. Après avoir contacté et motivé des complices, ils réussissent leur coup, non sans avoir tué le surveillant de nuit. Pourtant leur fuite est de courte durée et Eddy est incarcéré à Cayenne, tandis qu’Agathe se retrouve à la tête d’une fortune. Elle se décide alors de faire évader son compagnon.

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L’histoire navigue donc entre une enquête policière et une drôle d’aventure romanesque, entre trahison et amour. C’est la partie graphique qui séduira certainement le lecteur, tant les planches sont magnifiques. Diplômé d’une école d’arts graphiques de Paris, Xavier Coste est à la fois dessinateur et peintre et cela se ressent dans les pages très originales de l’album. L’on passe de cases classiques et réalistes à des cases souvent plus abstraites. Certains découpages de planches sont déstructurés et parfois centrés autour de motifs d’Art Nouveau, comme le veut la toile de fond du récit. Enormément d’eau et beaucoup de clarté pour cet album.

  • A la dérive
  • Auteur : Xavier Coste
  • Editeur: Casterman
  • Prix: 18€
  • Sortie: 07 janvier 2015

Doctors

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Les éditions çà et là fêtent leur dix ans cette année et pour leur centième livre publié, elles ont eu le nez creux avec Doctors, un excellent album de Dash Show.

Résumé de l’éditeur : Tammy Cho est docteur, mais dans un domaine un peu particulier  : par l’intermédiaire du Charon, une machine révolutionnaire construite pas son père, elle se projette dans l’esprit de personnes tout juste décédées pour les ramener à la vie…. Une opportunité irrésistible pour ceux qui peuvent se le permettre, cependant, le répit accordé est de courte durée, les riches patients ramenés à la vie ayant seulement quelques jours pour faire leurs adieux à leur entourage, mettre leurs affaires – et notamment leurs testaments – en ordre, avant de mourir pour de bon. Ainsi, lorsque Mme Bell meurt des suites d’un accident de natation, elle est temporairement ressuscitée à la demande de sa fille, Laura. Mais la vie dans l’au-delà peut parfois s’avérer préférable à celle de notre monde et Mme Bell vit très mal ce retour forcé. Peu préoccupés par les états-d’âmes de ces patients, Tammy, son père et leur assistant William, continuent leur activité jusqu’à ce qu’une intervention du père de Tammy tourne mal et qu’elle soit obligée de se projeter dans l’esprit de celui-ci.

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A première vue, l’album par un graphisme coloré et peu amène pourrait rebuter le lecteur et ce serait dommage de ne pas l’ouvrir tant il est formidable. Plutôt intriguant et un peu froid dès les premières pages, on est pourtant vite entraîné dans ce récit qui met en lumière des thématiques universelles fortes : la mort, bien entendu, la relation à la mort, faire le bien autour de soi, le rachat ou les relations humaines (ici mère-fille). Est-ce que finalement les défunts et les vivants peuvent cohabiter sur Terre ?

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Ici, Dash Shaw ne met pas en scène les artifices fous du fantastique mais plutôt une forme de magie douce. Comme dans la mythologie grecque, Charon joue un rôle essentiel dans le récit (passeur d’âme sur le Styx et dans Doctors, une machine qui se projette dans l’esprit des morts).

Doctors est donc à la fois un récit de science-fiction, un drame familial et un thriller. Le lecteur se fait lui même son propre jugement des personnages. En effet, la grande force du scénario de Dash Shaw est de ne pas prendre partie et de laisser des questions en suspend. Madame Bell pourra-t-elle se racheter aux yeux de la société ? Elle qui était d’une grande froideur dans ses relations aux autres. L’argent peut-il tout faire pardonner ? Sa résurrection par Laura, sa fille, partait d’un bon sentiment au départ, mais s’avérera plus complexe qu’il n’y paraît.

Diplômé de la School of Visuel Art de New-York, Dash Shaw est l’auteur de plusieurs romans graphiques salués par la critique : Bottomless Belly Button (Sélection Officielle d’Angoulême 2009 et Prix Millepages en 2008) ou encore BodyWorld. Avec Doctors, il livre des planches colorées uniformément et un trait d’une belle lisibilité. A noter que la 20th Century Fox a acquis les droits de cet ouvrage, qui sera développé par David Goyer (co-scénariste de Man of Steel ou la série Dark Night de Christopher Nolan).

  • Doctors
  • Auteur : Dash Shaw
  • Editeur: çà et là
  • Prix: 14€
  • Sortie: 23 janvier 2015

Cœurs à cœurs

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Les éditions Doki Doki propose le dernier volume de la série Cœurs à cœurs de Minase Mayu. Ce volet dévoile trois histoires hors-série afin de connaître encore mieux les univers de Takei, Keisuke et Satoru.
Résumé de l’éditeur : Keisuke, lycée de terminale, a connu un chagrin d’amour au collège. Depuis, il craint toute nouvelle relation sentimentale, car il ne veut pas blesser le cœur d’une éventuelle petite amie comme il l’a fait auparavant. Un jour, en rentrant de l’école, il fait la rencontre d’une fille qui ne le laissera pas indifférent…
Les trois petites histoires Un amour secret, La ritournelle des mensonges et Retour au patelin de ce hors-série sont de nouveau de belle qualité. Pour chacune d’elle, l’humour est de mise pour conter ces belles romances, parfois réussies parfois manquées. Ces belles tranches d’histoires d’amour adolescentes sont toujours agréables, portées par des personnages complexes. Le lecteur pourra aussi découvrir des amours impossibles entre certains d’entre-eux.

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Dans Un amour secret, Takei qui avait subi un revers de la part de Mai, décide de dévoiler ses sentiments à Ayano sa collègue de travail dans un fast-food…

Dans La ritournelle des mensonges, Keisuke ne sait pas comment réagir face à la déclaration de Miwa, une lycéenne de terminale. Depuis la fin de sa relation avec Mai, il ne parvient pas à aimer une autre fille…

Dans Retour au patelin, Satoru revient dans sa ville natale. Après ses études, il décide de reprendre la boutique de fleurs familiale. Dans ce petit village, il retrouve Mana, son amie d’enfance. Mais les sentiments du jeune garçon se transforme en un amour impossible : la jeune fille aurait déjà un petit ami…

Le trait soigné de Minase Mayu apporte une belle touche de sensibilité aux mini-récits. Les décors de la mangaka sont très aboutis et les visages ont beaucoup d’expressivité.

  • Coeurs à cœurs, volume 8/8
  • Auteur : Minase Mayu
  • Editeur: Doki Doki
  • Prix: 7.50€
  • Sortie: 7 janvier 2015

Et pour quelques pages de plus…

Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :

Kamisama

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Les éditions Ki oon rééditent les merveilleuses histoires de Keisuke Kotobuki, Kamisama. Pour ce deuxième volume, Les contes de la colline, le jeune lectorat va découvrir des fables fondées sur les légendes japonaises.
Résumé de l’éditeur :
La déesse de la colline existe-t-elle vraiment ?
Qu’est-ce qu’un cerisier électrique ?
Shimashima, le chaton au grand cœur, retrouvera-t-il le chemin du monde des vivants ?
Bienvenue dans le monde merveilleux de Kamisama !

Entre manga et conte, cet Alice au pays des merveilles nippon regroupe plusieurs récits féeriques, drôles et émouvants à la fois.
Une série de mangas entièrement en couleurs, véritable invitation au rêve et à la poésie.

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Publiés dans le sens de lecture occidentale une première fois entre septembre 2006 et mars 2010, les trois volumes de Kamisama retrouvent un second souffle dans une nouvelle édition en format souple et dans la collection Ki oon Kids. Plusieurs histoires courtes mettent en scène les liens très forts entre les petites japonais et la nature. Oniriques, elles jouent sur les valeurs écologiques enfouies au plus profond des âmes japonaises, entre réalité et divinités.

Ce beau voyage poétique est aussi un très beau mélange d’humour, de tendresse, de charme, d’émotions et de fantastique. Le trait de Keisuke Kotobuki est d’une très belle élégance, aérien et haut en couleur.

  • Kamisama, volume 1/3
  • Auteur : Keisuke Kotobuki
  • Editeur: Ki oon
  • Prix: 9.65€
  • Sortie: 22 janvier 2015

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