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Le diamant de la Toscane… et Belluard

Par Mauss

Soyons précis : nous parlons ici de la Toscane du Sangiovese en laissant la Maremma, ses sangliers, ses plages peu courues et sa DOCG phare - Bolgheri - de côté, pour l'instant.

Nous sommes donc avec ce cépage productif dans les DOC - DOCG du Chianti, du Chianti Classico et du Brunello di Montalcino.

De retour d'une belle semaine transalpine, allant de Montalcino à Cernobbio avec un stop au retour à Ayse pour saluer Dominique Belluard et ses cuvées de Gringet uniques au monde, quelques mots sur un cru de référence mondiale : Poggio di Sotto.

Calmons d'entrée les suspicieux : oui, on leur donne parfaitement le droit de considérer comme nuls et non avenus ces commentaires sur des vins produits par des amis de longue date.

Pour les autres, un juste rappel : Claudio Tipa, GJE (ColleMassari, Grattamacco) a acquis cette propriété en 2011 et c'est donc sous Piero Palmucci, l'ancien propriétaire, conseillé par l'oenologue Giulio Gambelli, décédé depuis, assisté de Federico Staderini - qui parle un français parfait - qu'ont été produits ces millésimes de références que sont les 2002 - 2004 - 2006 - 2008 - 2010 et le plus difficile 2011. Federico reste en poste : on ne change pas une équipe qui gagne :-)

Sans même se couvrir derrière l'ensemble des critiques italiens qui placent ce cru Poggio di Sotto Riserva au sommet de la production italienne (avec, en blanc, le superbe Trebbiano d'Abruzzo de Valentini), le millésime 2010 dégusté dimanche dernier à la propriété est simplement la plus belle expression de ce cépage si difficile qu'est le sangiovese.

On a déjà évoqué ici en décembre 2013 la soirée du Club Bristol Grands Crus où Claudio Tipa nous avait apporté ce cru de Brunello di Montalcino qui se décline sur 3 étiquettes : le Rosso di Montalcino, le Brunello di Montalcino et le Brunello di Montalcino Riserva. Une production totale qui n'a jamais pu atteindre 25.000 cols : c'est dire la rareté de ce vin !

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Là, le 2006

Le 2010 sera certainement à la hauteur de ce 2006, un sommet. Comment bien parler d'un vin qui dégage d'entrée, au nez, une émotion rappelant avec évidence les sensations qu'offrent les grands crus de Frédéric Mugnier, d'Eric Rousseau et du Domaine de la Romanée-Conti, et sans oublier un autre frère en émotions rares : Rayas ?

Et la suite est du même calibre : on est au sommet, on y reste, on y revient et tout bêtement, impossible de trouver un chouilla de défaut quelconque qui justifierait une parole sensée de la part d'un critique professionnel. L'exemple même d'un cru où le silence est la seule intelligence du moment.

Un rêve : un beau dîner où on aurait Poggio di Sotto Riserva 2006, Rayas 2006, un Musigny de Mugnier et une Romanée-Saint-Vivant (ou La Tâche) du Domaine de la Romanée-Conti ?

La vie est courte : on va travailler la chose fissa au Laurent !  :-)

Bien sûr, il est à peu près certain que les amateurs qui préfèrent les cabernets-merlots n'auront pas, comme les amateurs des vins de la côte de nuits, cet enthousiasme pour la finesse, la fraîcheur, la longueur, l'élégance aristocratique que génère ce Brunello qui est absolument unique par cet ensemble rarissime de qualités à si haut niveau. Il leur faut autre chose, d'autres sensations. Pas de problème : on sera toujours pour la diversité des goûts ! Manquerait plus que ça que d'imposer ses vues !

Oui, Poggio di Sotto, c'est le pur diamant de la Toscane du sangiovese. Oui, en prenant rendez-vous, l'amateur pourra probablement obtenir quelques bouteilles de ce vin qui est déjà dans le gotha mondial des plus grands crus en rouge de la planète. Mais il va falloir faire vite, les ventes du 2010 devraient commencer cet automne. C'est pas gagné !

Le prix ? Probablement autour des € 170 - € 200… ce qui reste raisonnable quand on constate à quel point d'autres vins, incapables de créer d'aussi belles émotions, se vendent à des prix nettement supérieurs !

Si certains limitaient l'Italie du vin aux immenses Monfortino de Conterno, aux mythiques Giacosa, aux barolos grandioses de Roberto Voerzio, aux charmeurs de Luciano Sandrone, et à tous ces vins piémontais que nous présente Nicolas Herbin qui n'oublie pas le "créateur" Angelo Gaja, si d'autres mettent plus facilement en avant Sassicaia, Masseto, Ornellaia, Solaia, on ne pourra plus, désormais, ne pas mentionner Poggio di Sotto comme une référence absolue de l'Italie du vin.

La question : comment se fait-il que le sangiovese, qui a un mal fou à sortir en Chianti Classico d'une certaine rusticité, comment se fait-il que ce cépage prend une telle noblesse, au niveau des plus beaux pinots noirs bourguignons dans cette appellation italienne où le pire côtoie le sublime ? Il y a probablement une culture de la vigne, une vinification propre à ces belles collines autour de Montalcino, mais là, quelle différence ! Question à creuser !

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Poggio di Sotto

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Le bourg voisin

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Comme chez Voerzio : bien moins qu'un kilo de raisins par pied… alors qu'en Chianti on est allègrement au-dessus du kilo !

Bon, revenons sur terre, niveau cagnotte :-)

Si ces vins qui exigent des soins coûteux et qui bénéficient d'une appellation, une DOCG connue mondialement, sont hors de portée pour bien des budgets limités, faites comme bibi : prenez RV chez Dominique Belluard, à Ayse, près de Bonneville, à la sortie du tunnel du Mont-Blanc, et dégustez son rare Gringet dénommé "le Feu" que m'avait fait découvrir Jacques Perrin (GJE). Un blanc de toute beauté, difficile à oublier, tant il vous donne généreusement des sensations véritablement uniques. Oui, sans hésiter, dans le gotha des plus belles références françaises en blanc.

A moins de € 26, et après deux belles années au moins de cave, vous aurez là des émotions méritant largement les plus beaux applaudissements. Fascinant ce monde des grands vins, où on peut trouver finalement pour tout budget, de quoi exploser les compteurs !

ADDENDUM 1

Un mien ami, me rappelant les nourritures chrétiennes de la civilisation européenne si chère au Big Other de Jean Raspail, m'envoie le nom de la belle abbaye qu'on voit dans toute sa splendeur  depuis la terrasse nord-est (?) de Poggio di Sotto. En voici la photo que j'avais prise avant l'arrivée au Domaine :

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Abbazia di Sant'Antimo


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