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Baromètre Harris Interactive/Délits d’Opinion : Le Pen, une crise sans larmes ?

Publié le 28 avril 2015 par Delits

Crise au FN, efficacité du plan com de François Hollande, guerre des primaires à droite : Jean-Daniel Lévy fait le point de l’opinion et révèle en exclusivité les résultats du baromètre Harris Interactive / Délits d’Opinion.

1.   Intervention fleuve  sur Canal +, interview vérité dans Challenges ou le nouveau magazine Society : François Hollande est engagé dans une vaste opération séduction pour restaurer son image : comment évolue cette dernière et auprès de quelles franges d’électeurs le Président doit-il particulièrement renouer les fils ?

Jean-Daniel Lévy : La vague du baromètre d’avril montre une forme de stabilité de l’exécutif : les hausses de + 1 point de confiance aussi bien pour le Président de la République que pour le Premier ministre peuvent être lues avec une double analyse : la baisse de la confiance consécutive à la période post-attentats semble s’être arrêtée ; la confiance à l’égard du couple exécutif est aujourd’hui supérieure à celle que l’on pouvait mesurer il y a de cela six mois. Rappelons-nous que François Hollande était alors « apprécié » politiquement par seulement 18% des Français en novembre dernier, quand 33% de nos compatriotes répondaient de la sorte lorsqu’ils pensaient au Premier ministre. Soit  des hausses respectives de 12 et 7 points au cours de cette période.

Il est frappant de remarquer qu’il existe un « gap » de taille entre la modification objective de la communication du Président de la République et la restitution subjective des interviewés. Parmi les 1000 personnes interrogées cette semaine – soit après la diffusion de l’émission de Canal + – seule une fait référence à une émission de télévision. Et ce qui est relevé par les observateurs et analystes de la presse, ce qui est commenté en de nombreuses reprises, ne semble pas susciter une réception massive de la part des Français.

On peut observer des évolutions de la confiance sans que celle-ci ne soit rattachée à la modification de la communication du Président. D’ailleurs, la période au cours de laquelle la position de la cravate de François Hollande suscitait débats, voire ironie, semble révolue.

Rappelons, enfin, que la confiance à l’égard du Président de la République a progressé avant les attentats de janvier dernier. Et qu’une partie des Français avait retrouvé un François Hollande assez proche de celui qu’ils avaient connu avant l’élection : proche des gens, sympathique et dans l’empathie… il ne s’agit pas là d’un bouleversement d’image, mais de petites évolutions que l’on peut identifier.

A la suite de l’intervention de François Hollande, relevons trois ironies. La première : alors que cette émission a été présentée comme ayant vocation à s’adresser « aux jeunes », la confiance de la part des moins de 35 ans baisse de 6 points (pour s’établir à 35%) alors que celle des personnes âgées de 50 à 64 ans progresse de 10 pour atteindre 36%. La deuxième : alors que le public « bobo » était visiblement visé, le Président de la République récolte la confiance de 32% des personnes issues des catégories populaires et de 29% des CSP+. La troisième : alors qu’une polémique est née à la suite des propos du Président de la République (faisant référence aux moments où «  Marine Le Pen parle comme un tract du Parti Communiste des années 70 »), la confiance de la part des proches du Front de Gauche progresse à tel point qu’aujourd’hui près d’une personne sur deux déclare accorder sa confiance à François Hollande.

Aussi, si l’exercice auquel nous nous prêtons (baromètre de suivi de la confiance) diffère d’un post-test de communication, observons, malgré tout, qu’il existe des effets non mécaniques entre ce qui était initialement souhaité et ce que l’on constate a posteriori.

2.   Manuel Valls semble décidé à durer à Matignon : son socle de popularité lui permet-il d’envisager encore 2 ans en tant que Premier ministre ?

Jean-Daniel Lévy : Aujourd’hui 40% des Français déclarent faire confiance à Manuel Valls. Il n’a perdu « que » six points en un an. Surtout 83% des sympathisants PS accueillent favorablement le Premier ministre. Soit 8 points de plus que le Président de la République. Soit 25 de plus que Jean-Marc Ayrault à la veille des municipales de 2014 auprès de cette population (le Premier ministre de l’époque avait perdu 20 points de confiance en quelques mois). En dehors de ces aspects quantitatifs, remarquons les caractéristiques positives qui lui restent attribuées au fil du temps : « dynamique », « énergique », « volontaire », « déterminé », « sérieux », « compétent », « ferme »… et n’émaillant pas la restitution des prises des parole spontanées des Français lorsqu’on les interroge sur François Hollande.

Manuel Valls est donc complémentaire du Président, suscitant plus la confiance de la part des sympathisants de Gauche, et plus que la moyenne des ministres.

Lorsque l’on critique aujourd’hui le Premier ministre, c’est essentiellement du fait de sa proximité avec le Président (notamment à Droite) et de la politique qu’il mène (ce qui revient à peu près à la même chose). On ne relève pas de lassitude particulière exprimée à son égard.

3.   Marine Le Pen pâtit-elle de la guerre engagée avec son père ?

Jean-Daniel Lévy : Avec 91% de confiance chez les sympathisants FN (+6 points) et 22% parmi l’ensemble des Français (soit sensiblement le même niveau que Benoît Hamon, Xavier Bertrand, Olivier Besancenot ou encore Claude Bartolone), on ne peut pas dire que, conjoncturellement, la présidente du Front National rencontre une difficulté d’opinion. Sur le plus long terme, observons qu’il y a un avant et un après attentats. Alors qu’au deuxième trimestre 2014 Marine Le Pen suscitait la confiance de 25% à 29% des Français, aujourd’hui nous nous rapprochons du cinquième de nos compatriotes plutôt que du quart. Même si cela ne constitue pas la seule motivation à voter pour elle ou les représentants de sa formation politique.

Dans le même temps Florian Philippot perd 6 points chez les sympathisants FN. Ceci vient confirmer ce que nous avions relevé dans le sondage réalisé pour 20 Minutes[1].

4.   Nicolas Sarkozy a t-il bénéficié de la victoire de la droite aux départementales ?

Jean-Daniel Lévy : Aujourd’hui Nicolas Sarkozy recueille la confiance de 26% des Français. Ils étaient 28% à répondre à l’identique avant les départementales, 35% après sa déclaration de candidature à la tête de l’UMP et 39% il y un an. On pourrait donc répondre par la négative. Mais si l’on regarde ce que répondent à cette même question les sympathisants de Droite et du Centre ainsi que ceux proches de l’UMP, que remarquons-nous ? Que Nicolas Sarkozy recueille la confiance de 59% des proches de la Droite et du Centre (stable) tandis qu’il progresse de 9 points (à 88%) chez ceux de l’UMP. Reste qu’il n’est pas le seul. Alain Juppé voit sa confiance auprès de la Droite et du Centre progresser de 3 points (75% contre 72% le mois dernier), Nathalie Kosciusko-Morizet  gagne 2 points (53%), Xavier Bertrand 5 (49%) et tandis que François Fillon en perd 3 (à 53%), et que Bruno Le Maire en perd 9 (47%). Parmi les sympathisants de l’UMP, Xavier Bertrand tire particulièrement son épingle du jeu (62%, +9 points), tandis qu’Alain Juppé et Nathalie Kosciusko-Morizet se stabilisent, et que Bruno Le Maire perd également du terrain, ainsi que dans une moindre mesure, François Fillon.

Donc Nicolas Sarkozy est parvenu à conserver et à regagner  lien avec le cœur de l’électorat UMP. Pas (encore ?) à apparaitre comme la seule personnalité à laquelle les sympathisants UMP font confiance pour faire des propositions qui vont dans le bon sens.

Enquête réalisée en ligne du 21 au 23 avril 2015.  Echantillon de 1020  personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, à partir de l’access panel Harris Interactive. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).

[1] Enquête réalisée en ligne les 08 et 09 avril 2015. Echantillon de 1 256 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).

http://www.harrisinteractive.fr/news/2015/10042015.asp


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