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[Critique série] ORANGE IS THE NEW BLACK – Saison 1

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique série] ORANGE IS THE NEW BLACK – Saison 1

Titre original : Orange is The New Black

Note:

★
★
★
★
½

Créateur : Jenji Kohan
Réalisateurs : Michael Trim, Uta Briesewitz, Jodie Foster, Andrew McCarthy, Matthew Penn, Phil Abraham, Constantine Makris.
Distribution : Taylor Schilling, Laura Prepon, Michael J. Harney, Kate Mulgrew, Jason Biggs, Michelle Hurst, Uzo Aduba, Danielle Brooks, Natasha Lyonne, Taryn Manning, Dascha Polanco, Laverne Cox, Nick Sandow, Pablo Schreiber, Matt McGorry, Yael Stone, Samira Wiley, Lea DeLaria, Beth Fowler, Madeline Brewer…
Genre : Drame/Comédie/Adaptation
Diffusion en France : Netflix
Nombre d’épisodes : 13

Le Pitch :
Piper Chapman, fiancée depuis peu, est condamnée à quinze mois à la prison de sécurité minimale pour femmes de Litchfield. Elle doit son séjour à son amour pour son ex, Alex Vose, dealeuse de niveau international pour qui elle a transporté de l’argent de la came. Elle va découvrir un monde à l’opposé de son milieu d’origine, bien loin de ce qu’elle a pu apprendre en préparant son séjour carcéral…

La Critique :
Depuis les années 2010, deux géants américains d’internet ont décidé de concurrencer les mastodontes à l’origine de pléthore de séries cultes comme HBO, FX, ABC, Showtime, AMC, ou CBS, en proposant leurs propres séries. Si le premier, Amazon, se développe doucement, en revanche Netflix, certes avantagé par son expérience dans la diffusion d’un large catalogue de séries et de films, propose un contenu très intéressant. Aux côtés de la célèbre politic fiction House of Cards (citée comme référence quand il s’agit d’enseigner sur les institutions politiques américaines) et de l’original Lilyhammer, qui a un grand capital sympathie, une autre série commence à connaître un succès grandissant. Cette dernière est Orange Is The New Black (bon, vous l’aurez compris, puisque vous êtes en train de lire la chronique), la nouvelle série de Jenji Kohan, créatrice de la presque culte (malgré un final assez naze) Weeds, l’anti Desperate Housewives sur une veuve des banlieues résidentielles qui doit se résoudre à vendre de la marijuana pour survivre. Cette fois, il s’agit d’une série carcérale, basée sur le livre de Piper Kerman, une femme qui, comme l’héroïne, a transporté une valise d’argent par amour pour une trafiquante et, peu de temps après ses fiançailles, s’est retrouvée dans le même type de prisons pour femmes. Le fait que ce soit adapté d’une expérience vécue rend le show crédible. On retrouve la touche Jenji Kohan, avec cet humour si particulier, parfois potache, parfois noir même dans les situations tragiques, ce qui vaut à la série d’être classée comme comédie dramatique, comme l’était Weeds. Dans les deux séries, on retrouve des personnages féminins forts, victimes de la lâcheté, voire la méchanceté ou la stupidité des hommes. Des femmes (du moins les rôles principaux dans les deux shows) qui, par amour ou pour leur survie, franchissent allègrement la ligne jaune et finissent par s’enfoncer de plus en plus, au point d’être isolées. On retrouve ce goût pour les génériques originaux avec des musiques qui marquent (Little Boxes qui illustre la vie dans les suburbs pour l’une, You’ve Got Time de Regina Spector sur l’emprisonnement). Ce qui différencie les deux séries, c’est que dans Weeds, bien que les personnages secondaires soient important, le personnage principal, Nancy Botwin, est clairement le leader de l’histoire. Orange Is the New Black, ce serait presque le contraire : certes, le destin de Piper est important et c’est le sujet premier de la série, mais on pourrait presque parler de « série chorale » tant, à l’instar de Game of Thrones, ce sont la quasi-totalité des personnages qui sont importants, et leurs interactions suscitent un intérêt similaire au personnage principal. Pas de leader ni de tête d’affiche, mais une multitude, ce qui est très bien résumé par le générique montrant des regards et des sourires de femmes. Des personnages bien dessinés, sans que les intrigues entre eux soient non plus trop complexes, car vu leur nombre, on se retrouverait vite paumés, mais dont le passé est expliqué (l’originalité de la série étant de montrer à chaque épisode ce qui a poussé telle personne à se retrouver en prison). On y retrouve la fanatique religieuse hystérique, une transsexuelle, une lesbienne de type camionneuse, des ex-amantes, une prof de yoga paumée, une qui semble avoir fait vœu de silence, une perchée, une raciste bien qu’elle s’en défende, une matrone russe, une rivalité mère/fille, mais aussi certains encadrants tordus dont un gardien parfait salopard surnommé Pornstache (à cause de sa moustache d’acteur porno des années 80).

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Ces multiples personnages et leurs destinées variées permettent d’aborder des thématiques qu’on retrouve dans les fictions carcérales (tensions entre communautés, notamment entre détenues noires et latinas, éloignement avec la famille, relations à distance avec les conjoints, promiscuité et la perte d’intimité que cela génère, matons au comportement abusif, la perte de repères hors les murs…) mais aussi des thèmes plus larges comme la drogue, l’homosexualité et l’homophobie, la perte d’identité sexuelle, le milieu social qui tend à favoriser la précarité, la maternité ou son absence, la condition féminine, les pro-life… S’inspirant de ses modèles, Orange is the New Black s’en affranchit en étant moins violent ou extrême que Oz (il y a d’ailleurs un clin d’œil à cette série dans le premier épisode), ceci étant dû notamment au fait que le cadre diffère, à savoir une prison de femmes (cadre rarement utilisé, à part des passages dans quelques films, et des films disons hors du cadre du cinéma traditionnel) et de sécurité minimale, loin des canons du genre qui évoluent dans les prisons de haute sécurité. Par conséquent, l’ambiance moins oppressante et presque plus soft. Presque, car les détenues de Litchfield peuvent être presque aussi redoutables que les détenus de Emerald City (Oz) ou du pénitencier d’Etat de Fox River (Prison Break).

Orange Is the New Black est également porté par une réalisation solide, une très bonne bande-originale et par un casting de premier choix. Si le nom le plus connu dans le générique est Jodie Foster, qui prouve à nouveau qu’elle est aussi très bonne derrière la caméra, on retrouve quelques visages connus. Les fans de That’s 70’ Show retrouveront avec plaisir Laura Prepon (qui jouait Donna Pinciotti) à nouveau dans un rôle conséquent, celui d’Alex Vose, ex-amante et partner in crime de Piper. Ceux qui ont vu et aimé American Pie reconnaîtront Jason Biggs (qui fut le cauchemar de tous les pâtissiers dans le premier volet) qui incarne le fiancé de Piper, et Natasha Lyonne qui joue une détenue aussi sarcastique que l’était son personnage de Jessica dans le film. Taylor Schilling (Dark Matter) est impressionnante dans le rôle de Piper. Michael J. Harney (habitué de l’univers de Jenji Kohan puisqu’il jouait le policier Mitch Ouelette dans Weeds), Pablo Schreiber (Sur Ecoute, Vicky Cristina Barcelona) sont impeccables. L’un dans le rôle d’un conseiller faussement bienveillant et l’autre dans le rôle du gardien salopard Pornstache. Danielle Brooks, Yael Stone, Tarryn Manning (8 Mile, Hustle & Flow), Dascha Polanco, Samira Wiley et d’autres sont très prometteuses. Laverne Cox est touchante, Kate Mulgrew (Star Trek Voyager, Mme Columbo) charismatique et Lea DeLaria très drôle. Mais la performance la plus notable est celle d’Uzo Aduba, qui campe à merveille la folie de Suzanne Warren alias Crazy Eyes, et pour laquelle l’actrice a reçu deux prix, à juste titre.

Certes, il serait difficile de dire que Orange is the New Black révolutionne le paysage des séries, mais c’est une série où la star reste l’humain. Une série qui offre un autre cadre que celui qu’on voit dans les fictions carcérales. Une série représentant enfin ce qu’est l’enfer des prisons pour femmes, même de basse sécurité. Portée par une interprétation impeccable, un humour bien dosé ainsi que des qualités techniques indéniables, cette série assez originale et addictive offre un rôle important et valorisant aux femmes, et donne un visage aux oubliées du rêve américain.

@ Nicolas Cambon

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Crédits photos : Netflix


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