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Les enfants font de la résistance !

Publié le 21 mai 2015 par Blabla
Aujourd'hui chez les terriens ... une geekette a aimé une BD fort instructive et tellement bien faite ...
On trouve parfois des trésors dans nos familles. Celui que j'ai découvert il y a peu vient de ma belle-famille. Car Chéri à un oncle qui n'est pas inconnu dans le monde de la bande dessinée, un certain Vincent Dugomier, co-auteur entre autre de Hell School et des Démons d'Alexia. Avec son collègue et ami depuis 25 ans, Benoît Ers, il signe une nouvelle saga faite de belles planches colorées aux petits accents d'autrefois et narrant une histoire qui devrait en toute logique tous nous toucher, de près ou de loin : celle de la Seconde Guerre Mondiale, vue par des enfants.

Les enfants font de la résistance !

Les enfants de la Résistance
Tome 1 - Premières actions


"Dans un petit village de France occupé par l'armée allemande, trois enfants refusent de se soumettre à l'ennemi. Mais comment s'opposer à un si puissant adversaire quand on n'a que dix ans ?"
C'est par ces quelques mots que l'éditeur, Le Lombard, résume ce premier tome des Enfants de la Résistance. Et la problématique est en effet judicieusement posée. 
Par la plume de Vincent Dugomier et le crayon (bic) de Benoît Ers, nous nous retrouvons projetés en Juin 1940, dans l'est de la France, non loin de la ligne de démarcation, dans le petit village bucolique et fictif de Pontain l’Écluse. On y découvre François, le rouquin, fils d'agriculteur, et Eusèbe, le brun, fils de l'instituteur, jouant aux billes sur le trottoir d'une des rues du village, dont le calme est en train d'être brisé par le martèlement de la marche au pas d'un bataillon d'allemands. Première planche, et déjà l'ambiance est posée : Eusèbe est effrayé, et François, pas moins sûr de lui, lui dit que le mieux est de faire comme s'ils n'étaient pas là, pour ne pas leur montrer leur peur, pour que l'allemand ne se sente pas réellement vainqueur. Les premiers élans de Résistants, avant même d'y songer.

Les enfants font de la résistance !

Les enfants de la Résistance - extrait planche 2


A l'image du Journal d'Anne Frank, l'histoire est racontée par un des enfants, François, qui nous livre en "voix-off"ses souvenirs et surtout, ses sentiments, ses impressions, tout ce qui lui passait par la tête du haut de ses treize ans à l'époque. 
Au début, c'est doux, gentillet. Mais la guerre, elle, avance. On la voit dans le passage des allemands, dans l'inquiétude du père de François, qui admire tant Pétain, qui à l'époque était encore apprécié des français. Mais on la voit surtout avec l'exode : le village devient un lieu de passage, on y voit des voitures, camionnettes et même charrette bondées, chargées à en déborder de bagages et de gens. Et les enfants qui ne comprennent pas ... pas encore.

Les enfants font de la résistance !

Les enfants de la Résistance - extrait planche 4


C'est là que débarque la petit tête blonde qui vient compléter ce sympathique duo : Lisa, réfugiée laissée sur le bord de la route par des gens qui ne veulent pas d'elle. On comprend bien vite pourquoi : Lisa parle allemand. Et qui voudrait, en France, d'une allemande auprès de soi ?

Les enfants font de la résistance !

Les enfants de la Résistance - extrait 


Lisa explique qu'elle est belge, d'Eupen. Ceci explique cela : cette région, c'est comme l'Alsace-Lorraine, explique-t-on aux enfants, et comme ça a été pris par les allemands, là-bas les belges ne parlent pas français. Lisa est donc acceptée, aimée même, et devient l'amie des deux garçons, qui commencent à vouloir résister à l'envahisseur, surtout le petit François. Mais chut, je ne vous en dirais pas plus !
Cette BD, je la suivais depuis le Facebook de "mon oncle" par alliance, mais c'est chez belle-maman que je l'ai lue. Dévorée et adorée, même. Un vrai petit bijou, pour tout public mais parfaitement adapté aux enfants. Et l'instit qu'est belle-maman y a bien vu le filon à exploiter. Cela dit, ce n'était pas bien dur, il suffit de finir le tome pour y découvrir un petit dossier pédagogique bien ficelé, pour expliquer aux enfants ce qu'ils ont vu et lu dans le tome (et qui sera présent dans chaque tome de la série). Ajoutez à cela un magnifique site web pour explorer encore plus loin cette partie de notre histoire, et on a là une belle matière à étudier ! Ce qui était le vœu des auteurs, comme on peut le lire sur auracan.com :
"On a spécialement veillé à ce que ce premier album soit compréhensible par la jeunesse, à expliquer les choses afin de permettre aux enfants de les comprendre plus facilement." (Dugomier)
Si le dessinateur avoue avoir laissé passer quelques petites erreurs, comme une robe sans manche ou une coiffure qui n'apparaît que deux ans plus tard, les deux auteurs se sont attachés à décrire les débuts de la guerre, période souvent éludée dans les films ou livres sur ce thème. La Résistance n'existe pas encore, le mot n'est même pas encore sur les lèvres, il n'y a aucun réseau nulle part. Et pourtant, les français commencent à résister aux "Boches". En travaillant lentement, en faisant des "gaffes", en faisant comme si les allemands n'étaient pas là, en protégeant une petite fille au lieu de l'emmener voir les soldats, à qui, selon la propagande, on doit faire confiance. 

Les enfants font de la résistance !

Les enfants de la Résistance - extrait


Comme eux, il y a eu des Résistants dans ma famille, peut être pas officiellement dans le réseau, mais je ne suis pas peu fière de mon arrière-grand-père qui a caché des petits juifs dans sa ferme pour leur faire passer la frontière, ou des filles qui, passant à vélo les postes frontières pour faire les courses ou aller à l'école, cachaient dans leurs sous-vêtements des lettres que les allemands ne devaient pas voir. Chez moi, on n'en parle que très peu, parce que ceux qui étaient adultes à l'époque sont morts, et que ceux qui étaient enfants ne veulent pas trop en parler parce que ça "remue la merde" du passé (mamie, un jour je te tirerais les vers du nez et tu pourras cracher sur les boches autant que tu veux ^^). Souvenirs douloureux, quand tu nous tiens. Du coup ce genre d'ouvrages est plus que nécessaire à mon avis. Surtout quand c'est aussi passionnant !
Vraiment, cette BD est utile. On nous raconte le quotidien d'un petit village. On voit des enfants confrontés pour la première fois aux horreurs de la guerre, que ce soit par ce qu'ils voient ou ce qu'on leur raconte. On voit les français qui ne comprennent plus leur si admirable Maréchal et le désavoue (ou au contraire, l'admirent encore plus pour certains), et qui sont choqués, même, par son geste (la poignée de mains avec Hitler, qui clos ce premier tome). On aperçoit le rationnement et l'oppression des allemands qui se montrent tout autant gentils que monstrueux. On voit la propagande à travers les yeux d'un enfant qui se met à avoir peur qu'on lui prenne son amie. On voit les prémices de la Résistance, avec l'allusion des "apparitions" de De Gaulle à la radio depuis l'Angleterre. On voit aussi ce que certaines actions de résistance peuvent avoir comme conséquences. et par l'astucieuse introduction d'une adorable petite fille déracinée, on nous montre la réalité des jeunesses Hitlériennes, les arrestations et exécutions de ceux qui sont ouvertement contre le Reich (et puis, un personnage qui parle allemand, c'est quand même pratique pour expliquer aux deux autres ce qu'ils ne comprennent pas) ... 

Les enfants font de la résistance !

Les enfants de la Résistance - extrait


Bref, on nous montre la guerre, mais pas comme on a l'habitude de la voir : à travers les yeux d'un enfants, et cela rend l'histoire encore plus appréciable. Cela la rend encore plus poignante et criarde de vérité. Et comment ne peut-on pas s'identifier à un de ces enfants ? 

Les enfants font de la résistance !

un petit côté Harry, Ron et Hermione, non ? ^^


Pour conclure, je me contenterais de conseiller à tous les parents un peu soucieux du "devoir de mémoire" de se procurer cette BD et de la faire lire à leurs enfants. De les inciter à en parler avec leurs grand-parents ou arrières-grands-parents, pour partager ces histoires qui ne devraient jamais se perdre, même si elles sont dures. Surtout si elles le sont. Je ne peux que conseiller aussi aux écoles de s'en servir, car qui mieux que des enfants pour expliquer la guerre aux enfants ?
Bref, je pense que nous devons remercier Dugomier et Ers pour cette bonne idée, et les féliciter pour le succès que connaît déjà Les enfants de la Résistance. Vivement les prochains tomes !
Pour suivre les aventures de François, Eusèbe et Lisa : 
Les enfants de la Résistanceédition Le Lombard10,6€ISBN : 9782803635580
Bonne lecture !

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