À chaque trimestre, semble-t-il que la carrière d'une personnalité télévisuelle du Québec sera réduite à néant.
Premier trimestre: Joël Legendre (parce que branlant dans un parc à branleurs)
second trimestre: François Bugingo (parce que fabulateur)
Mon tout premier contact avec François Bugingo était déjà faussé.
C'était à la radio. J'ai un ami qui y bosse sur les ondes de Radio-Canada et un été, Bugingo y a travaillé comme animateur, pilotant seul, une émission à heure de grande écoute. À une heure où j'étais toujours dans ma voiture en tout cas. Et où je ne perdais pas de temps pour enfiler un cd de mon choix.
Je l'entendais et un drôle de phénomène s'activait en moi.
Je devenais gaga.
Simplement à l'écouter parler, sa voix m'agaçait profondément et avec humour je me mettais à hurler des choses comme " OULÀ ALLEZ LES BLEUS! ALLEZ LES BLEUS! SORS LES SAUCISSES MAURICE! JE VEUX DU BLANC! ON SE TIREBOUCHONNE À LA BRIGADE DES STUP.! À FOND LA CAISSE ROGER!" et autres idioties franchouillardes avec un gros accent de France car j'étais convaincu que Bugingo était Français et blanc. De Marseille genre. Même si il n'avait pas tellement l'accent pour jouer dans du Pagnol. (peut-être est-il français je ne le sais pas)
Je l'imaginais clairement avec une grosse tête frisée et une barbe toute aussi généreuse. Blanc comme la cocaïne. Mon pote qui bossait sur cette même émission ne m'avait jamais dit qu'il était noir (en avait-il besoin?) et étrangement, ça ne m'était pas plus venu à l'esprit alors que maintenant, ça me semblerait évident.
Je l'imaginais donc avec la tête de cet homme en manteau brun sur la photo en haut de chronique. En train de prendre du beaujolais en se prenant pour Le Bigot.
Quel stupeur quand je l'ai vu la première fois à la télé !
Je faisais preuve de racisme à l'égard du Français blanc que j'imaginais, mais par la suite je l'avais plutôt accepté en noir qu'il était dans le paysage télévisuel du Québec. Voilà un regard neuf sur les différentes scènes internationales et bien souvent sur une station (TVA) qui souffre beaucoup de manque de talent dans ses observations internationales.
KABOOM!
Cette semaine est tombée la pire nouvelle possible sur un reporter que l'on puisse appréhender.
Le fait d'avoir présumément inventé des reportages de toute pièces à maintes reprises et sur plusieurs années est grave. On parle d'un journaliste qui amène sa crédibilité sur la scène publique. Crédibilité annihilée en quelques vérifications.
Qu'est ce qui fait que Brian Williams, Janet Cooke, Patrick Poivre D'Arvor, Jayson Blair ou Stephen Glass aient triché ainsi?
Un complexe d'infériorité jugé insurmontable par leur tête?
La simple paresse?
Une extrême mauvais gestion du stress?
Une envie secrète et inconscient de sabotage?
Un rush d'adrénaline de s'en tirer?
Tout ça?
Une chose me semble certaine dans tous ces cas de duperies. Ces gens ne peuvent qu'être extrêmement seuls. Comment être en mesure de tenir crédible une série de mensonges sans se compromettre de temps à autres? Comment cohabiter avec autant de mensonges en soi?
Si seuls et isolés qu'il se sentent à la fois obligés de crier dans le ravin afin de se faire entendre, même si il faut faire usage d'un porte-voix illégal, et contraints de rester loin cachés au plus profond de ce même ravin, afin d'être certain de ne jamais se faire coincer dans leurs manipulations.
Ravin qui accueillera aussi leur cadavre, une fois découvert et mis à nu.
Les vautours se servent dans le corps de Bugingo qui assure une défense faible face aux accusations.
Défendre l'indéfendable n'est jamais facile.
Bugingo est un peu dans la situation où le mari est surpris par sa femme en train de pénétrer sa maîtresse et il lui dit aussitôt entre deux jouissements "ce n'est pas ce que tu penses!"
J'espère qu'il y a un peu de jazz dans ton ravin, François.
Il se fera oublier puisqu'un peu tout le monde l'a depuis laissé tomber.