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Liturgy + Circuit des Yeux @ Ancienne Belgique ( Club) - Bruxelles, le 8 juin 2015

Publié le 08 juin 2015 par Concerts-Review

Liturgy + Circuit des Yeux @ Ancienne Belgique ( Club) - Bruxelles, le 8 juin 2015

Liturgy + Circuit des Yeux @ Ancienne Belgique ( Club) - Bruxelles, le 8 juin 2015!

Et, ce soir?

Rendons grâce à Dieu...

Tu vas à la messe?

Oui, à l'AB pour 'Liturgy' !

Tu sais ce que dit Artaud: "les prêtres fuient dans la liturgie de la messe les spasmes du Crucifié".

Florence Arthaud?

Fais pas le malin!

Partout tu lis que Hunter Hunt-Hendrix ( le leader de Liturgy) est l'ultime théologien du Black Metal, ce fout-la-merde ( selon un certain Clément Mathon, rien à voir avec Lantin) a pondu un manifeste intitulé 'Transcendental Black Metal'. Une littérature qui ne plaît pas à tout le monde, les termes arrogance, lack of modesty, condescendance, étant les plus gentils qu'on puisse lire chez un pas content qui ajoute élégamment: your manifesto comes off as little more than masturbation...

Avec JP, nous sommes curieux de nature on est parti assister au show de Liturgy à Bruxelles.

Support - Circuit des Yeux!

Oui, doc, le nerf optique?

Non, mademoiselle Haley Fohr de Chicago qui a déjà quelques albums à son actif, le dernier 'In Plain Speech' est sorti chez Thrill Jockey il y a peu.

Une timide jeune fille rapplique, armée d'une douze cordes, elle prend place sur un siège, se présente... Hello I'm Circuit des Yeux from Chicago, my luggage, tu lis quasi tout son matos, est resté coincé en Islande, I'll play an acoustic set tonight.

Quelques accords discrets, puis une voix grave, dramatique, résonante, que ton esprit refuse d'associer à celle jolie jeune personne.

Ce baryton fluide, étonnant, qui te cloue au sol, se greffe sur un jeu de guitare aux consonances psychédéliques rappelant les Byrds des sixties.

La première plage de plus de huit minutes te refile des frissons à l'instar du travail d'une Jarboe ou d'un Michael Gira, voire de Chelsea Wolfe.

D'autres avancent un croisement entre Antony Hegarty et Poly Jean, on peut les comprendre.

Un second lament ( 'Lithonia'), tout aussi désopilant, suit la sombre entrée en matière.

Hormis quelques invétérés et bavards boit -sans-soif, accoudés au comptoir, le public se laisse envelopper par l'univers méditatif de Miss Fohr qui nous narre une nouvelle complainte de son timbre incantatoire.

Si JP délaisse ses objectifs pour applaudir, c'est que l'article est de qualité.

Elle amorce le blues psychédélique habité ' A story of this world' .

David Eugene Edwards te vient à l'esprit tandis que son chant viscéral vient agresser tes neurones.

Scandant, bégayant et tremblant comme un roseau secoué par une bise glacée, ...horse shoe ...it was a horseshoe ... tu te dis que Patti Smith a une digne héritière en la personne de Circuit des Yeux.

Un mot sur son jeu de guitare en picking, qui sans atteindre les sommets d'un Richard Thompson est plus qu'acceptable.

Une dernière composition issue de ' In Plain Speech', 'In the late afternoon' termine ce set intense et peu banal.

alias, Hunter Hunt-Hendrix - vocals, guitar / Bernard Gann - guitar/ Greg Fox - drums et Tyler Dusenbury - bass guitar.

Pas un mot, Hunter Hunt-Hendrix émet un murmure bourdonnant puis le met en boucles, Tyler s'étire en pensant aux leçons de stretching de Jane Fonda, ce bruit de fond persiste pendant 120 secondes, lorsque le renard derrière les caisses fait mine de frapper celles-ci, pan, une déflagration ahurissante, assourdissante nous surprend, un mur sonore monstrueux nous ébranle et nous laisse pantois comme dans un état second.

C'était quoi?

Un tremblement de terre, un V2, un mammouth déambulant sur le boulevard, une armée de djihadistes... non Liturgy qui entame son set.

Comme les gars s'ébattaient sans setlist et que les vocaux du leader étaient du genre incompréhensible, on s'avance sur terrain miné en t'annonçant que la gentille ritournelle pouvait répondre au titre de ' High Gold', ouvrant l'album 'Aesthethica' de 2011.

Quelques effets de clochettes, tous les samples émanent du pédalier du chasseur, amorcent 'Follow' une première pièce issue de 'The Ark Work', un chant incantatoire fascinant couvert par un bruit répétitif, martelé en mesure.

Franchement, il n'y a pas mieux comme lavage de cerveau, les autorités tchèques auraient pu utiliser la méthode en 1952, Artur London aurait avoué après deux heures de ce traitement, mais non, il a fallu l'empêcher de dormir pendant des semaines pour arriver à un résultat probant.

Pas de répit, une troisième grenade est dégoupillée, 'Kel Valhaal' , non Moussa c'est pas halal mais ça fait mal.

Les soldats de l'apocalypse se dirigent en rangs serrés vers les les lignes ennemies, ça craint, t'as jamais été fort au Stratego!

Le son est métallique, grinçant, massif, oppressant, sans failles, il n'y a aucune issue, tu marches avec eux ou ils te réduisent en bouillie. Même lorsqu'ils font mine de s'arrêter de jouer, la machine infernale continue à tourner pour te rendre fou.

T'es encerclé, l'étau se resserre, t'étouffes, merde, pas de lucarne à l'AB, de l'air svp, t'angoisses, si tu t'en sors vivant tu promets d'être affectueux avec ta femme, tu ne boiras, ni ne blasphémeras plus, t'allumeras des cierges et tu t'achèteras un missel, t'avais échangé le tien contre une Maes, et, oui, tu paieras des chopes à RickyBilly ( Follow II - Quetzalcoatl ).

Virage doom, 'Veins of God', une frappe lourde, une basse d'outre-tombe tandis que les guitaristes attendent leur heure, le morceau Black Sabbath de la soirée.

Une chose te chatouille les côtes.

Esmeralda, une allumée, beurrée comme un Polonais ayant touché son salaire, elle pousse un vagissement pas humain tout en arrosant ses escarpins de fade bière.

Greg: je m'éponge et on retourne au front, c'est reparti pour le démoniaque 'Reign Array'.

Merde, Esmeralda, t'es qu'une pouffe, que tu rinces tes grolles à la Maes on s'en branle, mais mes pompes, elles ont été cirées il y a deux mois et puis mets un terme à tes mouvements désordonnés, tes coups de coude répétés m'indisposent, t'aurais été giflée si tes trois copains n'avaient pas eu cette tronche patibulaire.

Un timide thank you sort des lèvres de Hunter Hunt-Hendrix, a last song il dit, 'Generation'.

Nouveau beuglement de la dingue, mais godv. elle parle, et c'est pas Esmeralda, elle a l'accent de Napoli, Donatella, t'aurais mieux fait d'aller au concert d'Eros Ramazotti, bella.

Liturgy quitte l'édifice.

Un double bis dont peut-être 'Pagan Dawn' nous permet de nous extasier devant le jeu athlétique du batteur tandis que ses copains imposent une dernière fois le silence en balançant ce Transcendental Black Metal d'une efficacité phénoménale.

Tu ressors à moitié K O de l'AB pour aller t'en jeter une chez les civilisés.

photos: Jp Daniels - concert monkey circuit des yeux

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