Le concert de Blur au zénith était incontestablement le grand rendez-vous de ce début d’été. Retour sur un show mémorable qui restera sans doute l’un des meilleurs souvenirs de l’année.
Douze ans d’absence
Voilà douze ans que Blur était dans le flou. Pas officiellement séparé (quoique) le quatuor londonien laissait filer Damon Albarn vers la gloire avec Gorillaz et des concerts salués de toute part. Mais voilà, Blur est un groupe qui traverse les époques avec brio pour annoncer son retour triomphant avec un excellent album et une tournée que plus personne n’espérait. Douze ans pendant lesquels on n’a plus beaucoup vu le groupe sur scène, si ce n’est pour quelques shows grandioses en Angleterre en 2009 et 2012. Voilà donc un sacré moment que l’on n’avait plus vu Blur en France (pour ma part la dernière date de 2003 sur la tournée de Think Tank).
Bombers et arrogance
Le set démarre à 21h10 avec Go Out, single extrait de The Magic Whip. Le décor est là : les glaces en cornet qui illustrent l’album, les gongs chinois, c’est parfait pour l’ambiance qui s’annonce ultra chaude dans ce zénith plein à craquer. Si ce titre récolte correctement les faveurs du public notamment sur les parties de guitare noisy, je le trouve personnellement un peu mou pour une entame malgré le gros son déployé par le quatuor. Lonesome Street me semblait plus adapté. Cette entrée en matière est justement incomparable avec l’historique There’s No Other Way lancé juste derrière (morceau extrait de Leisure, le premier album sorti en 1991). La version est légèrement plus rapide que la version studio, comme pas mal d’anciens titres d’ailleurs. Damon n’est pas encore déchaîné, il est plutôt arrogant avec son bombers et son jean skinny, arrosant la foule avec les bouteilles d’eau. On le sent toutefois heureux de tout donner sur scène, pas comme Alex James à la basse, qui tire à peu près la même tronche depuis 20 ans mais qui sourira plus tard.
Impeccable discographie
Le reste du concert sera un parfait mélange de l’impeccable discographie du groupe. Mettant allègrement The Magic Whip à l’honneur, le quatuor va toutefois puiser dans tous ses albums. Lonesome Street rend très bien en live, Liam Gallagher pourra confirmer qu’il s’agit de la meilleure chanson de l’année. Il faudra cependant attendre le rappel pour écouter un For Tomorrow un poil mou, le seul représentant de Modern Life Is Rubbish. Sans surprise, l’album culte Parklife est largement représenté : on attendra le rappel pour l’incontournable Girls & Boys qui transforma le zénith en discothèque géante. Parklife est un pur moment de jouissance. Damon l’annonce au micro, tente une phrase en français, repris par Alex à la basse avec son accent tout mignon : « non, ce n’est pas Parklife maintenant, c’est Ong Ong« . Mais c’est bien le tube de l’album du même nom qui est lancé. Son énorme, public en transe, Damon déchaîné, Alex tout souriant, batterie impeccable. Ce fut un grand moment. De ce mémorable album, on assistera à Badhead pendant lequel Damon se fait prêter des lunettes de soleil, un joli To The End sur fond de lumières étincelantes et le fédérateur This Is A Low pour conclure le set, avant le rappel. De The Great Escape, on gouttera aux plaisirs de Stereotypes en ouverture de rappel, titre qui ne figurait plus dans la setlist du groupe depuis des années. The Universal remplit son rôle à merveille, on sent que la salle entière pourrait se mettre à pleurer ! Mais cette fois, Damon n’a pas craqué comme à Hyde Park où il avait finit en larmes sur ce titre. Ames sensibles, s’abstenir !
He Thought of Cars est magistralement soutenu par une section de cuivres et de choeurs. Pas de Country House ni Charmless Man, ce qui me convient tout à fait. Le groupe a troqué ces chansons pop contre Ong Ong que je trouve aussi niais et facile sur disque que sur scène. Malgré le gros son déployé, on sent que le groupe assume le côté simplet, se mettant en scène en vidéo de fond en costumes de Teletubies. Bref, un She’s So High aurait mieux fait le job. Question de point de vue.
Tubes imparables et morceaux plus complexes
Peu importe. Quasiment tous les titres sont des tubes imparables. Que dire de la puissance de l’ultra rock Song 2 qui ravira les souvenirs des nombreux fans en mal de pogo ! Graham fait cracher sa guitare à la perfection. Beetlebum termine aussi sur un final noisy que l’on n’attendait pas. Trouble in A Message Center s’affiche aussi en titre aux guitares rugueuses, un poil brouillon sur la fin. Mais son côté punk que n’aurait pas renié Graham sur un album solo fonctionne royalement. Le récent I Broadcast suit cette tendance, s’affichant sans mal comme un cousin de la face B Popscene.Pour autant Blur montre que la qualité de son répertoire va bien plus loin avec des morceaux plus complexes comme le très beau Out Of Time qui met bien en valeur la voix de Damon qui n’a pas changé depuis 25 ans ! Le récent Though I Was A Spaceman embarque également le zénith dans une dimension légèrement électro-psyché. Un excellent moment. Trimm Trabb est en quelques sortes un pont entre ces deux époques : le son des guitares est très noisy, et l’alchimie des synthés couplés à une montée en puissance quasi insoutenable de suspense fonctionne à merveille, avant que la guitare de Graham et la batterie de Dave ne fusionnent en un maelström sonore d’anthologie rendant le titre très noir.
On reprend nos esprits plusieurs fois au cours du concert, sur la balade My Terracotta Heart ou sur le religieux Tender accompagné des choristes, qui finit en acoustique avec le zénith entier qui chante, transformant l’enceinte en une sorte d’énorme chapelle gospel. L’atmosphère du zénith est justement quasi religieuse. On sent une bonne humeur générale. Le titre a super bien mûri au fil du temps, un peu comme un bon vin. A l’image de Blur en général d’ailleurs. Coffee & TV profitera du même traitement avec une fin acoustique reprise en choeur par la salle entière. Joli moment où Damon a tombé le bombers au profit du polo Fred Perry et où les glaces en cornet ont remplacé la mythique bouteille de lait.
Blur assure ainsi son grand retour avec un show parfaitement équilibré de deux heures passées à la vitesse de l’éclair, sans temps mort. Le quatuor, dont le line-up n’a pas bougé en 25 ans, démontre à quel point son set est fluide, où tout s’enchaîne avec une facilité déconcertante. Graham fascine par sa maîtrise des guitares et Damon Albarn, quant à lui, est indéniablement un grand showman qui donne une saveur éclatante à des compositions cultes de toute une génération. Le coup de fouet qu’il nous faut à tous de temps en temps. Ça doit être ça, le Magic Whip.
Le concert de Blur au zénith était incontestablement le grand rendez-vous de ce début d’été. Retour sur un show mémorable qui restera sans doute l’un des meilleurs souvenirs de l’année.
Douze ans d’absence
Voilà douze ans que Blur était dans le flou. Pas officiellement séparé (quoique) le quatuor londonien laissait filer Damon Albarn vers la gloire avec Gorillaz et des concerts salués de toute part. Mais voilà, Blur est un groupe qui traverse les époques avec brio pour annoncer son retour triomphant avec un excellent album et une tournée que plus personne n’espérait. Douze ans pendant lesquels on n’a plus beaucoup vu le groupe sur scène, si ce n’est pour quelques shows grandioses en Angleterre en 2009 et 2012. Voilà donc un sacré moment que l’on n’avait plus vu Blur en France (pour ma part la dernière date de 2003 sur la tournée de Think Tank).
Bombers et arrogance
Le set démarre à 21h10 avec Go Out, single extrait de The Magic Whip. Le décor est là : les glaces en cornet qui illustrent l’album, les gongs chinois, c’est parfait pour l’ambiance qui s’annonce ultra chaude dans ce zénith plein à craquer. Si ce titre récolte correctement les faveurs du public notamment sur les parties de guitare noisy, je le trouve personnellement un peu mou pour une entame malgré le gros son déployé par le quatuor. Lonesome Street me semblait plus adapté. Cette entrée en matière est justement incomparable avec l’historique There’s No Other Way lancé juste derrière (morceau extrait de Leisure, le premier album sorti en 1991). La version est légèrement plus rapide que la version studio, comme pas mal d’anciens titres d’ailleurs. Damon n’est pas encore déchaîné, il est plutôt arrogant avec son bombers et son jean skinny, arrosant la foule avec les bouteilles d’eau. On le sent toutefois heureux de tout donner sur scène, pas comme Alex James à la basse, qui tire à peu près la même tronche depuis 20 ans mais qui sourira plus tard.
Impeccable discographie
Le reste du concert sera un parfait mélange de l’impeccable discographie du groupe. Mettant allègrement The Magic Whip à l’honneur, le quatuor va toutefois puiser dans tous ses albums. Lonesome Street rend très bien en live, Liam Gallagher pourra confirmer qu’il s’agit de la meilleure chanson de l’année. Il faudra cependant attendre le rappel pour écouter un For Tomorrow un poil mou, le seul représentant de Modern Life Is Rubbish. Sans surprise, l’album culte Parklife est largement représenté : on attendra le rappel pour l’incontournable Girls & Boys qui transforma le zénith en discothèque géante. Parklife est un pur moment de jouissance. Damon l’annonce au micro, tente une phrase en français, repris par Alex à la basse avec son accent tout mignon : « non, ce n’est pas Parklife maintenant, c’est Ong Ong« . Mais c’est bien le tube de l’album du même nom qui est lancé. Son énorme, public en transe, Damon déchaîné, Alex tout souriant, batterie impeccable. Ce fut un grand moment. De ce mémorable album, on assistera à Badhead pendant lequel Damon se fait prêter des lunettes de soleil, un joli To The End sur fond de lumières étincelantes et le fédérateur This Is A Low pour conclure le set, avant le rappel. De The Great Escape, on gouttera aux plaisirs de Stereotypes en ouverture de rappel, titre qui ne figurait plus dans la setlist du groupe depuis des années. The Universal remplit son rôle à merveille, on sent que la salle entière pourrait se mettre à pleurer ! Mais cette fois, Damon n’a pas craqué comme à Hyde Park où il avait finit en larmes sur ce titre. Ames sensibles, s’abstenir !
He Thought of Cars est magistralement soutenu par une section de cuivres et de choeurs. Pas de Country House ni Charmless Man, ce qui me convient tout à fait. Le groupe a troqué ces chansons pop contre Ong Ong que je trouve aussi niais et facile sur disque que sur scène. Malgré le gros son déployé, on sent que le groupe assume le côté simplet, se mettant en scène en vidéo de fond en costumes de Teletubies. Bref, un She’s So High aurait mieux fait le job. Question de point de vue.
Tubes imparables et morceaux plus complexes
Peu importe. Quasiment tous les titres sont des tubes imparables. Que dire de la puissance de l’ultra rock Song 2 qui ravira les souvenirs des nombreux fans en mal de pogo ! Graham fait cracher sa guitare à la perfection. Beetlebum termine aussi sur un final noisy que l’on n’attendait pas. Trouble in A Message Center s’affiche aussi en titre aux guitares rugueuses, un poil brouillon sur la fin. Mais son côté punk que n’aurait pas renié Graham sur un album solo fonctionne royalement. Le récent I Broadcast suit cette tendance, s’affichant sans mal comme un cousin de la face B Popscene.Pour autant Blur montre que la qualité de son répertoire va bien plus loin avec des morceaux plus complexes comme le très beau Out Of Time qui met bien en valeur la voix de Damon qui n’a pas changé depuis 25 ans ! Le récent Though I Was A Spaceman embarque également le zénith dans une dimension légèrement électro-psyché. Un excellent moment. Trimm Trabb est en quelques sortes un pont entre ces deux époques : le son des guitares est très noisy, et l’alchimie des synthés couplés à une montée en puissance quasi insoutenable de suspense fonctionne à merveille, avant que la guitare de Graham et la batterie de Dave ne fusionnent en un maelström sonore d’anthologie rendant le titre très noir.
On reprend nos esprits plusieurs fois au cours du concert, sur la balade My Terracotta Heart ou sur le religieux Tender accompagné des choristes, qui finit en acoustique avec le zénith entier qui chante, transformant l’enceinte en une sorte d’énorme chapelle gospel. L’atmosphère du zénith est justement quasi religieuse. On sent une bonne humeur générale. Le titre a super bien mûri au fil du temps, un peu comme un bon vin. A l’image de Blur en général d’ailleurs. Coffee & TV profitera du même traitement avec une fin acoustique reprise en choeur par la salle entière. Joli moment où Damon a tombé le bombers au profit du polo Fred Perry et où les glaces en cornet ont remplacé la mythique bouteille de lait.
Blur assure ainsi son grand retour avec un show parfaitement équilibré de deux heures passées à la vitesse de l’éclair, sans temps mort. Le quatuor, dont le line-up n’a pas bougé en 25 ans, démontre à quel point son set est fluide, où tout s’enchaîne avec une facilité déconcertante. Graham fascine par sa maîtrise des guitares et Damon Albarn, quant à lui, est indéniablement un grand showman qui donne une saveur éclatante à des compositions cultes de toute une génération. Le coup de fouet qu’il nous faut à tous de temps en temps. Ça doit être ça, le Magic Whip.
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Setlist Blur au zénith de Paris le 15 juin 2015
Go Out
There’s No Other Way
Lonesome Street
Badhead
Coffee & TV
Out of Time
Thought I Was a Spaceman
Trimm Trabb
He Thought of Cars
My Terracotta Heart
I Broadcast
Trouble in the Message Centre
Beetlebum
Tender
Parklife
Ong Ong
Song 2
To the End
This Is a Low
–
Stereotypes
Girls & Boys
For Tomorrow
The Universal