Le jour est tombé
comme un cri mûr.
Je n’aime pas les cris.
Le jour est tombé
comme un soleil mûr.
Je n’aime pas la nuit.
Ce jour qui brûle
dans ma douleur.
Le jour est tombé
comme un vieil oiseau.
Je n’aime pas la terre.
Le jour est tombé
comme un rêve ancien.
Je n’aime pas la mer.
Ce jour qui meurt
dans les regards.
Le jour est tombé
au milieu de la route.
Nul ne l’a ramassé.
***
Edmond Jabès (1912-1991) – Chansons pour le repas de l’ogre (1943-1945)